horizon, oriza l. legrand

 


À ceux qui comme moi ne sont pas à la pointe de la mode et de la modernité (oui, c’est un euphémisme), le patchouli est évocateur d’ailleurs et d’Indes. Je ne pense pas à celui des hippies, beaucoup trop moderne pour moi, mais à la découverte du patchouli en Europe, lorsque l’on faisait venir par bateau des châles en cachemire et qu’on glissait dans les caisses des feuilles de patchouli pour éloigner les insectes et que le patchouli imprégnait les châles des élégantes. (Oui, dans ma tête, je suis encore au XIXème siècle.) L’Horizon d’Oriza nous parle forcément.

C’est donc un patchouli, très net. Quelques scintillements d’agrumes en référence aux année 20 le lance, puis la matière s’installe, pénétrante, profonde, présente et tenace avec ses accents de cacao, des nuances un peu liquoreuses, et somme toute relativement bien élevée pour un patchouli. Ce n’est pas celui qui à la diffusion la plus invraisemblable. Ce qui n’est pas un défaut. J’aime beaucoup le patchouli, je l’aime très présent mais j’ai parfois envie d’un parfum portable en société, d’un patchouli de bon goût. (Je ne déteste pas la vulgarité d’un sillage très présent, mais pas nécessairement tous les jours.)

Ensuite le fond, typique de la maison se fait présent, un peu baumé, ourlé des fumées du benjoin avec ce côté « à l’ancienne » typique de la marque, entre poudre et poussière qui donne cette sensation de sentir un parfum véritablement ancien, un patchouli qui se serait accroché à un châle antique, bien plus duchesse que cocotte. C’est très romantique 1830, parfait pour relire Balzac. 
(Avec plaid et thé servi dans une tasse en Wedgwood ? Oui !)



Horizon, Hugo Lambert pour Oriza L. Legrand, 2013.

PS : avons-nous besoin d’un patchouli en plus dans notre collection ? Je peux juste parler pour moi, mais je n’en avais que deux, si je retire les parfums très patchouli mais pas trop comme l’Aromatics Elixir de Clinique. Il y a le mètre étalon de Réminiscence qui est incontournable et finalement absolument parfait. (J’aime beaucoup son côté « je m’impose et je détruis tout sur mon passage » pour les jours où je n’ai pas envie de subtilité même s’il est plus intéressant que juste une grosse matière surdosée. NB : j’ai une version un peu ancienne, il parait que l’actuel à perdu en puissance, c’est dommage, cela faisait partie de son charme un peu louche.) Il y a aussi l’Eau du Soir de Sisley, plus habillé avec son quota de paillettes qui fait chic et sans prise de tête mais pas si décontracté quand même que dans le fond je porte vraiment peu, voire quasi jamais. Horizon prend une jolie place à part, plus introvertie. Cette part de nostalgie qui s’invite dans le parfum lui apporte beaucoup, un petit supplément d’âme, un spleen de dandy blasé qu'on aime beaucoup, qui le rend un peu unique et indispensable pour les amateurs.

ET PUIS : MORE IS MORE.




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