dune

"Dans ces chemins où on voit à un bout la largeur de la baie et son autre rive, le Saint-Laurent et Concarneau, à l’autre l’Océan, on ne rencontre jamais personne."

Marcel Proust, Jean Santeuil, 1952.

Né en 1991, Dune était un parfum marketé chargé de faire sortir les parfums Christian Dior de la tonitruante période Poison pour s’adapter aux années ’90 et conquérir ce que certain commençait à appeler l’âge du verseau. (Ou nouvel âge.) Marin et océanique était le truc du jour et le nouveau Dior devait passer par là.  L’heure était au zen et plus aux sortilèges d’une séduction sentant le souffre. Il en fut ainsi et Dune, telle la Vénus de Botticelli naissant de l’écume des flots pour annoncer les Temps Modernes, sentait effectivement les embruns. 

Plutôt qu’un parfum plage, c’est avant tout un bouquet, posé sur une commode dans une maison aux fenêtre ouvertes sur l’air du grand large. (Disons une maison normande. À Granville ?) Mais le parfumeur a eu l’intelligence de traiter cela de façon très classique et abstraite. On perçoit des tiges, des feuillages et puis des fleurs, mais même si le lys est reconnaissable, on sent surtout un effet de texture, le velouté du pétale, en gros plan, comme dans un tableau de Georgia O’keeffe. J’ai toujours trouvé Dune étonnamment soyeux. Son fond est très classique également, vanillé-ambré et poudré, réussissant à faire d’un parfum océanique et frais quelque chose d’enveloppant et doux comme un cocon. Dune a la joie sereine. Ou la sérénité joyeuse?

Le parti pris est très réussi et je trouve que ce mélange de classicisme et de mode de l’époque à très bien vieillit, bien mieux que la modernité à l’épure forcenée de l’époque. Dune sent la dame au bord de mer, comme avant lui Fidji sentait la dame en vacances, et non la prof de yoga obsédée par le minimalisme, aujourd’hui tellement ringarde. Personnellement, je trouve Dune parfait pour traîner chez moi, paresser, éventuellement méditer. (Si jamais un jour je me mets à méditer. Prendre des poses méditatives sur selfie peut-être ?) C’est un parfum assez sophistiqué, mais pas compliqué qui irait aussi très bien à la dame en blanc du blé en herbes.


Dune, Jean-Louis Sieuzac et Nejla Barbir pour Christian Dior, 1991.

Commentaires

  1. Bon après-midi Dau, je me rapelle très bien Dune et j'ai l'idée qu'il m'avait semblé plutôt étrange (j'étais toute jeune, je ne connaissais rien à la parfumerie, il ne faut pas m'en vouloir) et je me souviens très bien que j'aimais beaucoup le lait pour le corps, c'est ce lait que je me rappelle soyeux et enveloppant.
    Il faut absolument que je teste Dune à nouveau je suis sûre et certaine de lui trouver un charme tout particulier maintenant surtout comparé aux horreurs dont on nous fait cadeau ces derniers temps (malgré tout il y a aussi des choses très belles).
    A bientôt!
    Sara

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  2. Bonjour Dau et Sara !
    Quand je suis arrivée à Paris en 92 après mes études, en attendant de trouver "un vrai travail", j'avais trouvé un petit boulot de secrétaire chez un dermatologue en vogue. Il était " testeur" de nouveaux produits, notamment de la maison Dior. C'est ainsi qu'il a fait tester, à moi et à ses amies, pour voir si nous n'avions pas de réactions allergiques, Dune, l'eau de toilette et le gel douche, avant qu'il soit lancé sur le marché. C'est lui qui m'a donné le goût des parfums "iodés", même s'il n'est pas tout à fait cela, s'il est plus que cela.En tout cas, pour l'époque il était vraiment original. J'adorerais la publicité qui passait à la télévision. Mais je suis d'accord avec Sara, je trouvais que le gel douche et le lait pour le corps plus somptueux encore que l'eau de toilette. Une petite séquence nostalgie qui me donne envie de voir ce que ce parfum est devenu...
    Bises à vous deux
    Cécile

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  3. Bonjour Cécile et Sara,

    Honnêtement, Dune à plutôt bien traversé le temps. La formule est toujours jolie et je le trouve peu démodé, même s'il procure inévitablement une petite nostalgie. Je me souviens aussi des visuels qui étaient très beaux, très sereins. Et finalement assez intemporels. (Bien plus que le bling bling de j'adore!)

    Comparé à ce qui se fait maintenant, il est merveilleux: J'aime son atmosphère de plage atlantique, tellement moins "cagole et minette sexy" que les habituels exotiques qu'on nous vend maintenant pour nous faire rêver avec des évocations tropicales que je déteste. (avis perso.)

    Filez vite re-sentir ce Dune et dites-moi...

    à bientôt

    Dau

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