lundi (re)lecture


Quoi de neuf dans mes lectures ? Rien, ou presque. J’ai relu. Parce que je suis un gros relecteur, un de ceux que Marie Kondo autorise à garder les livres après les avoir lus. (NB : je n’aurais pas écouté Marie Kondo si elle m’avait dit de jeter. Même si je me débarrasse de beaucoup de livres que je dépose dans des boîtes à livres.) J’ai donc relu Jane Austen pour la … Sixième fois ? (Je l'ai lue la première fois au début des années '90. En trente ans, non, ça ne fait pas tellement de relectures finalement.)

 

Jane Austen, on la prend pour une auteure de romans à l’eau de rose sans l’avoir lue parce que c’est une jeune femme du XIXème siècle qui raconte la marche vers le mariage de ses héroïne. Rien n’est plus faux ! Jana Austen est beaucoup plus classique que romantique et elle met en garde contre les égarement de la passion et les piège du romantisme. Elle jette un regard critique sur la société dans laquelle elle vit, une société qui ne fait pas la part belle aux filles, et puis surtout… Jane est drôle. Terriblement. Elle dépeint minutieusement le milieu de la gentry et croque les ridicules de ses personnages sans méchanceté mais avec férocité. Les héroïnes ne sont pas épargnées et leurs familles sont des sources constantes d’amusement, de scènes de pure comédie. Les introductions de Jane Austen sont de petits bijoux de drôleries. Mention spéciale à Orgueil et préjugé. (Pour les personnages, j’hésite : Monsieur Eliott et sa coquetterie digne d’une influenceuse contemporaine pourrait détenir la première place mais j’ai une petite tendresse pour la santé du père d’Emma…) Jane Austen sait aussi peindre des héros qui ont beaucoup de charme même si je n’ai jamais vraiment compris pourquoi tout le monde courrait après Darcy. Le sexy capitaine Frederick Wentworth avec son aura de marin qui a beaucoup voyagé l’emporte largement sur lui, de même que Monsieur Knightley… Bref, ce fut une lecture de « vacances » sage, raisonnable mais terriblement amusante. Avec pour principal défaut de m’avoir rendu un peu difficile pour mes autres lectures.

 

Benjamin Whitmer, évasion. Gallmeister, 2018.

 

C’est le roman noir de la sélection. Dans une petite ville du Colorado où il n’y a rien qu’une prison, des détenus s’échappent. Le livre raconte la traque qui dure une nuit. C’est l’Amérique de 1968, dans ce qu’elle a de plus dur et de plus sordide. Dans ce roman, on peut vraiment dire qu’il n’y a plus d’espoir. On ne peut se raccrocher à rien, à aucun des personnage. Il n’y a que la violence, des hommes broyés, qu’ils soient traqueurs ou traqués, simples citoyens ou victimes. L’auteur change les point de vue constamment, mais la fatalité s’acharne sur chacun. On cherche, mais on ne fait que s’enfoncer, il n’y a pas de rédemption, on en vient à souhaiter une apocalypse, que la ville tout entière brûle, et que les choses puissent recommencer à zéro. On lit sans lâcher ce livre qui nous remues. Je ne dirais pas que j’ai aimé ou que j’ai pris du plaisir, les mots sembleraient mal choisis, mais j’ai dévoré.

 

Clément Grobotek, moi, j’embrasse, 2020.

 

Le sous-titre « un ancien escort témoigne » dit tout. Ce n’est ni bien ni mal écrit, ça se lit vite, aussi vite qu’un roman d’Amélie Nothomb, ça méritait deux pages d’interview dans un magazine ou un reportage sur TF1, mais pas plus. Le récit ne m’a pas touché, je n’ai eu aucune empathie pour l’auteur. Ça ne passe pas, ça ne m’intéresse pas. Ce n’est pas de la littérature et j’ai du mal avec le genre « témoignage » en général. Je fais court et froid ? C’est aussi l’impression que m’a laissée le livre.

 

Chris Claremont et Brent Anderson, X-Men : Dieu Crée, l'Homme Détruit.

