"Mais ce parti pris de virilité ne l’empêchait pas d’avoir des qualités de sensibilité des plus fines."
Marcel
Proust, à la recherche du temps perdu, à l’ombre des jeunes filles en fleurs,
1919.
Aramis,
rejeton du Groupe Lauder, m’évoque deux images différentes: d’une part Don
Draper dans Mad Men présentant le cowboy Marlboro, impeccable dans sa chemise blanche qu'on a envie de lui arracher, d’autre part, Marilyn dans la scène finale de Bus
Stop, s’enveloppant dans la veste de cuir de son cowboy, elle ferme les yeux,
sourit, semble enfin apaisée…
Très
américain tout ça. D’autant que je parle à chaque fois de cowboys. Un cliché,
une image de la virilité qui colle bien à ce parfum qui flirt avec l’odeur du
macho. Très signé Lauder, une base chypre cuir forte, identique à celle d’Azurée,
assaisonnée d’épices et de bois. Aramis sent la sueur et le cuir, arrangés avec
un minimum d’élégance. Un minimum, parce que l’aspect, non pas séducteur, mais
sauvagement sexy, prend facilement le dessus. Un parfum pour lequel je ne me
sentirais pas forcément taillé. Pourtant, loin du cliché de la virilité brute de
décoffrage que propageront des parfums comme Azzaro, Il y a aussi cette
sensation de confort qu’évoque le cliché Marilyn. Une volupté qui n’est pas que
sexuelle, un sentiment d’être enveloppé, protégé. On peut se lover dans ce cuir-là, ce n’est pas uniquement celui du ceinturon qu’on détache pour passer aux choses sérieuses.
Aramis
devient subitement très confortable et facile, en dépit de sa façon d’aller
droit au but, de sa façon très Lauder d’être décidé, sans l’ombre d’une
hésitation. Il est couillu, mais ce n’est pas une mauvaise chose, ça le
rapproche un peu de la niche contemporaine qui aime tant à traiter des notes
reconnaissables et n’hésite pas à jouer les variations. Mariez-le à la cougar
Azurée et vous avez un duo gagnant qui pourrait sortir maintenant dans une
maison pointue, alors qu’il s’agit de lancements mainstream des années ’60.
Dans le fond, Aramis est toujours aussi moderne qu’à sa sortie.
Aramis, Bernard Chant pour Aramis, 1965.
Le pouvoir des bloggueurs à faire tellement évoquer de choses sur un parfum qu'ils parviennent à le faire acquérir. Ta description est parfaitement ressentie maintenant que je l'ai sur le poignet, je me dis que c'est chouette de te lire...
RépondreSupprimerMerci, je ne voudrais pas pousser à l'achat mais quitte à acheter, j'aime autant essayer de faire découvrir de jolies choses un peu oubliée plutôt que des truc publicitairement poussés et artificiellement surfaits. ;)
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