ravissant

“Il y avait toujours près de son fauteuil une immense coupe de cristal remplie entièrement de violettes de Parme…”

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.
La violette a toujours été parmi mes fleurs préférées. Elle ne fut pas toujours à la mode. Très en vogue au XIXème siècle, elle est LA senteur recommandée aux dame par la baronne Staffe dans son ouvrage consacré aux usages du monde, elle a connu ensuite des phases de déclin, trop discrète, symbolisant la modestie, effacée et un peu vieillotte, avant de redevenir l’une des vedettes de la parfumerie au début du XXIème siècle. Pensez au succès d’Insolence de Guerlain, par exemple. 

Son traitement est souvent peu naturel : le parfum se prêtant à deux variations majeures : le bonbon sucré, un peu acide, girly, et le poudré rétro, cosmétique, évocateur de poudres et de rouges à lèvres. Ces variations ne sont pas celles que je préfère pour moi et je privilégie les violettes printanières et vertes, les feuilles de violette. Classique éternel, le 1000 de Patou qui les dissimule un peu, dans son grand luxe qui joue sur la sobriété, la retenue et le bon goût, un peu à l’inverse de l’indécent Joy.

La bougie Violette de Diptyque joue également sur cette note verte, naturaliste ; elle ne fait pas rentrer dans la maison le bouquet de violette, cette présence féminine, mais le sous-bois et la nature. Rien n’est plus délicieux en ce moment que de la sentir se répandre dans l’appartement. Elle se fait suave, enveloppante, mais tout en gardant cette nuance verte de la feuille qui se joint à la fleur. Si le décor est XIXème siècle, romantique, c’est celui du jardin d’hiver, de la serre, pour un retour à la nature tel qu’on le lit dans un roman. La violette, simple et lumineuse, semble faite pour accompagner la lecture de La Mare au Diable de Georges Sand.


Ravissant est un mot un peu dépassé, un peu démodé, que nous n’employons plus guère, c’est celui qui me semble pourtant convenir pour décrire le charme infini, et un peu hors du temps, de cette bougie. S’échapper de notre époque est parfois si doux…

Violette, bougie Diptyque.

Commentaires

  1. A la violette, ma douce, ma tendre, ma mal aimée violette. Je ne suis pas très parfums fleuris à part une deux exceptions près, mais j'ai toujours eu un très gros faible pour la violette, depuis qu'une amie m'a entraînée en 1992 à la boutique du Palais royal pour s'acheter un flacon de Bois de violette de Lutens. Son mari lui chippait son parfum et j'avoue que sur lui, c'était carrément magique. Je sais que le parfum ne fait pas que des adeptes, mais une autre violette dont je suis accro c'est celle de Dans tes bras, justement parce que je lui trouve un côté beaucoup moins suave, rétro, beaucoup plus verte, mélangée à des odeurs d'humus et de sous-bois...

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    1. Pour moi aussi la violette est une fleur "à part" sans que j'en sache la raison. D'ailleurs, longtemps, ce fut, avec la lavande, la seule fleur que pouvaient porter les hommes. La tradition la place donc bien à part... Il faut dire qu'elle se prête à tant de variation qu'elle peut en devenir presque méconnaissable lorsqu'on fait le grand écart. Peut-être est-ce là le secret: il y aurait une violette pour chacun?

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