(un mois où j'ai lu.)
Le mois de septembre a été une pure accumulation d’horreurs variées et diverses, il suffit d’ouvrir le premier journal venu pour en être convaincu. Je ne sais pas comment vous avez fait pour y survivre mais vous pouvez vous féliciter d’avoir survécu à ça même si, hélas, ça ne vous donne aucun totem d’immunité pour la suite des évènements, hélas. De mon côté, je suppose que j’ai survécu en me parfumant, en passant des heures dans la salle de bain à me pomponner, j’ai dû regarder des dramas et boire des litres de thé, et aussi travailler et râler, mais la seule chose dont je me souvienne est d’avoir lu.
D’aussi loin que je me souvienne, les livres ont toujours été avec moi. Peut-être pourrais-je dater cela de l’âge ou j’ai appris à lire, mais avant, j’étais le genre d’enfant qui harcelait les adultes « Lis moi un livre ! » et même si c’est parfois plus compliqué entre eux et moi, je leur suis resté fidèle.
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requiem pour le monde libre, Nicole Bacharan, Dominique Simonnet, 2025 |
Je n’ai pas eu des lectures particulièrement feel good. Au contraire, j’ai même lu sur l’actualité, l’état du monde, mais le livre à cet avantage sur le journal de prendre de la distance et d’offrir une vue d’ensemble (du panorama désolant.) Lire, ce n’est pas, cela n’a jamais été fuir le monde. Mais quand même, puisque je me suis mis au livre audio, le monde est plus agréable à traverser lorsque Robert de Saint-Loup est à vos côtés à faire voltiger son monocle.
Les fictions lues n’ont pas été des livres d’évasion. Le fruit du plaqueminier de Malika Larbi parle de la Kabylie, de la guerre d’Algérie, de migration, d’accident et de morts. Avec plein de passages optimistes et beaux mais on ne peut pas dire que ce livre touchant édulcore un monde qui a été dur et qui l’est encore. Pareil pour « ce que je sais de toi » d’Éric Chacour qui se passe pour la plus grande partie en Egypte. Il y a la séparation, l’amour entre deux hommes (qui se passe mal dans les années ’80 en Egypte, vous n’êtes pas surpris et moi non plus.), l’exil encore une fois, beaucoup de non dit, avec un point de vue narratif original et beaucoup de délicatesse.
Pour dire vrai, ce que je sais m’a probablement particulièrement touché parce qu’il aborde aussi le sujet de la maladie, très brièvement, mais elle hante le récit, celle de Huntington et que j’ai vu cette maladie de près. Elle a touché une famille que je connaissais et j’ai pu observer l’incompréhension du début, la sensation de devenir fou, méchant parfois, puis le diagnostic posé l’horrible certitude que rien ne s’arrangera, que les choses ne feront qu’empirer jusqu’à la fin. Et puis après, la génération suivante qui est frappée, très tôt, sans aucun doute ni espoir. Le sentiment écrasant de la malédiction à laquelle on ne peut échapper…
Autre lecture, la trilogie de la dame de Reykjavík de Ragnar Jónasson est tout sauf un cosy mystery. On y retrouve l’Islande, froide et sombre, déprimante et des vies difficiles, tout aussi sombres et déprimantes. C’est un peu sordide, terriblement banal. Pour tout dire, cela ressemble à la vraie vie, avec beaucoup de souffrances. Non, élucider des crimes, ce n’est pas joyeux, ça abîme des gens par ailleurs déjà abîmer par la vie. Voilà qui ne fait pas rêver mais on a de l’empathie pour les personnages, on s’inquiète pour eux, on veut savoir, on veut qu’il y ait justice, une lueur d’espoir. Puis on referme le livre en se disant que notre vie, banale, pas excitante pour deux sous, n’est pas si mal finalement.
Ce que je retiens ? C’est que j’aime les livres, avec passion, que j’en veux encore plus, qu’une PAL encombrante est une réserve de joies, de frissons, d’idées à venir.
J'ai parfois la sensation qu'à trop lire, je me renferme. On me l'a tellement répété enfant. Et aujourd'hui, j'ai juste l'impression de prendre un passeport pour l'évasion, un lexomil de papier contre l'angoisse. Merci !
RépondreSupprimerEn ce moment, lire, c'est préserver sa santé mentale. Et si ça passe par un repli sur soi... Il faut ce qu'il faut et ce n'est même pas égoïste, on n'est capable d'aider personne si on ne va pas suffisamment bien soi-même. Donc zéro culpabilité et vive la leture!
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