Je sais, on ne me voit généralement pas en amateur de comics ou bd. Pourtant, j’aime bien ça, ça a commencé avec de vieux Batman et Robin qui traînait dans le grenier de mes grands-parents. (Et je me demande toujours à qui ils avaient appartenus.) Je n’ai jamais vraiment renié mon amour pour le genre, juste laissé tomber mais j’y reviens volontiers. J’aime bien le X-men. Pas parce que ce sont les plus forts ou les plus beaux, mais parce qu’il y a des vraies valeurs qui sont défendues dans les comics : ils parlent de diversité, d’acceptation des différences, des sujets encore et toujours d’actualité. (Hélas, ! on aimerait trouver ça complètement démodé, n’est-ce pas ?) 

Dans cette histoire, un évangéliste se lance dans une croisade pour éradiquer les mutants, une abomination, une injure faite au Seigneur. Voilà l’idée. Ce n’est pas très neuf et on a déjà l’idée vu mieux traité, le dessin plus joli et plus moderne. Ce qui est intéressant, c’est l’absence de manichéisme : les personnages ont des positions différentes et nuancées. Tout n’est pas noir et blanc, il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autres les méchants.  (À part dans la tête du prédicateur !) Il y a même un certain jeu politique qui se joue devant nous : il faut choisir un camp et s’allier à des gens dont on ne partage pas toutes les positions, même si c’est de façon temporaire, pour pouvoir agir… Lisez-le pour vous convaincre que le genre « super-héros » n’est pas que des niaiseries pour grand gamins ! (Et dites-moi quel est votre X-men préféré !)

 

Sholem Aleykhem, étoiles vagabondes, le tripode.2020.


Le roman est traduit du yiddish par Jean Spector. C’est un roman d’apprentissage qui suit une troupe de théâtre yiddish. C’est cocasse, dramatique et foisonnant, plein de fantaisie. Le langage est un vrai bonheur. C’est dithyrambique, on croirait lire la transposition des discours d’incorrigibles bavards. Ce qui fonctionne particulièrement bien pour rendre le comique des situations, celui des personnages, les dialogues et donne l’impression parfois de suivre un monologue intérieur, même si le regard du narrateur reste toujours extérieur. Il y a un plaisir de raconter, d’enjoliver, de se perdre dans les anecdotes secondaires. Ça m’a emporté, je me suis volontiers laissé amuser et émouvoir par ce monde bohème. Jouissif. 

 

Et si vous avez des coups de cœur et des conseils, je suis preneur. (Et je note aussi les trucs à éviter !)

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

  1. J'ai été de la team Darcy jusqu'à ce que je lise Persuasion donc MERCI de rétablir enfin la vérité. (Maintenant je vais lire le reste du billet, mais je tenais absolument à fournir cette contribution de haut vol)

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    1. Nous ne laisserons pas la team Darcy nous duper et nous embobiner plus longtemps!

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  2. Ah ah, team Darcy, enfin team Colin Firth incarnant Darcy, ça vient quand même de là toute cette histoire. Je viens de regarder pour la ??? fois la mini-série après avoir enfin lu Orgueil et Préjugés en français (mon volume Penguin peut souffler un peu), mais quelle pépite que ce roman, à chaque lecture il est meilleur!
    Je suis d'accord, Mr Knightley est l'un de ses personnages masculins les plus charmants. Note pour plus tard: relire Emma.

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    1. Et relire persuasion! PArce que Le capitaine, quand même... Mais JAne forever, c'est certain. D'ailleurs, je commence même tout doucement à collectionner les éditions... (Ma traduction préférée étant celle de la pléiade, parce que les notes, tout ça.)

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    2. Les notes de la pléiade sont un trésor! Je découvre le plaisir de lire cette édition avec ma Jane chérie, c'est parfait. Je vais tout relire, ça fait tellement de bien!

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    3. Ah, je suis très fan et ce n'est pas du snobisme, même si l'objet est beau... On prend un vrai plaisir à relire des classiques et à les redécouvrir. En plus il y en a pour tous les goûts... Mention spéciale à Dracula et aux récits vampiriques qui manquent souvent de "bonne éditions annotées" et dont certaines histoires sont difficiles à trouver. Bref, oui, j'aime beaucoup même si c'est avec lunettes de lectures obligatoires!

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