le roman du brexit

lundi lecture


« -Il y a des choses qui ne t’effleurent pas, hein ? -Qu’est-ce qui ne m’effleure pas ? -La colère qu’on éprouve devant cet air de supériorité morale qui émane de vous autres en permanence. »

Le dernier roman de Jonathan Coe parle du Brexit. Il avait l’habitude de regarder la société anglaise mais le regard n’était pas aussi contemporain. Pourtant, la magie est à nouveau présente : c’est un vrai bon roman, avec des personnages que nous retrouvons (ceux de bienvenue au club qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu pour comprendre et se laisser porter par le roman.) avec plaisir pour savourer ce qui est avant tout une vrai bon livre, une histoire. Le thème me faisait un peu peur et j’ai eu du mal à entrer dans les trois premiers chapitre mais la magie a opéré et je me suis retrouvé pris dans l’histoire, j’ai ri (Pour ceux qui ont lu : à la scène de la penderie notamment.) et j’ai été ému aussi. Presqu’aux larmes et déprimé aussi par ces anglais qui tentent de vivre leur vies en spectateurs ou en acteurs de l’Histoire.

Le constat dressé par l’auteur n’est pas joyeux. Le brexit, puisque c’est de ça qu’il est question, n’est pas une victoire. La désunion, le rejet, c’est quelque chose qui laisse profondément triste. En même temps, il n’y a pas de jugement, pour aucun camps, de l’empathie, de la compréhension. (Oui, on peut avoir de l’empathie même pour des vieux cons étroit d’esprit.) La seule condamnation qu’il y a peut-être, c’est pour ceux qui ont laissé faire, c’est pour ceux qui n’ont pas voulu voir. Et c’est en ce sens que le roman est intéressant, qu’il nous parle à tous, qu’il va plus loin que le cœur de cette Angleterre qui lui donne sont titre. C’est un roman qui nous remet en question, nous mets face à nos propre lâcheté, à notre propre aveuglement.

C’est un livre à lire, parce que c’est Jonathan Coe, qu’il faut profiter de l’humour anglais tant que le brexit n’a pas eu lieu, et parce qu’il faut se regarder dans le miroir qui nous est tendu sans se voiler la face, pour une fois. (Et que tant qu’a me regarder dans un miroir qui n’est pas flatteur, je préfère quand même qu’il soit aimable.) 

Jonathan Coe, le Cœur de l’Angleterre, Gallimard, 2019.

Commentaires

  1. On pourrait écrire le même livre avec les "particularités françaises"...
    Vous qui connaissez bien cet auteur, par quel livre me conseillez-vous de commencer à le lire ? Merci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai aimé expo 58 parce que ça se passe à Bruxelles, La pluie avant qu'elle ne tombe est très émouvant, la maison du sommeil parlera aux insomniaques... Jonathan Coe m'a assez peu déçu je dois bien le dire. (J'ai peut-être moins aimé la vie privée de Mr Sim)

      Supprimer
    2. Je vous remercie de votre réponse, je vais m'attacher à lire toutes les présentations de ses ouvrages, et je ferai un choix ensuite...
      Je suis étonnée d'avoir autant de points communs avec vous ! Anglophile, Proustien, amoureux des parfums et cosmétiques... Vais-je en découvrir d'autres ? A suivre....

      Supprimer

Enregistrer un commentaire