90's

gothique chic 


Les années ’90 ne sont même plus de retour, elles se sont bel et bien installées. Deux tendances se partagent le haut de l’affiche avec rage cette saison. Le old money reprend les codes du minimalisme et du chic des ancienne fortunes réputées pour leur goût et leur élégance. On nous ressort même le fantôme de Carolyn Bessette-Kennedy. On pourrait croire que j’adore cet univers chic et feutré mais ça me soulève littéralement le cœur. Premièrement parce que c’est ennuyeux à pleurer. Ce n’est d’ailleurs pas de la mode à proprement parlé tellement c’est classique. Je sais, j’ai moi-même un look très ennuyeux, mais j’ai cet avantage de ne pas me voir. Ensuite parce que c’est quand même un sommet de vulgarité de vouloir exhiber sa discrétion et de ramener l’élégance à une histoire de fortune. Honnêtement, le tag #oldmoney ne réussit vraiment qu’à m’inspirer le plus profond mépris. (Parfum emblématique : le N°5 en eau de parfum parce que c’est le flacon iconique. L’ironie du truc étant que les gens qui se réfèrent à l’old money sont incapable de réaliser que le N°5 ne sent plus le N°5… Sinon, un truc de niche au flacon minimaliste et décoratif comme Le Labo ou Byredo. Quand je vous disais qu’on s’ennuyait !)



L’autre grande tendance de ces années-là, c’est le grunge avec ses silhouettes aléatoires mais toujours un peu lourdes faites d’improbables superpositions nées au départ du je-m’en-foutisme et du recours à la fripe Parfois il y a de jolies rencontres, des juxtapositions inédites et imprévues d’imprimés, de matières qui ne devraient pas se marier mais fonctionnent curieusement bien ensemble… J’espère juste qu’on ne reverra pas trop de sourcils décolorés/trop épilés comme on en revoit dans les magazines depuis un certain temps à mon plus grand effroi. En termes de beauté, ce n’était vraiment pas l’idée la plus géniale de la décennie. (Parfums emblématiques… Je ne sais pas trop, on ne va pas ressortir CKone et Angel quand même ? Pour coller à l’idée, un vintage déniché dans une brocante.)


allure korea 09/2023

Le truc que j’aime bien, c’est la sous-tendance gothique qui revient, bien aidée par le revival famille Adams. (Team Anjelica Huston forever !) Je n’ai clairement rien de gothique, je suis d’obédience Northanger Abbey, mais j’ai beaucoup de sympathie et j’apprécie l’esthétique, l’aspect romantique. (Rappelez-vous passion cimetière. Quoi de plus poétique qu’un cimetière en automne ?) 



Et puis en termes de parfums, c’est plus créatif et plus intéressant. Il y a les encens, c’est vraiment le truc le plus évident, l’odeur d’église. Personnellement, mon préféré dans le thème, c’est Relique d’Amour d’Oriza Legrand avec son ambiance humide, son lys fané et son encens froid. (L’encens chaud est un peu trop festif, je ne suis pas certain d’adorer Noël et les mariages, je préfère les ambiances un peu plus sombres et en ruines.) J’aime beaucoup cet encens en particulier parce qu’il est très poétique et qu’il raconte un peu plus que juste l’église mais je continue à beaucoup aimer les autres encens comme Avignon de Comme des garçons ou même celui d’Armani privé dont je ne retiens jamais le nom, qui est très beau, très littéral, dans le genre « matière. » 


Serge Lutens pourrait être une marque gothique, l’univers crée s’y prête mais je ne suis pas vraiment certain que les fragrances s’y prêtent vraiment. Iris Silver Mist avec son iris poudré et assez froid est peut-être l’exception, il y a dans sa nostalgie, sa mélancolie et sa pâleur, quelque chose qui pourrait évoquer le vampire. 


La fille de Berlin, jolie rose sombre, pourquoi pas ? Mais finalement non, il y a dans mon souvenir trop d’aldéhydes pour cela et je préfère les roses-patchoulis, ls roses épices pour ce thème.

