fleurs orientales

 

Les températures montent et je ne m’en plains pas vraiment. Je sais qu’il faudrait pester contre la canicule mais je supporte mieux que le mercure passe au-dessus de 30° que sous 20. Peut-être parce que c’est une merveilleuse excuse pour ne pas se surmener ? Bien évidemment, je ne minimise pas les conséquences négatives : la proximité est encore plus insupportable. Ce n’est jamais agréable d’être trop proche de l’autre mais se retrouver collé à un inconnu en sueur dans les transports en commun est une épreuve dont on peut se passer.

Et puis il y a les parfums. Et c’est TRES compliqué. L’école classique, c’est de porter de la fraîcheur, de la cologne, de l’eau chyprée mais je trouve ça très ennuyeux. La chaleur, surtout sèche, écrase les parfums, surtout les notes fraîches. Alors, oui, c’est agréable de faire couler sur son avant-bras, un peu de cologne, de sentir la morsure froide de l’alcool sur la peau, de respirer le shot d’agrumes et d’aromates, mais considérer qu’on est parfumé ? Non, pas pour moi, merci.

Pendant les grosses chaleurs, je dois bien avouer que je me transforme en chaudasse. (Ou en catin de bas-étage, j’admets n’être pas nécessairement chic ou élégant, mais l’élégance comme critère ultime quand on se parfume, c’est un peu la stérilité de la banquise d’après moi. Mais de temps en temps, j’aime bien aussi mais plutôt en hiver, oui, je suis contrariant, vous saviez.) 

Un gros oriental, un peu écrasé qui devient parfum de peau, c’est absolument merveilleux et c’est à peu près le seul parfum qui tient et diffuse dans la chaleur. Est-ce que j’adore l’heure bleue, oui forcément, mais je redécouvre Shalimar à chaque fois et je me souviens de pourquoi je l’aime et j’en ai des flacons dans mon placard. Il sent vraiment « le parfum » complexe et poudré, avec un départ merveilleusement bergamote (qui fait que le rafraichir avec un peu de cologne impériale ou 4711 est toujours une bonne idée quand on rentre d’une longue journée de travail ou d’une éreintante séance de shopping) un cœur complexe, floral et poudré à souhait ou la vanille se fait légèrement présente et un fond plus oriental mais toujours élégant (cocotte chic) au sillage absolument merveilleux que j’adore suivre en rue. C’est à l’Inde ce que la grande odalisque est au harem turc, un fantasme européen qui n’a pas grand-chose d’oriental, mais on a le droit de s’en rendre compte, de s’en foutre et d’adorer le parfum de Guerlain. 

Shalimar étant probablement le parfum le plus flatteur de l’histoire de la parfumerie, le porter est s’entendre toute la journée murmurer à l’oreille qu’on est sublime par son merveilleux sillage. Il n’y a pas mieux pour booster la confiance en soi. Petit truc si vous craignez que ce soit trop : posez-le sur le ventre et la chute de rein pour qu’il soit étouffé par les vêtements et s’échappe par bouffées, vous en profiterez encore mieux comme ça. (Et je dis non au crop top.)  

L’autre truc à porter absolument en cas de grosse chaleur, ce sont des fleurs blanches parce que le jasmin ne fleurit pas dans l’hiver anglais. A nous les tubéreuses et les fleurs d’oranger, à nous le jasmin. J’avoue que à la nuit de Serge Lutens n’est pas le plus capiteux de la bande. Avec des nuances un peu vertes, il démarre même assez sagement, passerait pour posé, voire distingué. Puis la fleur s’encanaille et nous fait découvrir que la dame est une traînée à la vie sexuelle plus intense et plus erratique que celle des jasmins bourgeois. À la nuit finit par sentir la chatte en chaleur qui feule pour appeler le mal et assouvir ses pulsions tant le jasmin se fait capiteux et discrètement sale. Ce n’est pas le plus indolique de la bane, mais quand même. 

Pour rappel, l’indole est un composant des fleurs blanches qui évoque les matières fécales. Si on vous dit que votre parfum sent le cul, il ne faut pas le prendre mal et jouer les vierges effarouchées : oui, littéralement, un joli bouquet de fleurs peut sentir le cul. Souvenons-nous, en outre, que les fleurs sont les organes reproducteurs de la plante… Et avant de dire « Oh mon Dieu, quelle horreur ! » et de jeter votre flacon de parfum à la poubelle, souvenez vous que c’est ça qui était merveilleux, vous n’aviez pas encore mis un mot dessus, mais la vie, les parfums, c’est sophistiqué/compliqué et puis surtout demandez moi mon adresse pour m’envoyer le flacon !

lee joon-gi & moon chae-won
flower of evil

En parlant de fleur, je me régale de flower of evil sur Netflix, très réussi k-drama/thriller sur un tueur en série. C’est alambiqué à souhait, les acteurs sont très bons (Je sais que Lee Joon-Gi compte quelques fans énamourés ici et si je ne me mets pas dans le lot, je l’aime beaucoup aussi.) et réussissent à être sympathiques et angoissants dans le même temps. C’est sombre et inquiétant comme on aime parce qu’on a le romantisme un peu gothique, non ? Et puis surtout on aime les bonnes histoires bien fichues et pas simplistes. Bref, c’est la recommandation du dimanche matin dont vous n’avez pas besoin parce que j’ai une guerre de retard, ça date de 2020, mais comme on me l’a recommandé et que je ne regrette absolument pas d’avoir suivi le conseil, je le fais passer…