le bloguer du dimanche (variation 19)

eau de toilette N°19 Chanel

il y a des moments où de vraies thématiques se dégagent, où nous jouons obstinément les variations sur un même thème de façon un peu obsessionnelle et monomaniaque. Cette semaine fut N°19 de Chanel dans tous ses états. ( Bon, pas la variante poudrée que je continue de prendre pour un monstrueux foutage de gueule tant je la trouve inutile et sans intérêt. Il paraît qu’il y a des gens qui prennent plaisir à la porter, j’essaye de ne pas juger, mais j’ai du mal, le 19 étant par définition un parfum très « je vous juge, de haut, de très haut. »)

l'heure exquise annick goutal, silences Jacomo, vétiver Guerlain
N°19 vintage Chane, infusion d'iris Prada

Mon vintage a un départ cologne avant de s’adonner à un iris fleuri, savonneux mais pas trop, sur un raide lit de bois très vétiver. Le contemporain est beaucoup plus savonneux et moins raide. Plus facile. Mais les deux sont joliment verts. Le vert, c’est un enchantement permanent, mais surtout en cette saison. Et le 19, c’est un parfait parfum de bureau, pas très sexualisé et très autoritaire. Et avec de la présence, parce que je n’ai jamais été partisan de la discrétion sur le lieu de travail. Ne pas déranger, ne pas faire de vagues, ça ne me ressemble pas forcément. Mais c’est vrai que je n’éprouve pas le besoin de porter un parfum qui soit dans la séduction et l’appel au sexe, dans la vie en général, au boulot en particulier. 

Plus radical, plus tendu, j’aimais beaucoup Silences de Jacomo, un parfum qui s’est assez peu démodé. Le bas de soie lutensien lui doit beaucoup, vraiment beaucoup, et semble prouver que la formule peut encore être tout-à-fait contemporaine avec son vert plus intense et plus bleuté. J’adore l’Heure Exquise d’Annick Goutal, mais pour le coup, c’est assurément un parfum plus daté, volontairement, qui semble romantiquement composé de souvenirs. Plus rosé, plus poudré, plus enveloppant, c’est une version très sentimentale, un peu maternelle, pleine de tendresse, qui évoque les jolies dames au jardin, avec pas mal de dentelles blanches dans les feuillages. C’est peut-être ma version préférée de cette ambiance vert d’iris.

L’infusion d’iris de Prada joue sur le savonneux et la cologne, sur fond pas net, très chic et joli, très facetté et à surprises. Le genre de parfum qui ne s’apprécie que porté, parce qu’il joue. Jamais il n’ennuie et toujours il surprend. À tel point que j’en oublie de me demander si je l’aime vraiment. Sans iris, mais proche de la version vintage du 19, très boisée-vétiver, j’ai beaucoup aimé le classique vétiver de Guerlain. Élégant, masculin parce que boisé, et jouant très fort sur un registre cologne savonneuse dans sa version actuelle, il s’intégrait bien à cette thématique 19, même si sans le vintage, on a du mal à établir un lien.

En tous cas, j’ai passé une belle semaine, lumineuse, très nette, propre, et chic. Et puis, surtout, ce vert qui ravigote et donne un regain d’optimisme, que c’est bon! Vous faites vous des mise au vert aussi, de tempe en temps?