Portrait of a Lady chez Frédéric Malle est le parfum par excellence qui m’évoque le manoir anglais, néo-gothique, hanté par une veuve en robe de velours noir. C’est élégant, sombre mais je n’ai jamais vraiment eu envie de porter le parfum. Je le trouve un peu trop dramatique à mon goût. 



Dans le même genre, pourtant moins ciselé, j’en conviens, je préfère le rouge velours du vestiaire des parfums Yves Saint Laurent. J’avoue, je triche un peu, je lui trouve quelque chose d’un peu plus léger. Team Morticia Adams, souvenez-vous. Sa rose d’un beau rouge sombre est épicée, rendue un peu terreuse par le patchouli, mais avec toujours quelque chose de lumineux qui perce et cette petite note grasse et noire qui évoque la bougie que j’adore et que je devine par instant. Possible que dans le fond je n’aime l’obscurité que parce qu’elle rend la lumière plus scintillante et la lumière pour les ombres qu’elle dessine…


Et puis comme rose épicée, pourquoi pas le nounours de Moschino ? Toy Boy est une jolie rose sur un lit de vétiver, qui est intéressant parce que très changeante. La construction fait la beauté du parfum, plus que les matières utilisées comme un vêtement à la coupe élaborée en coton peut être plus joli qu’une soierie qui ne ferait que déguiser un peu la banalité. Assez retenu pour une rose en dépit d’une note poire qui le rajeunit c’est un parfum qui fait assez grave sans être dramatique et je l’imagine très bien dans le dressing d’une Lolita gothique qui prend plaisir à décapiter sa peluche pour se parfumer avant de regarder Wednesday sur Netflix.


C'est le moment de regretter le retrait du catalogue de Mon Parfum Chéri chez Annick Goutal, hallucinant patchouli sombre et violacé évocateur de caves humides qui supportait le plus élégant et le plus riche des iris, ce qui donnait un parfum froid et brûlant à la fois, assez inquiétant, l'un des plus femme fatale de la parfumerie.)

Pour les vêtements, hors de question que je porte du noir, je dépense trop en skincare que pour gâcher tout avec une couleur qui me donne mauvaise mine. Et c'est beaucoup trop banal, c'est la couleur de base de 90% des garde-robe, ce qui fini par le vider de tout son charme. Il faudra que je fasse un billet sur "pitié, pas le noir" un de ces jours… Notez que le pull marin, pourquoi pas ? Après tout, Dracula prend bien le bateau pour aller en Angleterre, non ? Comme lecture, je crois que je vais ressortir Dracula et autre récits vampirique dans la pléiade après avoir terminé la cité hantée de Preston & Child, thriller qui se déroule dans le sud des Etats-Unis dans lequel il est beaucoup question d’un vampire. J’ai beaucoup lu les romans mettant en scène l’inspecteur Pendergast, son teint spectral et ses costumes noirs et je dois dire que je prends plaisir à m’y replonger. C’est un livre cadeau et c’était une bonne pioche dans le genre page turner efficace.




Commentaires

  1. J'ai hâte de lire votre billet "Pitié, pas le noir" parce que je trouve la rue assez déprimante effectivement avec cette couleur prédominante (99% des ados le portent de la façon la plus moutonnesque qui soit alors qu'ils revendiquent leur individualité haut et fort). A noter que quasiment personne n'a l'idée de lui associer un foulard, une écharpe, un bijou voyant coloré ou doré qui le rendrait digeste et donnerait meilleure mine. Je rentre d'Italie et c'est le seul endroit où j'ai pu voir des femmes, pas très jeunes, portant du noir, des escarpins verts ou rouges et un énorme collier doré. On a beau dire que Paris est la capitale de la mode, c'est dans les villes de province du nord de l'Italie que j'ai vu les femmes les plus chic (Bologne, Modène, Parme, Mantoue...)

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    1. Ah, je dirais juste que la mode et l'élégance sont deux choses différentes (et parfois TRES différentes.) Oui, je plussoie: le noir est l'uniforme des gens qui se disent différents et qui ne voient même pas la contradiction

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