Certaines obsessions
sont un peu ridicules pour qui ne les partage pas. Ce qu’on place dans un nom,
dans un mot, est parfois, loin de toute réalité, complètement dépourvu de
substance. Depuis que j’ai lu qu’elle avait dans sa jeunesse remporté un
concours de sosie de Greta Garbo, je pense souvent à la mère de Sophia Loren.
Que je n’ai jamais aperçue en photo, je pense. De la même façon, depuis que j’ai
appris que Cordon Vert de Coty est le parfum qui a inspiré l’Eau Fraîche de
Dior, elle-même prédécesseur et précurseur de l’Eau Sauvage, je faisais une
petite fixation sur le parfum de Coty, c’est une envie, une idée qui me
trottait dans la tête. Pas nécessairement LE parfum que je voulais, que j’attendais,
que j’espérais de tout mon cœur, appelais de tous mes veux, plutôt une
convoitise sourde qui traînait par là, n’attendant que la bonne occasion pour
me faire passer à l’acte.
L’occasion
s’est présentée et je ne l’ai pas laissée passer. Je suis à présent l’heureux
possesseur d’un bon quart de litre de Cordon Vert, dans une version des années ’60.
C’est une eau de cologne limpide : une ouverture de citron-citron vert, un
peu de fleur d’oranger vient la réchauffer, un soupçon de lavande, puis s’étire
un léger fond chypré... C’est classique, un peu linéaire. Mais on sent les
jolies matières et on se dit que cette création plus que centenaire, disparue,
n’a pas pris une ride. Oui, les eaux chyprées lui doivent beaucoup, certaines
sont bien plus belles, mais je songe surtout qu’en termes de mode, de style, la
fraîcheur est le meilleur investissement qui soit, la simplicité ce qui dure le
plus alors que les parfums très construits, très travaillés, se rattachent,
eux, à leur époque jusqu’à la démode, hélas. L’aspect démodé n’est pas gênant
pour moi, mais j’apprécie vraiment l’intemporalité que se dégage de ce Cordon
vert comme de l’Eau Sauvage. Le fait d’être en terrain mixte, de ne pas coller
à des stéréotypes masculins-féminins, doit jouer aussi.
Remarquez,
je dis ça un peu comme on annonce qu’on va désormais vivre dans les eaux
chyprées et les colognes sans en sortir parce que c’est là
qu’est l’avenir, mais en fait pas du tout. Entendons-nous bien ! je me
contrefiche d’être démodé et je ne pourrais tout simplement pas vivre sans mes
grand floraux aldéhydés d’un autre âge, pas sans leur élégance, si pas corsetée,
au moins solidement gainée, de respectable épouse de notaire en province !
Cordon Vert, François Coty.
Je suis étonnée, on m'a toujours dit que les parfums frais/héspéridés ne tenaient pas sur la longueur (1 an max), hors, si vous avez mis la main sur un flacon datant d'il y a plus de 50 ans, il y a donc moyen de les conserver nettement plus longtemps si l'on en prend soin? Ou alors est-ce dû à la formulation des parfums anciens?
RépondreSupprimerSigné: la novice des parfums ;)
Je pense que c'est un coup de bol: Le flacon était toujours scellé, conservé dans une cave, donc au frais... Une autre cologne du même lot est par contre inutilisable... On ne peut pas avoir de la chance à chaque fois! Les hespéridés s’abîment plus que certaines notes "lourde" mais il y a aussi un effet de compression qui joue: le parfum se fond, devient plus compact, forme un tout assez complexe au lieu de délivrer sa mélodie note par note... Mais j'aime assez cet effet-là, cette patine qui entraîne vers l'abstraction.
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