stock! stock! stock!

 


Le stock skincare, c’est un peu ridicule. Entre les dates de péremption et la nouveauté possible qui fera qu’on voudra toujours essayer le nouveau sérum et tant pis pour celui qui est sorti il y a 40 ans (Oui, advanced night repair, c’est de toi que je parle, je t’aime bien mais après tout ce temps, tu n’es plus aussi excitant…), c’est super de ne pas être pris au dépourvu mais ridicule de stocker comme si une guerre allait éclater, pas au XXIème siècle, pas sur le sol européen (Ah, si, ou un confinement, donc il faut quand même avoir un minimum de stock, ce n’est pas juste une névrose.) Mais JAMAIS je n’ai regretté d’avoir un stock de parfum absolument indécent que je continue à alimenter parce que…

D’un point de vue pratique, avec son alcool, le parfum se conserve très bien. Zéro risque de moisissure. Oui, mais ça tourne, argument de séphorette qui n’y connaît pas grand-chose, alors, oui, mais non. Si vous l’exposez sur votre coiffeuse ou dans votre salle de bain, votre beau flacon risque de souffrir et de tourner vinaigre, parce que vous lui faites subir ce qu’il déteste le plus : les variations brutales de température et surtout les UV. (Oui, les UV ne sont pas mauvais que pour notre peau et non, on ne va pas mettre du SPF 50 sur nos flacons.) Mais bien conservé au fond d’un placard dans une pièce tempérée, les risques sont très limités, même si les hespéridés et les chypres souffrent assez vite. (Ce sont les deux familles les plus fragiles.)

Je ne suis pas le genre de personne à laquelle les gens demandent si j’ai senti telle ou telle nouveauté, mais celui à qui on demande, affolé, si j’ai des informations sur tel parfum possiblement reformulé ou indisponible un peu partout, est-ce qu’il s’agit d’une rupture de stock temporaire ou d’une suppression du catalogue ? Affolement, angoisse… Des gens qui méprisaient ma passion pour le vintage parce que « il y a tellement de belles choses qu’on peut tout à fait vivre avec son temps » se sont converti immédiatement lorsque leur parfum préféré tout récent a été reformulé. Je l'ai vu trop souvent que pour ne pas être certain d'avoir raison.


Contrairement au skincare, il y a un vrai attachement sentimental au parfum. Certes, les modes changent mais on peu continuer d’aimer à la folie un ancêtre et vouloir le porter dans une version ancienne alors que plus personne ne voudrait d’un sérum formulé comme en 1960. Que l’Ambre Solaire reste fidèle à son odeur, on adore, à ses filtres, on serait parti en courant.

Je précise bien, parce que les gens ne font pas toujours la différence, que j’ai du stock et pas une collection. Je me fiche d’avoir un petit musée privé, d’être exhaustif. Je veux juste sentir beau, avoir des émotions, porter. Explorer toutes les facettes de la parfumerie ne m’intéresse pas du tout, garder un flacon pour l’Histoire m’indiffère souverainement. Je porte, je dépense, je dilapide généreusement. L’impermanence est l’essence même du parfum. 

Mais pas question de me retrouver un beau jour dans l’obligation de porter des bois kipiks ou de la lessive. Jusqu’à la fin de mes jours, je pourrai porter des choses belles, riches, moirées-mordorées et sentir la vieille, l’échappé d’un livre d’Histoire, le revenant sorti du tombeau. Certains pourront continuer à me mépriser encore longtemps de n’être tellement pas moderne et à la page (c’est un peu bête de leur part parce qu’ils s’attaquent à plus snob qu’eux) et d’autres pourront continuer à me remercier parce que mon sillage leur a rappelé un souvenir cher. Ça m’arrive de plus en plus souvent d’émouvoir les gens…

Avoir un stock de parfums hors d'âge est aussi apaisant que de savoir qu'on pourra payer ses factures à la fin du mois. (Mais il faut tenir compte de l'inflation et continuer à investir!)



NB : j’illustre avec des aldéhydés parce que c’est mon envie du moment, Rive Gauche en particulier parce qu’il est indisponible un peu partout mais que, non, je n’ai pas d’info mais j’ai 350 ml d’avance donc pas trop de crise d’angoisse, même si je trouverais la perte abominable pour la civilisation. (Moins que celle des Bouddhas de Bâmiyân à cause des talibans, d’accord, mais quand même.)


PS : Je suis joie, je viens de finir un flacon de shampoing, ce qui veut dire que j’ai le droit de faire un achat comsétique, chouette ! (Bon, je n’avais qu’un flacon d’avance parce que le shampoing n’est vraiment pas quelque chose qui m’intéresse, mais faute de grive, on mange du merle. Ok, j’ai un format voyage que je pourrais utiliser, mais je le garde pour voyager, ça j’ai le droit. Faut pas pousser.) Mais j’avoue que j’ai quand même un peu craquer, j’ai eu une semaine un peu difficile, très difficile, et après une heure passée au téléphone avec une bipolaire qui me racontait les problèmes de santé de son beau père en entrant dans les détails que je ne lui demandais pas, j’ai reçu un mail de Paula’s choice avec une chouette promotion, j’y ai vu un message de l’univers et j’ai passé une (toute petite) commande de trucs qui allaient être bientôt nécessaires qui m’a coûté à peu près le prix d’une séance chez un psy qui ne m’aurait pas autant apaisé. Sans même parler de l’état de ma peau. 


Commentaires

  1. Je regrette amèrement de ne pas avoir stocké mes parfums préférés. Il se trouve que ce sont plutôt des hespéridés mais dans l'armoire d'une chambre pas trop chauffée ils se conservent tout de même pas mal de temps. On ne m'y prendra plus et j'ai commandé plusieurs flacons de Monsieur Givenchy (le marketing a supprimé le "de" entre Monsieur et Givenchy: ils ont dû trouver que ça fait vieux alors que la clientèle de ce parfum n'est probablement pas jeune et trouvait ce nom plutôt chic. Il vient d'être relancé mais en général, les parfums "historiques" relancés ont une vie courte, d'où ma commande.

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    1. Oh, l'aristocratie ne fait donc plus recette? Ma foi, c'est probablement vrai que la clientèle de ce Monsieur est probablement un peu plus âgée que les minets pop que la réclame semble cibler de nos jours... Quand on aime, ils FAUT stocker. Sinon, on s'éveille un beau matin, on réalise que et il ne nous reste que nos yeux pour pleurer.

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  2. Même pas honte quand j'ouvre le placard aux parfums et que je vois le rayonnage de boites renfermant les précieux élixirs... Ils sont là, comme des enfants sages, aujourd'hui j'aimerais commander Diorella, qui a certainement du être reformulé, mais tant pis, j'ai besoin de chèvrefeuille pour le printemps... qui n'est pas encore là... Gabrielle Dlr

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    1. Les dernières versions n'étaient pas vilaine du tout. (Et il ne se garde pas si bien, la note fruitée est un peu "trop" dans les anciens, je trouve...)

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