"Et ce matin-là, n’entendant plus la pluie tomber comme les jours précédents, voyant le beau temps sourire aux coins des rideaux fermés comme aux coins d’une bouche close qui laisse échapper le secret de son bonheur…"
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.

Bien sûr j’ai guetté les versions anciennes et j’ai fini par craquer pour un gros flacon. Gros, c’est mieux, mais en même temps, c’est un peu bête, le risque est plus grand de tomber sur une version abîmé, sachant que hespérides et mousse ne vieillissent pas toujours bien. J’ai eu du bol même si, certes, les agrumes sont un peu moins « brillants » en tête. La différence entre les deux, c’est principalement la mousse de chêne plutôt que le patchouli, qui donne un effet plus riche, plus rond, plus moelleux. Et puis, surtout, c’est une impression générale de parfum mieux fondu, plus fluide, un peu plus « flou. » On comprend pourquoi la marque l’a qualifié de parfum impressionniste il y a longtemps. La version actuelle, plus nette, est peut-être plus moderne, plus chic, mais je regrette le romantisme de jadis, cette esthétique seventies qui adorait les photos de Sarah Moon et les bouquets de fleurs des champs.
Je continue à dire que Lancôme à fait du bon boulot. (Et je ne dis pas ça souvent quand je compare versions anciennes et versions modernes !) Simplement, Ô fait un peu partie de mon histoire, c’est l’un des seuls parfums que j’ai jamais vu ma mère s’acheter, et je suis, de toute façon, un incorrigible romantique passéiste qui préfère les chapeaux de pailles aux lunettes de soleil à logo. Ô est un sourire en flacon et je continue à me demander pourquoi on ne fait plus de parfum aussi joyeux de nos jour.
Ô de Lancôme, Robert Gonnon pour Lancôme, 1969.
Ma version ancienne date de 1989.
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