"dans un cadre ancien le fantôme d’une dame d’autrefois aux cheveux poudrés mêlés de fleurs bleues et tenant à la main un bouquet d’œillets."
Marcel
Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1921.
Parfois la
surprise nait au hasard, on voit un flacon sur un coin d’étagère, on se dit « Pourquoi
pas ? Il me semble en avoir entendu parler… » et on tombe amoureux. C’est
ce qui m’est arrivé avec Dianthus. J’étais parfaitement heureux dans mes désirs
d’œillets, en faisant pousser sur mon balcon et allant pour le parfum de mon
vintage de Bellodgia, Caron, à celui de l’Air du Temps de Nina Ricci, n’espérant
pas grand-chose des nouveautés, les sentant à l’occasion et étant
invariablement déçu, l’œillet n’étant pas de l’œillet.
Dianthus
est un bouquet lancé par un peu d’agrumes : des œillets soutenus par
quelques roses discrètes et un peu d’épices pour accompagner plus que pour
relever. Le parfum semble littéralement hors d’âge, échappé des temps plus
anciens, jouant sur les aspects crémeux, poudrés et cosmétiques des fleurs. Il joue la carte du charme rétro et, avec
moi, l’astuce fonctionne évidement, cette combinaison d’hier et d’aujourd’hui,
c’est quasiment tout ce que j’aime.
La trame, l'histoire, est connue; Dianthus n'innove pas, il suit une route ancienne, que je croyais désaffectée, continue une tradition et la maintient. Dans le paysage actuel, il es assez unique. Peut-être une question de mode? Mais heureusement qu'il reste des maisons comme Etro pour faire ainsi, travailler en artisan plutôt qu'en "créateur."
Ce n’est pas
un de ces parfums qui vous saute à la figure, une armure ou une panoplie à la mode. Pas un parfum réconfortant non plus. Juste une élégance qu'on se fait à soi-même. Pas sexy pour un sou, il est terriblement bien élevé et charmeur, se
faisant remarquer par son élégance discrète : un bouquet au revers d’un
tailleur bien coupé plutôt qu’une rivière de diamant dans un décolleté plongeant. Je l'aime.*
Dianthus,
Etro, 2006.
Je l'aime au point que depuis que je l'ai trouvé, j'ai cessé de rechercher des vintages de Bellodgia sur ebay. Oui, oui, c'est à ce point-là.
Mais c'est qu'on devient moderne ;). J'irai découvrir cet œillet que je n'ai jamais pris le temps de sentir. Moi, je me suis arrêté au Bellodgia et à l'Air du temps, vintages bien sûr et à l’œillet sauvage de l'Artisan....Euh, vintage aussi en fait. Le Côté de Guermantes reste pour moi associé à Après l'Ondée en extrait, très œillet au demeurant.
RépondreSupprimerYohan
Moderne, je peux le faire. Enfin, pas trop quand même...
SupprimerL'Oeillet Sauvage, je le trouvais trop nature, à l'époque et le jour ou je l'ai vraiment aimé, il avait disparu. Je m'en veux toujours. Merci à tous de ne pas retourner le couteau dans la plaie!