Melograno est indéniablement classique. Au point qu’on s’étonne qu’il soit toujours la création la mieux vendue de la marque, ce qui laisserai presque croire que le bon goût n’est pas totalement décédé dans une mare de maltol et de bois ambrés. Né en 1965, Melograno sent 1965 et a fort peu changé, ce qui est une autre très bonne surprise et n’est pas sans contribuer au charme de celui qui n’était peut-être pas le plus fin de la bande mais, né quelques années après Calèche, il semble annoncer le flanker soie de parfum avec un petit quelque chose en plus, ou en moins qui le rend plus attachant.
Melograno, avant de sentir la grenade, c’est d’abord et surtout un grand aldéhydé, particulièrement vif, très savonneux, un peu poudreux, qui sent bon le propre et la lessive avec une petite note amère qui évoque, un peu, discrètement le fruit qui perdit Perséphone. La grenade est présente au départ mais en arrière plan, elle n’est qu’une nuance dans le parfum qui contribue au départ comme le font les agrumes dans la plupart des grands classiques. (Car, non, Melograno n’est pas un parfum fruité.)
Il y a perdue dans cet univers aldéhydé, blanc et scintillant, quelques fleurs mais elles ne volent pas la vedette au gros savon qu’est le parfum. Non, ce qui lui fait concurrence, c’est un fond qui transparait, boisé, avec un peu de mousse de chêne et surtout une petite note sombre qui évoque à la fois l’encens et le sale, avec un petit quelque chose de sèchement autoritaire. Melograno est donc un parfum faussement simple, plus subtil et retors qu’il n’y paraît.
Reste surtout qu’il se porte avec énormément de plaisir. Je le trouve facile, plein de promesses comme un début de belle matinée de printemps, avec quelque chose qui évoque toutes les possibilités de la page blanche, mais sans l’angoisse d’avoir à y écrire absolument quelque chose. Il n’est selon moi jamais guindé et est à son aise absolument partout.
Bien sûr, on pourra lui reprocher d’être un peu simple pour un soir de grand gala mais je vous assure qu’en allant m’en acheter un nouveau flacon, obligé de traverser une parfumerie de niche (BDK, matières premières, l’omniprésent et dégueulasse Baccarat Rouge & co) en le serrant contre moi, je me sentais l’âme d’une grande duchesse russe attaquée par des bolchéviques qui voulaient lui arracher ses bijoux…
Melograno, Santa Maria Novella, 1965





Découvert via la grenade en céramique pour parfumer son intérieur j’ai été étonné qu’il sente si peux le fruit et autant le savon (un savon presque indécent tant l’odeur finit par omnibuler). Le flacon va venir sur ma commode et l’odeur dans mon cou !
RépondreSupprimerOui, ce nom est presque problématique tant on s'attend à autre chose (et ce serait tellement moins bien si on avait ce à quoi on s'attend!)
SupprimerMoi aussi je ne le connais pas sous forme de parfum mais j'avais acheté la grenade en têrre cuite. Et je n'ai pas vraiment aimé. Pas détesté non plus, mais je suis d'accord, la senteur manque de fruits et est très savonneuse.
RépondreSupprimerAu début ça sent fort, si fort que c'en est quasi insupportable, mais ça ne dure que peu de temps. Ce qui fait cher l'achat.
J'ai des grenade en céramique... Que je recharge avec mon parfum! Moi, je ne dirais pas que ça manque de fruit, c'est très bien comme ça selon mon goût ;)
SupprimerToujours un plaisir de lire tes revues parfumées. Merci, Belette.
RépondreSupprimerMerci!
SupprimerJ'aime beaucoup le parfum Melograno. En fait, je n'ai que je gel douche de la gamme et je pensais que l'odeur "savonneuse" était liée au fait qu'il s'agissait d'une gamme lavante.
RépondreSupprimerMiss Marple
Ah, non, c’était vraiment la grande mode à l’époque. Outre Calèche et White Linen, on pourrait aussi parler de Rive Gauche, Calandre, Madame Rochas… ils ont été nombreux avec ces notes savonneuses ou poudrées que, personnellement, j’aime beaucoup. Je trouve que c’était une très grande et belle époque de la parfumerie… (Ou alors, juste à mon goût?)
SupprimerL'adjectif savonneux est assez souvent utilisé de façon négative pour qualifier un parfum. Ce que je n'ai jamais compris car j'ai plutôt tendance à me précipiter pour le sentir.
RépondreSupprimerAlors, tout pile poul pareil… sentir un mélange de propre et… d’autres choses, c’est tout ce que j’aime. Pour me faire fuir il suffit de me dire que ça sent le gâteau, le bonbon, la praline… je ne suis pas comestible. (Mais je peux être tellement… d’autres choses!)
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