casanière

« C’étaient de ces chambres de province qui nous enchantent des milles odeurs qu’y dégagent les vertus, la sagesse, les habitudes, toute une vie secrète, invisible, surabondante et morale que l’atmosphère y tient en suspens, odeurs naturelles encore, certes, et couleur du temps comme celles de la campagne voisine, mais déjà casanières, humaines et renfermées, gelée exquise, industrieuse et limpide de tous les fruits de l’années qui ont quitter le verger pour l’armoire; saisonnières mais mobilières et domestiques, corrigeant le piquant de la gelée blanche par la douceur du pain chaud, oisives et ponctuelles comme une horloge de village, flâneuses et rangées, insoucieuses et prévoyantes, lingères matinales, dévotes, heureuses d’une paix qui n’apporte qu’un surcroît d’anxiété et d’un prosaïsme qui sert de grand réservoir de poésie à celui qui la traverse sans y avoir vécu. »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.


J’ai terminé 2018 par une bougie et je commence 2019 avec une bougie. La saison s’y prête ainsi qu’aux plaids et au thé chaud, au longues conversations entre amis dans la semi-obsurité, la lecture au coin du feu ou la série téléqu’on ne suit pas tout-à-fait mais qui fait du bien à notre paresse en la distrayant un peu. Je vous épargne le descriptif de la marque, comme à mon habitude, pas parce qu’il ne collerait pas à l’odeur, Oriza L. Legrand serait même l’une des rares maisons où l’on s’étonne de sentir ce qui est annoncé.


Saint-Ambroise d’Oriza Legrand ne tombe pas dans le mysticisme et l’encens, n’évoque pas une quelconque odeur de sainteté mais la maison bien tenue. Ambroise étant le saint patron des apiculteurs, les bonnes odeurs de cires et de miel dominent la fragrance, soutenues par des bois. C’est une ambiance réconfortante, très traditionnelle (vous me direz que c’est un peu normal, on ne se fournit pas chez Oriza pour y trouver du conceptuel contemporain), qui évoque la vie confortable et riche de la province, loin des paillettes et des effets de mode, là où on entretient bien les meubles et les parquets.


J’aime beaucoup parce que ça donne une vraie atmosphère, une authenticité aux antipodes de la story Instagram ou du magazine de déco ou tout est blanc, net, vulgairement flambant neuf. C’est un peu moins photogénique, mais tellement plus confortable et vivant, « déjà casanier, humain. »



Saint-Ambroise, Oriza L. Legrand.

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