un bel amour d’été, parfum d’empire

  

Ce n’est pas le premier parfum fleurs blanches de la maison et ce n’est pas le premier solaire de la parfumerie, mais cette nouveauté a été un vrai coup de cœur et je l’ai voulu absolument comme cadeau d’anniversaire, faisant la folie d’acheter à l’aveugle, achat que je ne regrette pas du tout, vivant d’échantillons dans l’attente du grand jour.



Le parfum est très changeant, je vous épargne le descriptif détaillé, nous n’en sortirions pas, à chaque fois que je l’ai senti/porté, j’ai découvert de nouveaux aspects. Un peu de fraîcheur au départ, verte, légèrement camphrée (ce qui crie tubéreuse à venir pensez-vous ? Pas faux !) et un gardénia qui apparait, un peu terreux, champignon, capiteux et réaliste qui évolue vers un jasmin, très riche qui se mâtine d’ylang potelé, grassouillet, un peu huileux qui sent bon la plage et la protection solaire (très légère, le concept de l’huile solaire indice 6 qui sent l’Ylang, c’est un concept de vieux, oui, j’assume mon âge.) Il y a du santal crémeux qui évoque la peau chauffée, des traces de cumin/sueur et l’ambrette vanillée qui apporte encore un peu plus de sensualité. Ça sent fort, il faut en mettre beaucoup, pas de demi-mesure par pitié, et longtemps. Tout le monde autour de moi a réagi positivement, ce parfum a plutôt fait l’unanimité avec son côté madeleine de Proust, bien qu’il soit plus judicieux d’évoquer le blé en herbe de Colette ou bonjour tristesse de Françoise Sagan.



Ce qui est intéressant et nouveau est la façon de raconter l’histoire. Le parfum évolue beaucoup, de façon fluide mais pas linéaire et homogène, on dirait un collage qui forme une seule grande image de loin mais dont on aime se rapprocher pour contempler chaque petite photo en détail qui raconte un souvenir bien précis. Bien des marques se seraient contenté d’un seul de ces clichés pour faire un parfum et aurait fait une série ou des flankers, Marc-Antoine Corticchiato nous donne le tout, l’histoire complète et réussi à emmener les si classiques fleurs blanches sur un chemin de traverse sans les malmener...



Si c’est la plage, le parfum n’a rien d’exotique, ce n’est pas le monoï cliché tahitien, c’est la plage de l’enfance, de l’adolescence, pas si loin de chez nous, c’est la chaleur du sud de la France, et celle des premiers émois, des premières découvertes, des corps dévoilés, huilés et regardés discrètement derrière nos lunettes noires, souvenirs érotiques d’un temps ou les jeunes gens n’avais pas accès à la pornographie et à internet, où c’était le voisin de plage qu’on convoitait et dont parfois on frôlait sans le faire exprès la peau bronzée à la faveur d’un bain de mer.



L’habile collage nous montre aussi ce qui se passe un peu plus loin, à l’abris des regards familiaux, derrière la dune, les mains qui s’égarent, le maillot qui glisse, le goût de la peau salée sur les lèvres, la chaleur du corps-à-corps, le plaisir rapide, la peur d’être surpris, le souffle court, les joues rouges au moment de rejoindre les autres qui les attribueront au soleil et non à la honte. Un bel amour d’été est un parfum souvenir, mais pas spécialement romantique, il semble raviver des sensations, plus que des sentiments.



Un bel amour d’été n’est pas forcément mon parfum le plus portable, bien qu’il dégage une image assez lisse de loin et que tous le monde l’aime. Dans le même genre, on trouve plus simple à arborer. Probablement, certains d’entre vous me parleront du Caribe Kiss d’Anatole Lebreton qui évoquait lui aussi une atmosphère solaire à travers les fleurs blanches. Plus sophistiqué et plus habillé, certes habillé d’un mini string lamé or, mais habillé quand même, il est probablement un peu plus facile à porter. J’avoue que ce bel amour d’été doit s’assumer. Débordant, in da face, sans complexe, exubérant, ce n’est « pas un parfum pour les femmes effacées » aurait dit Monsieur Saint Laurent à qui j’emprunte l’ancien slogan de Rive Gauche. Mais je ne crois pas qu’on soit jamais allé chez Parfum d’Empire pour se trouver un parfum bon chic bon genre, quand on va là-bas, on veut vibrer, rêver, s’émouvoir, flamboyer et surtout pas être office friendly ou modest fashion. Ce bel amour d’été comble tous nos désirs.


Un bel amour d’été, Marc-Antoine Corticchiato, 2024.


Commentaires

  1. Quel joli billet ! Je valide tout ce que tu dis à part "les joues rouges attribuées à la honte" pourquoi la honte ? 😉
    Que de souvenirs réveillés par ce jus !
    J'aime beaucoup ce parfum et tu en parles merveilleusement bien, je ne fais que le découvrir encore car je le vois comme un parfum de soleil et nous en manquons encore cruellement !
    Le clin d'œil à Carib Kiss est très bienvenu aussi: un autre très chouette parfum !
    Au plaisir de lire ta prochaine prose sur le parfum.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Parce que le premier zizi avec un inconnu, ce n'est pas le genre de chose dont on a envie que toute la famille soit au courant...

      Supprimer
  2. Ce parfum, si joliment décrit par toi, me titille, me fait de l'oeil. Les notes me parlent, j'ai juste une grosse crainte sur la note de cumin. Une note presque indispensable pour évoquer toute la sensualité d'une peau chauffée par le soleil, mais le rendu sur la mienne ... ça passe ou ça casse. Il faudra que je cherche un échantillon.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Sur moi, c'est assez discret et je dois faire attention, mais c'est compliqué parce qu'il est plutôt présent en fin de parcours...

      Supprimer

Enregistrer un commentaire