le (vieux) blogueur du dimanche

Généralement, quand je vais chez Ici Paris XL (le Séphora belge), je ressors avec une dépression nerveuse en voyant à quel point ce qu’on essaye de nous vendre est d’une laideur et d’une vulgarité sans nom. Il n’y a vraiment qu’en mettant les vendeuses à quatre pattes sur la moquette qu’on peut dénicher tout en bas des étagères de vieux classiques oubliés qui prennent la poussière et qui avec un peu de chance ne sont pas trop mal reformulés. Histoire de me remonter le moral, je suis allé dans une parfumerie de niche cette semaine. J’en suis ressorti avec la même dépression nerveuse. Quand les choses ne sont pas laides, elles sont ridicules de prétention. Souvent, elles sont l’un et l’autre. Les seules créations qui trouve grâce à mes narines sont celles qui rendent hommage, qui évoquent, les grand classiques. Le tout à des prix souvent absurdement élevés.


Heureusement, quand je suis rentré chez moi, m’attendait chez ma concierge un merveilleux flacon de Rive Gauche vintage (avant 1985), un GROS flacon, un flacon toujours sous cellophane. Parce que, oui, je suis probablement un vieux schnock, mais c’est ce qui me rend le plus heureux aujourd’hui, dénicher des trésors anciens, certes de plus en plus chers, mais d’un bien meilleur rapport beauté/prix que ce qu’on essaye de me vendre en boutique aujourd’hui. (C’est en écrivant des choses pareilles que je suis certain de ne jamais faire des partenariats avec aucune marque, heureusement que ce n’est pas mon but. à moins qu’eBay ne décide de sponsoriser des articles de blogueurs un jour? )

Ce  Rive Gauche, bien sûr, je me suis précipité de le porter et de l’aimer. Même si je trouve la version actuelle pas honteuse du tout: on reconnaît parfaitement le parfum et il est encore fort agréable. Ma première réaction? "Ah, ça sent fort! C’est bien de l’eau de toilette que j’ai achetée? Oui, oui…"

Les aldéhydes sont bien présent dans le vintage, un peu moins métalliques, un peu moins durs. Je ne sais si c’est parce que le temps les a érodé ou si c’est à cause de, grâce à, plutôt, la richesse du parfum qui les enrobe et leur donne une patine qui leur sied à ravir. Dans le bouquet, on retrouve la rose, mais moins fraîche, moins verte, profitant de la compagnie de sa consoeur le jasmin pour se faire un peu plus potelée. 

Et puis surtout, il y a le fond! L’actuel est très vétiver-muscs blancs, les muscs blancs, probablement surdosés par mesure d’économie s’intégrant plutôt bien à la formule de Rive Gauche, mais c’est malgré tout un peu dur. pas raide et altier comme on aime, non, dur. La version vintage joue des effets poudrés pour prolonger les aldéhydes savonneux mais use de l’iris plutôt que des muscs blancs, car s’il y a musc, ils ne sont pas là pour faire propre! Quand au vétiver, il est associé à une mousse de chêne d’avant l’IFRA, quand c’était mieux, et à un santal pas cheap, pour un effet est bien plus confortable que le fond actuel. Oui, la richesse, moi, je trouve ça confortable, la pauvreté est à mes yeux un concept très surfait. Pauvreté n'est peut-être pas vice, mais de là à en faire une vertu, il y a un pas que je ne franchirai pas! (Une richesse qui n’a rien à voir avec les effets saturés des nouveaux riches actuels, tellement vulgaires et sans créativité.)


Je trouve ce Rive Gauche franchement délicieux et facile à porter, très versatile. Son petit côté savonneux-poudré passe encore très bien de nos jours parmi les musqués à odeur de lessive ou d’adoucissant, même s’il à l’air d’être très « cliente de haute-couture égarée chez Zara » avec ce qui peu sembler du mépris de classe, alors même que Rive Gauche est sans complexe et sans prétention, mais que voulez-vous, ce chic, cette assurance très Saint Laurent, ça impressionne, bien évidement, malgré le grand sourire qui va avec. Le plus étonnant, c’est que je ne trouve à ce Rive Gauche aucune nostalgie, je le sens trop présent, trop occupé à jouir du présent que pour avoir des regrets ou s’encombrer de souvenir. En tous cas, un parfum à redécouvrir et à porter, quelque soit la version. 

N’empêche que c’était mieux AVANT, n'essayez pas de me convaincre du contraire!

Commentaires

  1. "Sans complexe et sans prétention" : c'est tout-à-fait ça, et je l'adore depuis longtemps.
    La pub disait : "Rive Gauche n'est pas un parfum pour les femmes effacées" et une main aux ongles rouges étoilait une table en verre en la frappant avec l'"atomiseur".
    Je dirais qu'en cas de menace d'effacement due à une baisse de régime, une déprime, de la tristesse, eh bien, Rive Gauche peut aider.
    En tout cas, ce parfum aide considérablement à dire "zut" (notez ma retenue :) ) à pas mal de choses, à beaucoup de gens.

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    1. Ah, je l'adore depuis bien longtemps aussi... (Les années '80) Il fait office d'antidépresseur chez moi aussi. Et il aide à se tenir droit quand ça ne va pas... On devrait pouvoir acheter l'ancienne formule sur ordonnance à la pharmacie avec remboursement de la Sécu, je trouve!

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  2. Une magnifique création, un bouquet de fleurs qu'on nous jette au visage, je l'ai adoré, et jen ai fait mon deuil, idem j'ai fuit le "nouveau"....

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    1. Je ne déteste pas le nopuveau, mais je sus content d'avoir le choix... Oui, il est un peu "prenez-vous ça dans les gencives, très cher!" mais avec tellement de charme qu'on ne peut que lui pardonner tout!

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