JOY

the real one


Joy, Jean PAtou
Photo en arrière plan : construction de l'empire state building , Lewis W. White


"Et quand, en se retirant, la princesse, relevant Mme de Guermantes qui lui faisait la révérence et voulait lui baiser la main, l’embrassa sur les deux joues, ce fut du fond du cour qu’elle put assurer à la duchesse qu’elle n’avait jamais passé une meilleure journée ni assisté à une fête plus réussie."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1921.

Lancé, sur fond de crise, comme le parfum le plus cher au monde, Joy pouvait sembler indécent, voire même d’une certaine vulgarité nouveau riche. Ne vous arrêter pas au slogan, Joy mérite mieux que ça. Le parfum n’est pas très construit. À l’inverse d’un N°5 originel et d’un Arpège, avec lesquels il a longtemps incarné le « parfum de la bourgeoise », il sentirait plutôt le naturel. Certes, il y a quelques aldéhydes associé à la tubéreuse au départ et un fond discrètement boisé-musqué, mais Joy est avant tout un duo de rose et de jasmin. C’est éclatant et massivement floral. On est assez proche d’une certaine parfumerie de niche actuelle qui joue la saturation de belle matière joliment sertie pour faire luxe. N’est-ce pas by Killian ? Mais l’effet est beaucoup plus joli dans Joy. (By Killian étant d’après moi, une marque horriblement vulgaire pour mafieux enrichis, ça, c’est dit.)


La rose et le jasmin alternent leur effet, mais le résultat est, tout au long du parfum assez peu évolutif, absolument charmant. C’est très naturel, très grosse brassée de fleur en été, avec une profusion généreuse et joyeuse. Joy est sexy, son jasmin à le décolleté bien rempli, mais les roses le drapent de leur romantisme et lui évite l’exhibition. Joy, c’est la belle plante qui ne se donne qu’a un seul, à la fois, c’est de l’été, de la nature opulente et lumineuse qui donne envie de faire la fête.

Joy, Henri Alméras pour Jean Patou, 1930.


NB : Le parfum de Patou a je trouve mieux vieilli que le Chanel et le Lanvin cité plus haut dans le billet. C’est peut-être l’Histoire qui se charge de donner tort à Chanel qui prétendait que les femmes ne voulaient pas sentir le parterre de rose. Si, si, il y aura toujours, quelle que soit la mode, des gens qui voudront sentir la rose, le jasmin… Les fleurs refleurissent régulièrement, elles sont increvables. J’attends toujours le retour des grands aldéhydés. (Cela étant dit sans la moindre ironie, j’aimerait vraiment que ce genre de fragrance soit de nouveau en vogue !)

Commentaires

  1. Bonjour. Les versions actuelles sont elles préservées ? Je n'ai pas eu l'occasion de sentir.

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    1. Alors, c'est moins bien, mais ça reste très beau, si tu aimes la rose et le jasmin, tu peux d'autant plus foncer qu'on les trouve à vils prix et que c'est le moment de faire des stocks...

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