mauve

"Mais comment des gens qui contemplent ces horribles créatures sous leur chapeaux couverts d’une volière ou d’un potager, pourraient-ils même sentir ce qu’il y avait de charmant à voir Madame Swann coiffée d’une simple capote mauve que dépassait une seule fleur d’iris toute droite."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.

Une évocation de piment au cœur d’une violette qui se fait iris, des bois, quelques touches de vert et  une ambiance mauve. La caresse des voiles, des mousselines, plutôt que le poids des velours et des moires. Cette nuance de mauve poudré me surprend agréablement, moi qui vois souvent les iris blancs, gris ou bleutés. Paprika Brasil est un parfum qui me rend sentimental mais sans mièvrerie. J’adore sa façon de rester sur son quant-à-soi, de ne pas se livrer comme une gourgandine au premier venu. Réservé, un peu austère, il fait partie de ces parfums qu’on oublie, qu’on croit absents, et qui reviennent se faire sentir alors qu’on n’y pensait plus. Il a cette grâce de n’en pas faire trop. Jamais.

Tout cela est très Hermès, luxueux, rassurant et élégant, le genre de luxe dans lequel on peut se vautrer sans vulgarité, sans déchéance, le contre-pied de la mode et d'une certaine idée de la modernité. Un luxe en toute discrétion, un luxe d'initiés, peut-être celui d'Odette: "un luxe secret, c'est-à-dire bien près d'être désintéressé." (à l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.) 

Paprika Brasil, Jean-Claude Ellena pour Hermès, collection hermessence, 2006