shalimar, millésime tonka, guerlain

 


Avec les flankers, on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre. C’est l’une des inventions marketing les plus embrouillée et embarrassante probablement pour nous punir d’avoir réussi à décrypter les hiéroglyphes grâce à la pierre de Rosette. Aller en parfumerie acheter son parfum habituel est devenu un parcours du combattant dont on ne sort pas nécessairement indemne. Avec Shalimar, la vedette historique de Guerlain, ce n’est pas toujours simple…


Il y a la collection souffle qui n’est pas vilaine mais n’a rien à voir avec l’original et des variations plus ou moins jolies et plus ou moins éphémères sans que l’on sache jamais à quoi s’attendre. Les édition spéciales et limitées qui font focus sur une matière, en général la vanille, sont toujours recherchée et appréciées. Peut-être parce que la vanille souvent plus dosée et une note universellement -ou presque- appréciée et que beaucoup résume scandaleusement Shalimar à une grosse vanille alors que c’est quand même un parfum bien plus complexe que ça.

J’avoue ne pas être fan de Shalimar. Je l’adore et il est probablement le parfum que j’ai le plus de plaisir à suivre en rue, mais je n’ai pas vraiment de plaisir à le porter. Ce n’est pas moi, ce n’est pas mon genre. Mais je ne peux pas m’empêcher de sauter dessus et d’accumuler des flacons qui ne se vident pas parce que c’est quand même une merveille dans le genre parfum tapageur des années ’20 avec son gros gros sillage et sa tenue à toute épreuve. Pourtant, ce qui fait sa beauté et son succès, c’est que c’est un parfum qui s’appréhende de plusieurs façons, qui n’est pas figé dans un rôle caricatural. Il y a de la vamp au yeux chargé de khôl dans ses muscs, de la maman qui cuisine des gâteaux à la vanille, de l’épouse bourgeoise au nez soigneusement repoudré et même de la jeune fille sportive dans sa bergamote agressive du départ. (Avis personnel, je préfère la bergamote, les fleurs et la poudre à la vanille, mais chacun ses goûts.)


La version millésime tonka, quasiment épuisée à sa sortie est un bon cru qui change radicalement du précédent. Le départ est plus tarte au citron que dans la version originale et puis on entre dans le Shalimar qu’on connaît mais structuré, restructuré par la fève tonka qui accentue le côté poudré en donnant au parfum une certaine sècheresse un peu raide. Traditionnellement, on dirait plus masculine. Je trouve le résultat très seyant, plus élégant parce que moins alangui dans son ambre, un peu plus sombre, un peu plus facile à porter et plus « moderne » même si je ne pense absolument pas qu’il faille moderniser Shalimar qui est parfait tel qu’il a été conçu. Ce n’est pas pour rien le best seller absolu de la maison Guerlain.


A quelqu’un qui me demande s’il faut se précipiter pour l’acheter, j’avoue que je ne sais quoi répondre. Si vous voulez un flacon de Shalimar parce que c’est un parfum que vous aimez, vous pouvez restez fidèle à l’original, inégalable, si vous voulez un cadeau un peu exceptionnel, j’irais plutôt sur l‘extrait qui reste inimitable dans son merveilleux flacon buste, mais si vous êtes fans de Shalimar, que c’est votre parfum (ou l’un de vos parfums chéris), oui, vous aimerez cette version différente de l’originale, tout en restant très familière qui apporte vraiment quelque chose, un autre regard sur Shalimar. (Tout ça dit par quelqu’un qui s’est précipité pour acheter son flacon.)


Shalimar millésime tonka, Guerlain, 2022.

 

PS : on ADORE la vraie étiquette sur le flacon.

Commentaires

  1. Ce parfum magnifique je n'ai jamais réussi à le porter, il n'est pas pour moi...
    Les premières fois où je l'ai senti dans l'air, c'était dans les années 60', dans certains commerces, où d'opulentes blondes tenaient boutiques. J'étais encore enfant et je les trouvais mémères, très provinciales, genre commerçantes enrichies... L'image m'en est restée...
    Bon w-e ! Gabrielle Dlr

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    1. Je ne le porte quasiment jamais non plus et je comprends. Je n'ai pas le même cliché, mais le mien n'est probablement pas plus flatteur...

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    2. J'ai une question technique sans doute un peu stupide. Comment faites-vous pour changer souvent de parfum sans que le précédent interfère? Malgré le lavage de la peau certains parfums laissent de fortes traces olfactives. Et les vêtements peuvent aussi être concernés. Pour une chemise ou un t-shirt pas de problème mais je ne lave pas mes pulls après les avoir portés une seule fois...

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    3. Je change en changeant de vêtements et j'essaye de parfumer principalement les cheveux en évitant les vêtements. Le plus difficile étant les foulards et écharpes que je lessive du coup beaucoup. Quand certaines traces restent, j'essaye de rester fidèle à la famille. Le musk de Kiehl's ou l’Empire des Indes d'Oriza sur un foulard qui tient encore la trace de Shalimar, ça passe tout à fait. J'ai ainsi des foulards qui sont très aldéhydes, d'autres chypres, malgré les lavages répétés... (Oui, la tenue n'est pas toujours une qualité.)

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