blanche, byredo



Byredo, c’est la marque de parfums pour jeunes gens modernes amateurs de lifestyle qui aiment photographier leurs flacons sur un livre Taschen qu’ils n’ont jamais lu et noter m i n i m a l a e s t h e t h i c parce que, les flacons, ça compte et que ceux-là sont particulièrement photogéniques. Pour ce qui est du parfum en lui-même, j’avoue trouver que tout cela manque gravement de poésie à mon nez, comme si la marque avait fait le choix de proposer un catalogue de ce qui se fait sans grands états d’âme et encore moins d’inspiration. Cela dit, au-delà de cet avis qui peut sembler une vacherie gratuite, pourquoi pas ? Moi-même j’ai cédé parce que 1) les parfums manquent peut-être de poésie mais le produit fini est qualitatif, bien fait 2) il n’y a pas de mal à se faire plaisir tant qu’on ne se leurre pas sur ses envies et motivations et qu’on n’essaye pas de faire croire aux autres que.




Blanche, c’est le descendant des grands aldéhydés d’autrefois transposé dans une esthétique contemporaine assez minimaliste, certes, mais ou le dénuement est voulu et non un cache-misère d’une pauvreté qui espérerait s’en sortir derrière des prétentions esthétiques. La recette est classique : des aldéhydes sur un bouquet abstrait. La modernité est apportée par un fond de muscs blancs qui prolonge l’effet propreté. Byredo a fait un parfum peu évolutif où tout semble présent dès le départ. Les aldéhydes sont nets mais discret, le cœur floral est en sourdine et le fond s’impose d’emblée en apportant au parfum une note artificielle, très réussie, qui évoque le coin repassage d’une blanchisserie. L’effet pressing-fer chaud, saisissant, est très réussi.




Je ne suis pas nécessairement un grand fan même si je suis totalement la cible olfactive. On pourrait presque penser que Byredo a fait son parfum pour me convaincre mais dans le fond, je préfère des choses plus classiques, plus nuancées, plus riches. La sensation de dessous pas nets sous l’impeccable tailleur de Calèche me plaît beaucoup. Plus. Et l’effet linge propre que j’aime beaucoup me semble plus joli, quoique plus raide, dans le White Linen d’Esthée Lauder. Mais j’aime bien Blanche, particulièrement dans ses versions corps qui accentuent les notes de fond. (Surtout le gel douche d’ailleurs, alors que je m’attendais au contraire !)




Ce sont des produits vraiment agréables les jours sans inspiration, ces jours où on ne sait quoi mettre, où nous parfumer semble demander trop d’effort mais durant lesquels on veut quand même sentir bon. Cette bonne odeur (qui aurait aussi eu sa place dans une collection comme des garçons) synthétique, sans aucune référence humaine, animale ou même végétale est extrêmement reposante, facile à vivre et suffisamment présente pour que je n’ai cette impression de nudité des jours sans parfum.




Il faut dire aussi que ce petit rituel parfumé, quoique bien présent sur la peau, est assez facile à vivre en layering.  Le plus évident, c’est de porter blanche sous les floraux aldéhydés auxquels il donne une petite note de modernité mais sa propreté se marie bien avec beaucoup de senteurs, plutôt pas aldéhydées si vous voulez mon avis, pour éviter le ton sur ton. Avec un santal crémeux, par exemple, c’est magnifique. Pareil avec une tubéreuse crapuleuse. Avec tout tant qu’on ne veut pas éviter le « je me suis lavé avant de me parfumer » parce que pour faire croire qu’on a découché et couché avec des inconnus toute la nuit et qu’on n’a pas eu le temps de repasser chez soi pour prendre une douche avant de débarquer au travail l’œil cerné mais le teint rosi par les orgasmes multiples, c’est un peu fichu. A moins que le message ne soit « j’ai fait l’amour mais AVEC PRESERVATIFS » ?


Blanche, Byredo, 2009.



NB: la performance cosmétique est OK. Pas exceptionnelle mais correcte.



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