rêver, à la nuit

 

De plus en plus, je, mais pas seulement moi, je constate que c’est un peu tout le monde, je, donc, suis dans l’anticipation de ce qui va venir, je prépare, j’envisage, j’imagine, je prévois. Comme si j’étais un magazine de mode qui fait en hiver les photos des maillots de bain qu’il présentera au printemps pour porter cet été. Bien sûr, à la différence d’un magazine, je me demande de quoi j’ai envie pour ne surtout pas être à la mode en piochant dans le fond de mon placard ou en traquant la vieillerie hors d’âge quand il est question de parfums. (En vêtements, je porte plus volontiers de la nouveauté mais en cette époque post-moderne la nouveauté à toujours un air de déjà vu « Plutôt revival ’90 ou early 21st century? » qui n’est pas forcément pour me déplaire. Quoique, la silhouette ’90 ne soit pas la plus flatteuse à mon humble avis dont tout le monde se fiche.)



Pour cet automne, je suis déjà en train de regarder les encens et de me rêver endeuillé dans la froideur des brumes de novembre… (Oui, pas la peine de venir me parler d’un encens chaleureux ou festif, quelle horreur.) Trainant mon spleen et ma morgue tel un vampire snob et désabusé. Mais en plein jour, merci le SPF coréen ; quand le soleil se couche, je ne serai pas dans la brume mais enveloppé dans mon plaid avec ma tasse de thé et mon livre, vivement que le dernier tome de M sorte enfin en poche, tiens! Je me projette, je cherche mon prochain grand amour. (En vrai, on va être sur du déjà connu, plus que probablement mais j'ai déjà quelques pistes.)
 


C’est du déni de réalité, une réaction de fuite, mais passer à côté de maintenant n’est pas vraiment une bonne idée, je ne profite même pas du joli jasmin à la nuit -Serge Lutens- que je porte pourtant avec beaucoup de plaisir. C’est probablement mon jasmin préféré, très figuratif, mais ciselé avec son départ vert, presque croquant et son final sale de félin feulant pour appeler à l’accouplement. (Mais l’effet chatte en chaleur est assez sophistiqué, je vous rassure, il évoque plus Elizabeth Taylor sur un toit brûlant* que le catalogue de Marc Dorcel.) Honnêtement, sentir aussi beau et penser à autre chose, je me trouve un peu ridicule.

à l'arrière-plan GQ 08/2024


Je passe à côté de quelque chose, l’instant présent, en rêvant à demain. Mais en même temps, rêver, n’est-ce pas juste une autre façon de profiter? 


*
-Oui, enfin…
-Je vous demande pardon?
-Ton genre, c’est quand même plus vieux matou sur le plaid de mémé Bernadette, quoi… 
-

C’est pas faux.


Commentaires

  1. C'est toujours agréable de penser aux jolies choses (vêtements et parfums) que l'on portera la saison prochaine. Pour ma part ça ne m'empêche pas de m'inonder de colognes aux agrumes en ce moment et de trouver cela délicieux dans cette chaleur écrasante.
    Pour l'automne j'ai envie d'une lavande un peu "travaillée" et pas trop basique. Donc j'hésite entre "Pour un Homme" de Caron le parfum (sorti ce printemps), "Habit Rouge" de Guerlain eau de toilette (je sais que vous trouvez la vanille de ce dernier trop "alimentaire" mais je ne suis pas très fan des cuirés donc j'oublie les autres versions), "Jicky" de Guerlain dont la formulation actuelle me semble plutôt belle, "Boy" de Chanel (là je suis un peu freiné par le prix) et "Tonka Lavande" de Marie-Jeanne que je ne connais pas (malheureusement ils n'ont pas d'échantillons ni de petits formats sur leur site).

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    1. Mon vote va forcément à Caron! Je n'aime ni la lavande, ni la vanille mais j'adore pour un homme. Je le trouve absolument merveilleux et beaucoup plus moderne qu'Habit Rouge. Je reconnais que Jicky s'en sort bien même si ce n'est pas mon préféré et oui, sentie à la va-vite, la dernière version m'a semblée fort honnête. (En vrai, Habit Rouge, je crois que je n'en aime aucune version, elles finissent toutes par me dégoutter.)

      J'avoue que j'ai fini par craquer pour de l'encens... Encore en soldé!

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  2. C'est drôle. C'est quand il fait extrêmement chaud et que nous dépassons les 40 à l’ombre dans ma ville de province que moi aussi j’aime laisser partir mon esprit sur mes délires d’automne. Comment je vais m’habiller, vais-je devoir ressortir ma veste en mouton le soir ou est-ce que le pantalon en velours côtelé ne sera pas de trop en journée…. Et surtout, quel parfum va ouvrir le bal de la tant attendue chute des températures. J'aime le choisir comme je choisis mon foulard. Vous le savez Dominique, c'est un péché mignon chez moi : car comme le parfum, il me glisse dans le cou, finit sur mon poignet ou savamment plié, se range dans mon sac et finit dans sa boîte le soir pour laisser sa place à un autre…..comme le parfum en somme !
    Habanita? Beaucoup trop chaud pour le moment, je vous assure, la chaleur est en train de dégoûter tout le monde.
    Oud Essentiel de Guerlain ? Trop arabisant et encore beaucoup trop capiteux.
    Un parfum aérien peut-être, léger et transparent comme un Fidji de Guy Laroche ? Non ça ne va pas.
    Je sais ! Oh oui je sais ! Aromatics Elixir de Clinique. Oui ! C'est de celui là dont j'ai envie ! Son départ presque bouchonné et hystérique puis sa lenteur à évoluer vers un côté animal et extrêmement concentré qui tient, qui tiiiient, qui tient des heures. Extrêmement féminin et diablement masculin. Trop floral ? Oui c'est vrai mais pas Rococo. Trop chypré ? Oui mais pas too much. Présent, très présent, parfois crissant et énervant car il éclipse tout le monde sur son passage, j’arrive même à lui trouver un côté sombre parfois surtout si il pleut quand je le met…….ma foi……. l'automne c'est dans longtemps, je me contente d’une eau de Cologne Originale pour le moment mais soyez en sûr : Aromatics Elixir sera bien le premier dès qu'il fera moins de 20°.
    -Fabien-

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    1. Oh que je comprends ça...
      Aromatics est si parfait en automne, comme tous les chypres d'ailleurs. Je regardais mon flacon de Mitsouko hier et je me disais que ce serait bientôt son tour et j'étais presqu'impatient de le ressortir. Pour moi, sous son brillant, Aromatics est un sombre, presqu'une potion, plus ensorcelante que Magie Noire ou Poison (qui essayent tant qu'ils peuvent mais n'y arrivent pas.) Il me fait un peu penser à ces paroles d'Eurythmics:
      "I was dreaming like a Texan girl
      A girl who thinks she's got the right to everything
      A girl who thinks she should have something extreme"

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    2. Mais tellement.
      <3

      -fabien-

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