un air de...

« ...et chacun pouvait se croire isolé de tout être humain, ne voyant au-dessus du sable que le ciel et la mer et les mouettes qui ne cessaient de voler. »

Marcel Proust, Jean Santeuil, 1952.

Il n’y a pas de pire façon de commencer un billet qu’en écrivant qu’on ne sait que dire ou que penser, mais l’honnêteté me force à commencer celui-ci de cette façon. L’Artisan Parfumeur a lancé un Air de Bretagne, un parfum qu’il faut bien qualifié de marin. Des notes d’agrumes, du bois, un peu de fleur mais surtout de la calone, beaucoup, une nette senteur d’embruns et d’algues. En 2017. J’ai cru que mon nez avait un souci, que j’étais tombé dans une faille spatio-temporelle, ce qu’en principe je devrais adoré sauf que je ne choisirais JAMAIS de revisiter les années ’90, l’ère du grunge et du politiquement correct, ses parfums lumineux, propres et asexués. 

Entendons-nous bien, j’ai adoré découvrir Kenzo pour homme à Saint-Malo lors de sa sortie et j’ai applaudi L’Eau d’Issey, un magnifique parfum dont je me réjouis qu’il se vendent encore à ses fidèles. Quant à Dune, je le sens régulièrement lorsque je passe devant un stand Dior et il n’est pas dit que je ne me l’offrirai pas à nouveau, un jour. (Ceci n'est pas une menace.) J’ai du mal, beaucoup de mal, avec la longue liste des suiveurs, surtout tous ces masculins insipides et non inspirés qui ont décliné la formule aquatique jusqu’à plus soif. Qui aurait crû que l’eau pouvait écoeurer? Pourtant après l’empire de la calone, plus personne n’en pouvait plus, le coeur soulevé par ce qui évoquait immanquablement le souvenir d’un beauf draguant lourdement après avoir bu trop de bière lors d’une fête de village, un beauf porté par son parfum (la calone diffuse si bien) qu’il pensait un sommet de sophistication et d’élégance

Il se trouve que l’Artisan nous sert de la calone. À haute dose. Oui, c’est paysager, c’est marin. Oui, ça peut faire Artisan des origine en évoquant des vacances d’enfance en Bretagne. Mais la vérité c’est que ce parfum vient avec un quart de siècle de retard et qu’il ennuie profondément. Et je n’arrive pas à savoir quoi penser de lui parce que je ne parviens à comprendre l’intérêt de le sortir, je ne lui trouve aucun charme nostalgique et il ne me semble pas suffisamment bien fait que pour relancer la mode de la calone par l’apport de quoi que ce soit de neuf au propos. (Là, si vous suivez, vous devez percevoir que je résume familièrement ce parfum par "qu'est-ce qu'on s'emmerde avec ça!")

Alors, oui, vraiment, je comprends pas. Et je ne vois pas bien ce que je pourrais dire d’autre. À part peut-être qu'un air de Bretagne pourrait s(appeler plus justement un air de déjà-vu.

Un air de Bretagne, Juliette Karagueuzoglu pour l’Artisan Parfumeur, 2017.

Commentaires

  1. Mon cher Dau,

    je viens de lire le billet et immédiatement c'est l'Eau des Merveilles bleue qui me vient à l'esprit, je vais sur le site Fragrantica et dans l'espace réservé à "this perfumesreminds me of" je trouve "Un Air de Bretagne" donc déjà deux jus qui sont apparus un quart de siècle trop tard.
    Un Air de Bretagne je ne l'ai pas encore senti mais j'ai eu l'occasion de tester l'Eau des Merveilles Bleue et je dois dire que je l'ai trouvée sans grand intérêt.

    je dois avouer que les seuls parfums aquatiques que je suis capable de supporter sont ceux de Masaki Matsushima, tellement ils sont subtils, je m'aime pas l'Eau d'Issey pour femme mais malgré tout, je trouve qu'il s'agit d'une odeur corsée, je ne la porterais pas mais je la trouve intéressante.

