Liu, changement de flacon...

 


En temps normal, je ne publierais pas sur une news (même réchauffée et dépassée) j’ai horreur de ça, ça ne m’intéresse pas à lire, alors encore moins à écrire. Mais quand même quand Guerlain refond ses lignes, j’ai envie d’en parler. Pas pour me plaindre parce que mon cher Bois d’Arménie va me couter un peu plus cher si jamais je décide de le racheter ou pour parler de la beauté/non-beauté des flacons parce qu’en vrai, les flacons, je m’en fiche un peu. (Moche, c’est très bien, ça attire moins les collectionneurs et ça fait baisser les prix en seconde main !) 


Mais je vais surtout voir le côté positif : Liu, un classique que j’aime beaucoup redevient accessible. Fin des parisiennes et retour au flacon standard des légendaires. (Que ce soit le format « heure bleue » ou un autre m’indiffère.) En réalité, retour à la collection "régulière et standardisée" qui était celle de Liu avant que la folie de la niche et de l'exclusivité ne s'empare des marques... Plus accessible en termes de distribution, moins cher, je trouve que c’est une excellente nouvelle.


Liu, c’est la mode des années ’20 (1920), les aldéhydes et un fort côté N°5. Relativisons, ce côté N°5, à l’époque, on baignait dans les aldéhydes et on les trouvait probablement aussi différents les uns des autres que les roses-oud/patchouli nous ont parues différentes.  Et il FAUT suivre la mode si on veut vivre, on ne peut pas toutes les lancer. Et Liu est très beau. Lumineux avec ses aldéhydes, ses belles notes florales, son jasmin crémeux et surtout son fond ambré, poudré qui rappelle les autres créations de Jacques Guerlain. C’est flatteur en enveloppant, un peu plus cocotte. Ce côté cocotte, finalement, c’est peut-être un peu moins moderne pour les années ’20, mais ça a fort bien vieillit. La richesse grasse et bourgeoise du N°5 est devenue 20 ans dans la gueule, le côté cocotte de Liu a encore énormément de charme canaille.


Et Liu a été mieux maintenu que le N°5. Il garde un beau fond riche et dense, chargé d’histoire(s) et sa belle patine ancienne. Alors que le N°5 de Chanel se contente de s’appauvrir avec des muscs blancs qui sentent bon le propre et reste un parfum élégant mais sans âme et sans histoire. Vous n’auriez pas cru que les parfums pouvaient devenir amnésique, c’est hélas bien le cas. Mais n’ayez crainte, Liu a bonne mémoire et resplendit. L’une des légendes veut qu’il ait été créer pour une femme qui ne pouvait/voulait pas porter du Chanel, aujourd’hui, il console les déçus de la rue Cambon qui ne s’habituent pas au virage moderne des muscs. Cela dit, il mérite d’être aimé pour lui-même. Le porter convainc que ce n’est pas un parfum « par dépit. »  



Commentaires

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    1. Oh, vraiment, Liu quand on aime les choses classiques, ça vaut vraiment la peine d'aller à sa rencontre.

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  2. Je pense tout pareil. Content de voire Liu mieux diffusé! Il me reste tester son incarnation actuelle. (Je n'ai jamais eu de déclic pour la version EDT ancienne de Liu).
    A quand le retour du n°22 dans les parfumeries normales? Oui, comme dans les années 90. Ah, rêvons...

    Mais je vous (tu?) trouve dur avec le n°5.
    De temps en temps, l'EDT est très bien, elle a presque des atours de "Après l'ondée" avec un fond plus santal. (Iris violetté, rose jasminée, ambre santalé musqué)
    Ce sont l'EDP et l'extrait qui font parfois hors sujet.
    L'axe principal de reproche à faire du n°5, c'est que Mademoiselle Chanel ne voulait pas d'un parfum qui sente la fleur, mais qui sente la femme.

