On m’a donné il y a peu une miniature vintage de Jules et j’ai été absolument ravi ! Pas tant que je rêve de porter le parfum, mais pour des raisons assez sentimentales qu’il me faudra bien développer. En attendant, c’est qui ce Jules ?
Christian
Dior avait imposé au monde masculin l’Eau Sauvage, si belle et fine, subtile en
1966 et soutenait les ventes par des campagnes de publicité régulières, signée
Gruau, qui montrait un homme élégant, drôle et assez sexy officieusement surnommé
Jules. Mais depuis plus rien. Il fallait une actualité masculine, une nouveauté,
quelque chose à vendre dans ce monde qui avait changé et ou l’Eau Sauvage n’était
plus aussi incontestée. Naturellement le nom de Jules s’est imposé et la
fragrance était celle de son époque…
Dans la
foulée de l’Azzaro pour homme qui triomphait, la marque a proposé une fougère
virile, un parfum qui n’était pas pour les tapettes avec un départ de cologne
aromatique qui contrastait avec des notes épicées, animales et boisées. (Credo
de l’époque : les hommes, ça sent le bois.) C’est plus fin, plus élégant
que l’Azzaro, certes. Si le torse est velu, il s’exhibe moins, la chemise n’est
pas ouverte presque jusqu’au nombril. Le macho est un peu poli, raffiné, il a
des manières. Ça a du charme, c’est moins brutal, mais je n’irais pas jusqu’à
trouver ça sophistiqué. D’ailleurs, c’est ce qui fait le charme de ce genre de
parfum, son côté premier degré, brut de décoffrage. Le mérite de Jules, c’est
de rendre cela mais en étant moins caricatural que beaucoup d’autres…
Reste que
le parfum est selon moi un peu importable comme tout ceux du genre. Je serais
si je le portais l’agneaux déguisé en loup, personne n’y croirait. Pas décalé,
cela devient un peu pénible. À vrai dire, ce genre de parfum qui respecte à ce
point les canons d’un genre n’est joli que porté occasionnellement, entre
guillemets et l’exercice est périlleux. Jules n’est vraiment joli que sur une
jeune femme en fait…
Mais je
suis ravi de le posséder parce que c’est une madeleine. Jules, c’est toute une
époque. Je suis trop jeune que pour l’avoir porté à sa sortie mais il me plonge
dans une ambiance, une atmosphère. Il sent le salon de coiffure pour hommes de
province, la pile de playboys posée sur une table plateau en verre fumé, pieds
en alu, le savon à barbe, le shampooing, l’eau de cologne et la lotion au pin
dans un après midi d’été, les hommes qui s’ennuient dans la chaleur et qui
pensent aux femmes. Que ce soient les midinettes à aller séduire le soir au
dancing façon Tony Manero pour les plus jeunes ou la légitime à laquelle on est
bien content d’échapper une paire d’heures pour les plus âgés. Pas forcément le
genre de cliché qu’on veut vivre mais on prend du plaisir à fouiller dans les
archives, à regarder les vieilles photos jaunies, sans pour autant espérer le
retour de ces jours révolus. (OK, c’était mieux AVANT quand on cause parfum, mais
à condition que je puisse faire une sélection stricte de ce que je prends et de
ce que je laisse.)
Jules, Jean
Martel pour Christian Dior, 1980.
Oui, une pépite ! Le flacon d'origine en plus ! Lorsqu'on allait à la parfumerie, chez Marie-France ou chez David, et pas encore dans les "supermarchés des cosmétiques" avec vendeuses interchangeables, les petites boutiques cossues où là où le commerçant était une relation, presque un ami, qui vous connaissait et avait toujours une gentille attention pour vous, c'est là que je l'ai eu cette miniature ! Quand notre Nestor Burma prêtait son image et prénommait son fils Jules ! Toute une époque, comme dirait Bernard Blier dans les tontons flingueurs ! 😆
RépondreSupprimerJ'ai oublié de signer : Gabrielle Dlr
RépondreSupprimerMais oui, toute une époque, une ambiance rétro pour un parfum qui n'est pas devenu un classique mais qu'on aime bien quand même, justement pour ça d'ailleurs...
SupprimerJe crois que plus de miniatures de Jules ont été distribuées que de flacons vendu ;-)
RépondreSupprimerCe n'est pas impossible...
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