    Nous avons un véritable problème cette année, les lancements sont presque tous absolument consensuels et peu intéressants, mais ce n'est pas vraiment un problème du moment que nous pouvons nous retourner, encore une fois vers nos classiques.
    A très bientôt!
    Sara

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  2. Mon cher Dau,
    Je vais profiter de ce billet pour répondre aux billets précédents :
    En principe je ne suis pas très fan ni des acides ni des sérums qui accélèrent le renouvellement de la peau, je trouve que cela nuit à la peau avec ce surplus de travail. Les acides qui font un peeling chimique me font peur carrément. En principe il est vrai que je n’ai pas de gros problèmes avec le gommage mécanique ni avec les argiles (surtout l’argile rose). Ce produit avec des non-acides me tente, il faudra que j’essaie et je vous tiendrais au courant.
    J’aime bien le Numéro 19 mais il y a toujours quelque chose qui me manque, je lui préfère certains descendants comme l’Heure Exquise d’Annick Goutal si romantique, un parfum absolument pour soi ou sinon Bas de Soie, une gifle de jacinthe, et c’est justement pour cela que je l’aime !
    Pour ce qui est des favoris et découvertes du mois d’octobre, je vais commencer avec la chaleur qui a été insupportable, des températures qui atteignaient les 29 degrés. On aurait dit qu’il y avait un mois de décalage. En répondant à la question suivante, j’aime bien la rubrique des favoris à la fin du mois cela m’aide à faire le point.
    Parfum : j’ai bien souri en lisant Paloma Picasso car justement j’ai trouvé un parfum qui se rapproche de l’extrait, il s’agit d’Aromatic Lime de Montale que j’ai acheté chez Fapex (en Belgique essayez Notino).
    Soin : la composition parfaite n’existe pas, il y a des trucs que j’ai employés à un certain moment qui ne me vont plus. En ce moment ce sont les céramides E. Arden qui ne vont pas du tout, je crois que la composition a dû changer ou c’est ma peau, je ne sais pas.
    Silicones : cela a mis un bout de temps mais je peux dire que si les shampoings n’ont pas de silicones (et je ne les aime pas du tout) ils ne doivent pas non plus avoir des sulfates sinon je risque de commencer à me gratter la tête et me faire des blessures, une fois que l’on a essayé les shampoings sans sulfates c’est une toute autre chose que de se laver la tête.
    Séries : nous regardons The Handsmaid Tale (et je lis le livre en même temps), difficile, brutal, nous avons beaucoup aimé. Nous finissons Shades of Blue, couci-couça.
    Thé : je finis mon thé blanc, puisqu’il a fait chaud c’était une option appétissante et rafraîchissante, mais j’ai hâte que vienne le froid pour me mettre directement au thé rouge.
    A bientôt! Sara

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  3. Bonjour Sara,

    Pour les lancements consensuels, je crois qu'on pourra résumer 2017 par : Quel ennui!

    Pour le précurseur d'acide, il faudra me dire en effet, je suis curieux! D'autant que je ne regrette absolument pas de m'y être mis. Très prudemment, certes...

    Je comprends qu'on préfère le Goutal, plus charmant, plus heureux, la où le 19 est sec, intellectuel et un peu trop autoritaire. (Il fait très parfum de bureau dans le fond, pour un(e) chef(fe) de service!)

    Vile tentatrice, vous êtes le deuxième à me parler de Notino mais non, je n'irai pas voir, je serai fort et je ne craquerai pas. (Pas avant demain, en tous cas!)

    Pas de réaction aux sulfate pour ma part0. On ne peux pas tout avoir. Mais je choisis en général des shampoings doux qui en contiennent peu. et je me lave de moins en moins les cheveux. Je suis passé de "tous les jours" à "deux ou trois fois par semaine."

    Handmaid's tale n'est pas disponible ici mais j'ai lu le livre il y a longtemps. Je ne m'en souviens plus trop, juste que j'avais bien aimé. (Ce qui est plutôt une bonne façon de se souvenir et d'oublier...)

    à bientôt

    Dau

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