    Donc les vielles versions sentent positivement le laboratoire (plus d'aldéhyde façon boîte de vitamine B) et la civette (le sale façon culotte à laver et eau croupie). Chanel semble ne plus utiliser la civette, je salue cette façon de tenir ses engagements.
    L'actuel contredit la créatrice, puisqu'il sort presque de l'abstraction pour être un iris et une rose très figuratifs, le tout de très belle qualité. Et puis, même s'il est reformulé pour être un peu trop ambré certaines années, ça reste un des rares extraits à sentir fort, et au rapport qualité prix bon même au prix du neuf. (Bref, ça reste un "vrai" extrait.)
    Mais je préferai toujours amplifier l'EDT, pour la poésie de son nuage poudré iris rose presque anisé.

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    1. Oh le NN°22, pour l'instant, je le trouve fort décevant et il peut rester exclusif... On est passé de grand aldéhydé à une peu d'aldéhydes et beaucoup de muscs, les gens aiment bien, parce que ça sent le propre, mais ce n'était pas ce que j'aimais. Personnellement, dans la version eau de parfum, je renonce.

      Le 5 en extrait est actuellement fort beau même si je suis d'accord, il est un peu trop figuratif, mais il reste un parfum qualitatif et intéressant. L'eau de toilette, vraiment, elle manque trop de fond. Je l'ai connue bien plus glorieuse. Je la porte encore avec plaisir, mais je lui préfère Liu et son vrai beau fond délicieux.

      Dans un autre genre de revisitation des classiques aldéhydés, j'aime beaucoup l'infuson d'iris de Prada qui reprend les codes propre-sale du N°5 (et qu'on associe surtout au 19 à cause de l'iris) et qui joue plus finement la partition des muscs. Là, on a une vraie modernité qui retranscrit admirablement un propos ancien avec des éléments de surprise... C'est un parfum qu'on néglige beaucoup trop!

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    2. (JulienFromDijon)
      Mes derniers tests, pour détecter les reformulations, ont inclus l'extrait du n°22 en boutique. L'extrait est très très beau.

      Du coup je n'ai pas testé l'EDP actuel, qui a peut-être été corrigé en mieux. Il avait perdu son escalade d'aldéhyde du début -or il a besoin de ce contraste-, et l'ylang-ylang y était devenu pénible et synthétique (grosso modo, un lys blanc vanillé raté, détectable dès le début).

      J'irais sentir mon flacon (d'infusion) d'Iris de Prada. J'ai beaucoup de parfum à l'iris car c'est une de mes notes préférées, et mes exigences sont délirantes. J'avais détecter dans le Prada l'effet de l'iso-E-super et de l'ambroxan. Donc, quand je me dis que je pourrais approfondir ma connaissance de cet iris de prada, ma main dévie vers un Iris plus corsé (ex : Iris nobile d'Acqua di parma) ou un parfum dont j'apprécie l'ambroxan(ex : un Diorella EDT ancien, Eau du sud de Goutal...). Au stade où j'en suis, je devrais peut-être revendre mon infusion d'iris, et mon hiris d'hermès.

      A l'inverse, le dernier de chez Divine, l'esprit libre, m'a tout de suite intéressé. On sent bien le côté crinière du beurre d'iris. Je ne l'ai pas assez testé, pour voir si j'adhérais aux inflexions "pour bébé" de l'effet néroli, et à son ambroxan dans le fond. Par ailleurs, quand l'ambroxan et les muscs blancs sont trop dosés, ça m'interdit d'en vaporiser beaucoup sur le tissu pour amplifier le sillage.

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    3. L'iris de Parada, je l'adore mais pour moi, ce n'est pas vraiment un iris (de toute façon les solinotes et compagnie, ça m'ennuie profondément) mais une relecture des classiques transposée dans la modernité. Personnellement, je l'adore, mais je comprends tout à fait que pour celui qui cherche une variation sur le thème iris, ce soit un parfum décevant.

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