iris

« J’avais le vertige de voir au-dessous de moi et en moi pourtant, comme si j’avais des lieux de hauteur, tant d’années. »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le temps retrouvé, 1927.

J’ai eu la chance de sentir, et même de porter, l’Iris de Jacques Fath, déraisonnable réédition de l’Iris Gris original. Je ne saurais dire, ne l’ayant pas connu si la reconstitution est fidèle, mais l’esprit est là et on respire un temps qui n’est plus en sentant le parfum. 

échantillon fourni par Maelstrom
 
On appréciera tout particulièrement que ce soit une équipe jeune qui ai remporté le projet. Oui, il y a des jeunes parfumeurs talentueux, on est content de pouvoir sentir leur travail, on aime qu'il y ai une relève qui soit créative et qui maîtrise les classiques à ce point. Rien que ça pourrait donner envie d'applaudir! Mais pas que parce que...

C’est sublime, de luxe, mais pas seulement. Le parfum est plus qu’un simple iris. Il y a des notes aldéhydées à effet peau de pêche qui donne à la rondeur poudrée de l’iris une douceur un peu plus charnelle, plus incarnée, l’iris étant souvent un peu froid, un bouquet floral un peu épicé qui contribue à créer un iris plus iris que l’iris, un iris idéal en quelque sorte, et des nuances sales qui se devinent sous le fond savonneux, poudré, qui en font un grand parfum classique et non une odeur de propre comme on nous en sert trop aujourd’hui. Le sentiment de porter un parfum historique est bel et bien là, l’ambiance d’une époque est restituée. C’est somptueux, c’est sublime, on l’aime, on le veut.

Enfin, on le veut. Ou pas. Parce que le prix est absolument ahurissant, peut importe ce qu’il en est du coût des matières premières et autres excuses, c’est absolument délirant et indécent. Mais peu importe. On peut penser à ça et geindre que les belles choses sont chères, trop chères et que c’est honteux. Personnellement, même si je défends le concept du beau pour tous, je ne suis pas prêt à descendre dans la rue pour protester contre le prix du parfum. On n’est pas en train de parler de quelque chose d’indispensable, d’un droit élémentaire, on parle de parfum. Et il y a quantité de chefs-d’œuvre en vente à des prix franchement démocratiques. Je suis juste content que ce chef-d’œuvre soit si bellement recréé et qu’on puisse le sentir, comme je vais à la National Gallery contempler le portrait des époux Arnolfini sans m’imaginer qu’il serait possible que je ramène le tableau de Van Eyck chez moi.

Ne peut-on apprécier la chose pour elle-même sans ramener à nous et notre nombril, nous dire que « C’est beau ! » et puis c’est tout ? Parce que vraiment, ce parfum était beau et sa reconstitution (avec les matières et techniques d’aujourd’hui) l’est aussi. Chapeau bas monsieur Revillard et merci.

Iris, Patrice Revillard pour Jacques Fath, 2018.

Commentaires

  1. Bonjour.
    Je suis très content de lire un article sur ce parfum que je rêvais de pouvoir sentir.
    Hélas ça restera un rêve car la distribution n'arrive pas jusque dans le sud-ouest et que son prix est un frein absolu à son acquisition.
    Bonne fin de semaine

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    1. Bonjour,

      Le prix un frein? Pour mopi, c'est une interdiction absolue. (Hélas!) Et oui, il est plus connu (et c'est pas beaucoup) que disponible. En même temps on comprends pourquoi...

      Bonne semaine!

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