« Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre ! »
Marcel
Proust, la recherche du temps perdu, un amour de Swann, 1913.
En parfum,
c’est assez facile de trouver son genre, s’y tenir, un peu moins. Je pourrais
très bien m’en tenir aux « grands floraux abstraits aldéhydés » en
ajoutant un peu d’eaux chyprées pour l’été, mais je ne le fais pas. Pourtant, c’est
toujours à ça que je reviens le plus… Vous, c’est peut-être pareil, vous avez
trouvé votre style mais vous vous égarez parfois ?
En vrai, je
trouve qu’avoir un genre, c’est bien, comme avoir un "parfum unique", ce fantasme de signature qui fait qu’on vous identifie à l’odeur. Mais c’est
assez ennuyeux d’être toujours fidèle à la même partition, au même rôle. C’est bien plus amusant de temps en temps de
pouvoir se glisser dans un autre costume, de jouer, vraiment jouer, c’est en
partie ça qui explique mon amour pour les tubéreuses que je porte trois jours
par an. Oui, ces divas, ondulantes et généreusement décolletées, qui claquent les portes, haussent le ton, toute cette hystérie plus ou moins latente, ce n'est pas moi du tout. Mais ça m'amuse de rentrer dans cette robe trop moulante, de porter cette zibeline hollywoodienne à manchettes en lamé or et col rebrodé de faux diamants... ça m'amuse, le temps d'un soir, le temps d'un jeu.
Fracas, Piguet, la tubéreuse par Germaine Cellier. |
Et vous? Vous jouez aussi à vous déguiser olfactivement parlant? Un peu? Beaucoup? Ou vous êtes fidèles à ce que vous êtes vraiment?
Bonjour Dominique,
RépondreSupprimerIl est bien difficile pour moi qui teste des parfums constamment pour les autres de répondre à cette question. Il a fallu que je réfléchisse : il y a les parfums verts, aromatiques, « chyprés » parfois qui me sont chers, que je porte presque tout le temps mais il y a aussi la tubéreuse surtout lors des nuits estivales ainsi que le jasmin, au bord de la mer ou en ville même. Je porte à la fois des senteurs vertes et des odeurs capiteuses, animales, fauves, mais je ne me sens pas déguisée du tout, ce sont les deux femmes que je suis.
Très cordialement,
Sara
Heureusement que nous n'avons pas une personnalité monolithique!
SupprimerDifficile de trouver une dominante pour moi... cependant j'affectionne particulièrement les chypres verts et les chypres fruités. Scherrer, Givenchy III, L'Heure Fougueuse, Mitsouko, Jubilation 25... me ravissent au quotidien. Mais comment imaginer vivre sans la langueur de fleurs blanches torrides, l'été, ou me passer d'orientaux ambrés l'hiver ?
RépondreSupprimerGéraldine (je ne peux utiliser le profil open ID)
Quel bonheur de n'avoir pas à choisir.
Quand même, si ce n'est pas un genre, je peux voir qu'aucun de ces parfums n'est "à la mode" et que cela fait une thématique intemporelle et passablement luxueuse, non? Une jolie façon d'être à part, un peu au delà de la mêlée...
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