Une vanille ?
Visualisez ma meilleure imitation de Bette Davis dans all about Eve, sourcil gauche arqué au maximum et relevé jusqu’à donner le migraine, regard de côté, lèvres retroussées et frémissantes, le tout annonciateur d’orage, de tension. "Fasten your seatbelts. It's going to be a bumpy night."
Plus que tout au monde, je déteste que la vanille soit le nouveau passage obligé de la parfumerie, comme le fut jadis le grand floral aldéhydé, la chose à la fois facile et populaire qu’il faut faire parce qu’elle assurera toujours des ventes et qu’il vous serait reproché qu’elle manque à votre catalogue. A vrai dire, je trouve la note jolie et intéressante en support, mais en sujet principale, je lui reproche d’être facile, alimentaire, régressive et, disons-le, un peu vulgairement racoleuse.
Madagascar commence à mon nez par un arôme de canelé bordelais, que j’adore évoqué par le mélange central rhum-vanille. Ensuite seulement vient la dimension cocktail, alcool sec qui nuance la dite vanille qui domine entièrement le parfum et se met dans tous ses états, tour à tour épicée, sèche, un peu poudrée, baumée, grasse dans un fort joli effet à l’ancienne… Madagascar bouge beaucoup, évolue, est on ne peut plus changeant, mais sans à coup, tout en fluidité et subtilité. Reconnaissable mais donnant la sensation de porter plusieurs parfums suivant l’heure du jour, la chaleur, l’humidité. C’est indéniablement un parfum d’adulte, que les plus jeunes pourront aimer, pas particulièrement régressif, qui projette la vanille dans une dimension particulièrement exotique en nous donnant à sentir des choses que nous n’avions jamais senties auparavant.
Oui, ce baume vanille est assurément à sentir, pas que par les amateurs de vanilles, et fort aimable, tentant, même en dehors du cercle large des amateurs. Ce qui ne m’empêche pas de le rejeter avec violence, instinctivement. Pas parce qu’il n‘est pas mon genre, et Dieu sait qu’il n’est pas mon genre, mais parce qu’il incarne merveilleusement son époque, la preuve qu’un passage obligatoire peut donner une vraie réussite, pleine de créativité et que, malheureusement pour Parfum d’Empire, je ne peux sentir cette époque et ne cherche qu’à y échapper. (Mais je ne suis pas inquiet pour la marque qui le vendra bien et reste fidèle à des parfums comme l’eau suave qui, je n’en doute pas, doivent s’écouler beaucoup plus difficilement.)
Madagascar, le baume vanille, Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d'Empire, 2025.
Vanille.
RépondreSupprimerErk.
J'ai lu le billet par respect pour l'auteur, vous. (RIRES)
_Fabien_
Celle-ci vaut mieux que ça. elle mérite au moins le respect, même quand on aime pas la vanille du tout du tout. Si les amateurs pouvaient ne porter qu’elle, le monde serait assurément plus joli.
SupprimerJ’aime la vanille quand elle n’est pas trop gourmande, écoeurante. Alors forcément il m’intrigue
RépondreSupprimerÀ tenter alors
SupprimerJ’aime la vanille, celle de l’ouverture d’une gousse charnue…. En parfumerie, elle est difficile à réellement trouver… je peux aimer celle entourée d’une odeur de céréales ou lait. Belette.
RépondreSupprimerMoi, j’aime bien celle de Douce Amère (Lutens) parce que l’amertume, la verdeur l’équilibre. Bref, parce qu’elle ne ressemble pas vraiment à une vanille… 😉
SupprimerJe l'aime mêlée à la lavande dans "Pour un homme" et aux agrumes dans "Habit Rouge" (je sais que vous ne l'aimez pas trop dans ce dernier car vous la trouvez trop "alimentaire", ce que mon nez pas aussi expérimenté que le vôtre ne perçoit pas).
RépondreSupprimerOh, c’est une question de dégoût particulier qui fait que je bloque là-dessus et que je ne sens que ça, plus que de nez affuté, je pense. On perçois toujours bien plus ce qu’on redoute et n’aime pas. Et vive pour un homme qui est une merveille!
SupprimerJe l'ai senti et j'ai trouvé un beau parfum, certes, mais pas pour moi ... Mais le fait qu'elle ne soit pas alimentaire est à souligner , .a l'occasion j'essaierai de trouver un échantillon,je sais que leur parfum évolue énormément,pour avoir un meilleur avis ! En attendant je reste fidèle à tabac Tabou !
RépondreSupprimerJe suis bien d’accord avec l’évolution, il faut vraiment le porter une journée, voire deux ou trois dans des conditions différentes, pour se rendre compte de ce que le parfum exprime. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que ça sort un peu la vanille, note connue et reconnue, des sentiers battus et rebattus, ce qui n’est pas rien. (Et qui OBLIGE à aller le sentir, rien que pour ça, même si on est pas amateur de vanille. Surtout si on est pas amateur d’ailleurs.)
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