"Sans ombre de tartuferie, mais avec une pointe de cabotinage."
Marcel
Proust, à la recherche du temps perdu, le temps retrouvé, 1927.
Knowing
célèbre la rencontre du power dressing et du glamour bling bling. C’est un
vestige des années ’80 que ne peut renier la décennie qui l’a vu naître. Très
épaulé, ce n’est pas le plus facile à porter. Le trouver daté à cause de cela
serait me méjuger. Knowing a toujours été un parfum qui devait s’assumer tant
sa rose hurle qu’elle est prête à en découdre.
Tout commence dans un grand scintillement d’aldéhydes, une explosion de paillettes digne du Hollywood technicoloré des années ’50. Les notes fleuries s’installent, on sent le jasmin, la tubéreuse, l’artillerie lourde des fleurs blanche pour un rendu un peu gardénia qui n’est cependant là que pour servir de faire-valoir à la note de rose typique de l’époque. Tellement saturée qu’elle en est presque fluorescente, elle n’est pas sans rappeler d’autres créations. (Allant du parfum de peau de Montana au poison de Christian Dior.) Category is : « portes qui claquent, ongles qui font clac clac clac en tapotant la laque noire d’un piano à queue et fumée de cigarette soufflée vers les partenaires avec un mouvement des lèvres qui évoque autant le baiser envoyé que le venin craché. » Une prune confite, discrète mais perceptible vient arrondir les angles, juste assez pour rendre le parfum désirable.
J’avoue un faible pour ce parfum. Parce que j’aime beaucoup cette époque qui l’a vu naître et dont on ne peut que difficilement comprendre l’énergie aujourd’hui et parce que c’est l’un des représentant qui a le mieux vieilli, traverser le temps. Chez Lauder, on avait le sens du patrimoine et Knowing ne faisait pas exception, il renvoie à l’histoire de la marque, du groupe, la filiation avec Youth Dew ou Aromatics Elixir est évidente et lui a donné un petit quelque chose de classique qui lui a évité d’être caricatural. Il m’évoque toujours un peu Bette Davis, il cabotine, en fait trop, mais on ne va pas se plaindre qu’il fasse son show, on se régale.
(Tout compte fait, peut-être que je devrais mettre la main sur une version ancienne. Tant qu’à faire…)
Knowing,
Elie Roger pour Estée Lauder, 1988.
Merci pour ce joli billet.
RépondreSupprimerAujourd'hui, les personnes attachées depuis longtemps à un seul parfum ont toujours peur qu'il disparaisse subitement du marché. Du coup, même une reformulation pas toujours très réussie leur semble un moindre mal. Lorsqu'un parfum n'est plus produit il y a encore des milliers de clients potentiels (la preuve est la vitesse à laquelle ils disparaissent également des stocks en ligne).
Dommage que les grandes maisons n'aient pas un système pour continuer à produire, sur commande, les grands classiques pour les amoureux de tel ou tel parfum. Et puis lorsque plus personne ne le commanderait ils pourraient abandonner la production.
C'est un système qui reviendrait beaucoup trop cher, ça, je m'en rends très bien compte et je ne jette pas la pierre aux marques pour ça. Plutôt pour avoir une politique qui consiste à ne pas soutenir un parfum sur la durée. Après, je suis aussi le premier à me plaindre quand il y a des disparitions... C'est aussi un peu pour ça que j'ai un blog, pour parler des anciens, essayer de les faire vivre, en parlant de ce qui n'est pas l'actualité, ce qui n'intéresse plus la plupart des clients et pas du tout le service marketing qui s'en fiche de mes états d'âme sur Estée ou Kowing. Au moins, je pourrai me dire que j'ai essayé à ma toute petite et micro mesure.
SupprimerJe ne le trouve dans aucune parfumerie n est il plus produit je panique vas t il disparaitrebcela me semble difficile à envisager
RépondreSupprimerAlors, il y a un vrai problème de distribution des parfums Lauder en France, ça ne veut pas dire fin de production. On les trouve beaucoup plus facilement en Allemagne par exemple. ça vaut la peine d'essayer sur le site de la parfumerie Douglas etc.
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