minotaure, paloma picasso

 

“Son” parfum la représentait, incarnait son goût, assez classique au demeurant, Paloma Picasso étant cultivée. Son premier parfum pour homme semble en se nommant minotaure avoir été la revendication de l’héritage paternel, comme si après avoir fait ses preuves, elle pouvait être fille de et choisir un nom de parfum qui faisait référence à la peinture de son père et à l’héritage espagnol. Cela impliquait de sortir un parfum fort, affirmé, qui se démarque.

Comme Boucheron, on pourrait parler de parfum de transition, d’entre-deux, de chaînon manquant entre deux époques. Le départ évoque la masculinité la plus classique, hespéridée et aromatique, sur un cœur lavande-géranium. On se dit presque qu’on est en territoire connu, mais il y a ce fond, présent dès l’ouverture, qui monte toujours plus… 

Les notes ambrées, vanillées, baumées, posées sur les bois sont de plus en plus présentes. Le parfum est tiré vers un cuir oriental et sombre. C’est fort joli dans un genre qui s’est beaucoup plus vu au début du XXIème siècle. Moins intense et dense que par le passé bien évidement, Minotaure a été victime d’un amaigrissement, qui ne lui va pas si mal selon moi :  un peu délavé mais encore fort joli et bien plus facilement portable. 

Bien plus compliqué à dater que ses contemporains marins et océaniques, il est probablement plus classique et mérite d’être redécouvert car son succès n’était pas injustifié, mais j’ai un peu de mal à le porter aujourd’hui, même en version actuelle, comme au moment de sa sortie. A l’époque, je trouvais qu’il fallait être plus vieux, aujourd’hui, je trouve qu’il faudrait être plus jeune.

Minotaure, Michel Almairac pour Paloma Picasso, 1992.