plaisirs roses

 

C’est probablement la fleur la plus interprétée en parfumerie et on semble n’est avoir jamais fait le tour. Indémodable, increvable, la rose est une reine qui ne lâche rien, survit et s’adapte à toutes les modes, tous les climats, toutes les époques, toutes les ambiances. Certains vous diront qu’il cherche LA rose, d’autres les collectionnent et se régalent de chaque variation. Je suis un peu entre les deux, étant un peu difficile, tant j’aime rester du côté frais-poudré du spectre en évitant soigneusement les roses loukoums et les roses vineuses mais ne m'arrêtant pas à une seule, les aimant roses, jaunes ou blanches.

Rose fanée chez parfum d’empire n’a rien de mort ou de morbide, pensez à ce nom comme une référence à la beauté des chants du cygne désespérés qui sont les plus beaux ou quelque chose du genre. La bouges est un bouquet de roses tardives ramenées du jardin qui ornent le salon en l’illuminant de leur pâleur et de ce soleil qui les a aidées à éclore. Très douce, soyeusement poudrée, le parfum envahit le salon, sans excès, sans $être jamais étouffant, et apporte un avant-goût de printemps en ce début d’année sombre et froid.

Les tourterelles de Zelmis d’Oriza L. Legrand joue sur le même registre très naturel. C’est une promenade dans une roseraie ou les essences des fleurs se mélangent joyeusement, un peu vertes au départ, plus épicées, poudrées ensuite, presque miellées. 

Trop botanique que pour être mièvre la fragrance esquisse discrètement en son fond que les fleurs sont un organe sexuel. C’est évolutif, nuancé, délicieusement dépaysant. À la fois sophistiqué parce que finement exécuté et sans prétention parce que ça sent véritablement le jardin. Bon, le jardin chic, nous sommes d’accord, chic mais pas prétentieux. Le seul reproche que l’on pourrait faire au parfum serait de n’être pas très signé. Mais comment évoquer la nature et imposer une signature maison ? Donc les fans d’Oriza seront peut-être déçu de ne pas retrouver ces notes vieillottes, poussiéreuses, ces effets vintages qu’ils adorent. Zelmis est beaucoup trop classique et intemporel que pour être aussi daté. C’est peut-être un joli parfum d’accès pour ceux que les effets antiques d’Oriza effrayent un peu.

Petit plaisir rose, le gel douche de l’occitane. 

Il existe une gamme complète, même une eau de toilette que je n’achèterais personnellement pas parce que d’après moi il y a de plus jolies roses à acheter pour ce prix alors que les dérivés corps sont, eux, tout à fait charmant. Un peu de framboise pour lancer le parfum et lui donner un léger effet lipstick, une rose fraîche mariée aux muscs blancs, le tout très innocent, ça se décline merveilleusement, fait très plaisir (et de fort jolis cadeaux pour les amateurs de senteurs rosées) et permet de s’inonder de roses des pieds à la tête.

Il ne faut pas bouder Roger & Galet, leur rose est, dans le genre eau de, fort plaisante. Transparente et anecdotique mais elle fait plaisir et c’est ce qui lui est demandé, après tout, je vais m’acheter un savon qui me fera sourire lors de ma toilette du matin et non un chef-d’œuvre d’œuvre impérissable digne du musée devant lequel méditer des heures. Ne trouvez-vous pas aussi qu’il est doux parfois que l’Art cède la place aux Arts Décoratifs ?