chypre, c'est l'automne



L’automne est bien là. Le feed des connasses d’Instagram passe en rouge-orange-jaune, mais c’est surtout à mes envies de plaids et soupes bien chaudes que je le sens. Bon aussi à mes envies de thé. En ce moment, je me régale de Lune Rousse (chez Honoris Causa) petite douceur à l’amande qui plaira à tous ceux qui ont eu envie de manger de la colle à l’école. La lumière me déprime et je vois volontiers tout en noir. Septembre avait jadis un côté excitant, c’était le mois des nouveautés… Mais c’était excitant quand on ne sortait pas une nouveauté par mois. Aujourd’hui, on est tellement gavé qu’on n’en peut plus. Mais le bon côté des choses, c’est que la palette parfum s’élargit quand la chaleur s’en va.

 

Je ne sais ce qu’il en est pour vous, mais c’est un plaisir de redécouvrir mes placards et de ressortir des senteurs plus « saisonnières. » En ce moment, c’est une vraie saison d’amour pours toujours avec le chypre qui commence. Le chypre, c’est élégant, intelligent et ça sent le sous-bois. Le chypre, je l’aime vert et froid ou torride pour public averti. Mais je fais la gueule dès qu’il est question de rose patchouli. Parce que ça peut être beau mais c’est quand même TRES réducteur. Petite sélection :

 

Si septembre vous donne envie de vous précipiter chez la couturière pour un nouveau tailleur très élégant, vous êtes peut-être prêt à porter Jean-Louis Scherrer. En soi, ce n’est pas la plus grande œuvre d’art qui soit. Non. C’est juste l’idée qu’on se faisait d’un parfum bien fait dans les années ’70 et c’est fort bien coupé. Le départ aldéhydé, la note verte et froide, le fond de mousse, tout se tient, tout est parfait, tout est raide comme la justice. J’adore. Ce n’est pas très inspiré, juste un parfum très bien fait dans le style de l’époque, mais c’est parfait. Et ça fait passer le N°19 pour une petite sotte sentimentale. Dans le même genre, il y a Y de Saint Laurent. C’est plus haute couture que petite couturière, très hautain (et l'un de mes  préférés, je crois), mais le parfum est réchauffé par une note de pêche qui dévoile un joli décolleté à la peau douce. Sans chichi, c’est l’un des parfums les plus élégants qui soient. Il possède une grâce dépouillée sans être austère.

 

J’aime beaucoup les verts fleuris comme Miss Dior (version ancienne) ou Vol de nuit. (Qui manque de fond, mais à un départe tellement beau.) Le Miss Dior est adorablement romantique et très élégant avec ce mélange de fleur fraîche qui fait jeune et ce petit col en fourrure dans lequel c’est si bon de se blottir quand les températures sont encore douces mais que le fond de l’air est frais. (Ou l’inverse ? Flaubert n’ayant pas tranché, ne comptez pas sur moi mais lisez le dictionnaire des idées reçues, c’est un grand moment de drôlerie.) Vol de nuit a fortement inspiré le parfum de Dior, on s’en rend compte quand on connaît les versions anciennes, mais alors que Miss est un peu infréquentable pour moi aujourd’hui, le Guerlain est encore un fort joli moment notamment pour son départ jonquille-narcisse beau à couper le souffle en extrait. Peut-être l’une des plus belles incarnations actuelles du luxe des belles matières en parfumerie.

 

Et il y a les indécents. Mitsouko est un chef d’œuvre. Un chypre ou cake à l’orange amère est suivi d’une promenade dans le sous-bois. Un parfum très bijouté, très sophistiqué, mais qui ne parvient pas à faire oublier que sous le bijou il y a la peau nue. Mitsouko est bijouté, mais pas habillé. Plus indécent, il y a le Femme de Rochas. Ses fleurs et ses aldéhydes l’habillent parfaitement, mais tout le parfum crie qu’on ne s’habille que pour être déshabillé. JE préfère les version ancienne qui font la part belle au chypre moussu et à la prune aux versions années ’90 très cumin. Il n’y a pas trahison, c’est fort beau, fort cohérent, mais j’accroche moins. Disons que je peux sortir de chez moi sans culotte mais que j’ai du mal à lâcher ma guêpière. Qui a dit que parce qu’on avait les fesses à l’air il ne fallait pas lacer son corselet un peu serré ? Certainement pas moi !

 

Voilà, une toute petite sélection du moment. Et dites-moi ce que vous, vous portez, de quoi vous avez envie…

Commentaires

  1. Oh quel beau texte!
    Bon là je porte la petite sotte sentimentale (mais quelle géniale trouvaille), on verra dans quelques semaines ce que mon nez réclame.
    Je suis chiante, ce sera sans doute mon adoré La Pausa.
    Il faut que je passe chez Guerlain, tes posts IG et tes textes me donnent envie d'aller sentir les pépites de cette maison, je les ai oubliées, c'est moche.

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    1. Ah mais oublier Guerlain, c'est affreux! Ils ont un stock de merveilles impressionnant. Et de parfums moins merveilleux mais fort jolis! (Comme ce Champs Elysée qui n'est pas le plus grand des parfums mais qui est tellement plaisant à porter par exemple...) Oui, enfin, le 19 en petite sotte, c'est uniquement dans l'absolu. En vrai, senti seul, il est bien plus sérieux. (Oserais-je dire que je le surnomme la salope frigide? et que c'est un immense compliment? J'adore le porter.)

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  2. Comme si le laisser-aller de l'été appelait nécessairement à la raideur, à une re-saisie des chairs !

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    1. Oh, parfois, la chair saisie, ce n'est pas une option à négliger...

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