vanderbilt

"Pareillement M. de Charlus se servait, avec le giletier, du même langage qu’il eut fait avec des gens du monde de sa coterie…"

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1921.
Vanderbilt, Gloria Vanderbilt, 1982.

C’est assez facile de se moquer de Vanderbilt, le parfum au cygne, prisonnier de son marketing au romantisme cheap pour grande surface, qui plus est un parfum de célébrité. Pourtant, en 1982 Sophia Grojsman a signé un parfum bien construit et pas du tout honteux. Vanderbilt démarre avec des aldéhydes, un peu verdis, un peu fruités, sur bouquet de fleurs blanches et fond boisé orientalisant. C’est bien construit dans le genre classique qui faisait fureur à l’époque mais sans le passéisme rétro d’un Ombre Rose sorti un an plutôt.

Si on considère Vanderbilt comme un successeur de Soir de Paris, on comprend son succès et on l’aime sans réserve pour sa belle aura enveloppante, confortable et chic, très « madame. »  Encore aujourd’hui, je trouve qu’il se comporte bien, bien mieux que beaucoup d’autres, avec un côté « j’ai sorti mes perles et ma petite robe noire pour aller à l’opéra » que j’aime énormément. Ne me demandez pas pourquoi, c’est comme ça, je l’ai toujours associé à une amatrice d’opéra, qui se fiche de la mode et du glamour, mais veut sentir bon et se sentir jolie pour cette soirée un peu spéciale où elle se fait plaisir.

Certes, il est daté et datable, mais près de 40 ans après son lancement, il peut être arboré sans remord, sans peur de passer pour ringard, comme un joli accessoire fantaisie, rescapé du temps jadis. Un accessoire auquel sa patine donne un charme désuet et romantique, sans mièvrerie. Et comme Soir de Paris, hélas devenu méconnaissable, on le retrouve avec plaisir, reflet d’une époque mais pas que, parfum qualitatif enfin devenu l’un de ces classiques dont il s’inspirait. À découvrir ou redécouvrir et à consommer sans modération et, tout compte fait, sans culpabilité.


Vanderbilt, Sophia Grojsman pour Gloria Vanderbilt, 1982.

Commentaires

  1. Moi j'ai envie de dire: vive les parfums datés! Ils ont une histoire, eux au moins! ;)

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    1. Oui, mais il faut que l'histoire nous touche encore. Et un parfum sans istoire peut aussi nous laisser de la place pour y mettre la notre. Mais, en bref, je préfère aussi quand ça date..

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  2. Bon après-midi Dau,
    Vanderbilt peut être trouvé un peu partout en Espagne (chez El Corte Inglés, en grande surface...). Le prix est absolument raisonnable tout comme son aura. A mon avis, il vaut bien mieux que nombre de jus plus chers qui deviennent datés seulement quelques années après leur sortie. Vanderbilt n'est plus daté, c'est ce qui se passait avant, maintenant il s'agit tout simplement d'un classique. A porter absolument en décalage : par exemple avec denim et t-shirt 100% coton, blanc le t-shirt, et le tout porté au bord de la mer.
    La plupart des fois il suffirait d'un petit détail comme le décalage pour faire aimer ces jus qui sont bien faits, bon marché, et finalement très agréables à porter.
    A très bientôt!
    Sara

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    1. Bonjour Sara,

      Je suis bien d'accord, Vanderbilt, très raisonnable, et très facile à porter aujourd'hui, bien plus qu'il y a 20 ou 30 ans. Personellement, je l'adore et je suis toujours épaté par son sillage très chic, très classique. Sophia Grojsman a fort bien réussi son coup et réussi une fois de plus un parfum fort aimable. Son seul défaut était d'avoir été beaucoup senti, mais ce défaut s'oublie facilement. Avec du denim, oui tout passe. Il faut juste lui éviter les chichis, les imprimés à fleurs... Quant au prix, c'est ce qui s'oulie le plus vite, parce qu'il est doux, mais surtout parce qu'il ne fait absolument pas cheap. Oui, beaucoup de mainstream ou de niche devraient prendre exemple sur lui, aujourd'hui!

      à bientôt

      Dau

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