« Tant de fois, au cours de ma vie, la réalité m’avait déçu… »
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le temps retrouvé, 1927.
Émergeant des brumes du rhume, j’ai pu enfin mettre mon nez sur les deux derniers parfums du Jardin Retrouvé qu’il me restait à sentir : le cuir de Russie et le sandalwood sacré. (Pourquoi sandalwood et pas santal ? J’avoue ne pas avoir compris.) Encore une fois, je passe le storytelling parce qu’on s’en fiche un peu. À priori, rien de très original, on s’attaque à des formes historiquement classiques de la parfumerie, de niche ou pas, et c’est un risque…
Cuir de Russie s’avère être une violette nuancée de cuir. Forcément, on connaît déjà le thème que j’aime beaucoup dans son interprétation ancienne façon Violettes du Czar d’Oriza L. Legrand ou moderne comme dans le Alexsandr d’Arquiste. C’est très violette, une violette très floue, très aqueuse, diluée, dans un contexte terriblement vague. Comme pour les floraux, on a plus une impression de cologne que de vrai parfum. En rue, j’ai senti Fahrenheit de Dior : voilà à quoi ce Cuir de Russie m’a fait penser : un brouillon mal fichu de Fahrenheit.
Le bois, le santal sacré, mais je peine à identifier le santal, est marié à la fleur d’oranger pour un résultat savonneux, extrêmement faible et timide. La bonne idée, c’est une note de patchouli qui perce, beaucoup trop discrète que pour sauver le parfum. Crabtree & Evelyn fait mieux pour moins cher dans le genre savonnette parfumée au santal qui peut avoir son charme chic et rétro. Avec le Jardin, tout est à nouveau trop vague, indistinct, et toujours dilué sous une forme plus proche de la cologne ou de l’eau de senteurs du parfum. On espérait plus (et mieux) d'un santal qui nous promettait les voluptés de l'Inde mystique, mais on espérait visiblement trop.
J’ai du mal à comprendre la marque. J’avais aimé les jolies colognes hespéridées, mais tout sent le naturel façon herboristerie post soixante-huitarde et je doute sérieusement qu’on soit client pour d’autres raisons qu’une conviction politique quelconque tant ça me semble ne servir à rien d'un point de vue esthétique.
Cuir de Russie et sandalwood sacré, Yuri Gutsatz pour le Jardin Retrouvé.
Tout à fait d'accord sur ces deux-là. Un seul mot : fadoche.
RépondreSupprimerLe marketing/communication de la marque est excellent cependant, dans le genre on profite du vice des amateurs de parfums sur les réseaux sociaux.
Oui, javais lu ton billet à l'époque ;-)
SupprimerBah, la communication, je suis moins sur... Ils ont voulu m'envoyer des échantillons, ils n'auraient peut-être pas du.
Ils n'auraient peut-être pas dû en effet ;)
SupprimerJe ne sais pas si tu te souviens, mais quand la marque avait été ressuscitée, ils proposaient d'envoyer des échantillons gratuits à quiconque en faisait la demande, et demandait gracieusement, dans une jolie petite lettre incluse dans le paquet reçu, que le client poste une photographie des échantillons sur les médias sociaux, en retour... Bref, tous les instagrameux ne tarissaient pas d'éloges. Ca m'avait grandement agacée à l'époque.
Ah non, j'ai complètement zappé ça. Je crois que je suis un spécialiste pour passer par dessus les nouveautés sans m'en soucier ni les voir...
SupprimerJe dois être snob.
;-)