« Un homme y apparaît au bout d’un instant sous l’aspect d’une femme. »
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922.
Boucheron pour homme n’est pas moderne. Il ne l’était même pas au moment de sa sortie, il jouait la carte du néo-classicisme et peut-être de façon moins moderne que d’autres. Tout cela n’en fait pas pour autant un parfum déjà vu et sans intérêt. (Y compris pour des gens moins amateurs de vieilleries qu’on ne l’est sur ce blog.) Parèdre du massif féminin dans son flacon bague, il surprenait et décevait un peu. Loin de la majesté imposante, il jouait sur la discrétion et la transparence. Sur une certaine ambiguïté aussi.
Le départ est aldéhydé : lumière claire d’un matin de printemps et d’agrumes clairs et joyeux. Ensuite, les fleurs, emmenées par la lavande pour rester dans un registre masculin, en un bouquet poudré, un poil savonneux mais absolument pas barbier en dépit de la lavande, non, c’est bel et bien du bon gros savon blanc qui mousse sur le rebord d’une baignoire de star qu’il est question. Tout cela finit sur un fond de bois clairs et blonds évoquant plus le délicat mobilier du boudoir XVIIIème siècle que la cabane de bûcheron ou l’austère bibliothèque janséniste.
Boucheron pour Homme est délicatement androgyne. S’il rend hommage à des classiques, il a su choisir ses références et évoque plus Marlène Dietrich en smoking que la papy ou le papa modèle. Son départ n’est d’ailleurs pas, rétrospectivement sans évoquer le N°5 dans sa version Eau Première. Cette touche féminine, c’est ce qui le sauve de l’ennui. Et si ses transparences et sa délicatesse sont rétro, il a finalement bien vieilli, Dietrich habillée en homme étant finalement moins démodée que n’importe quelle collection d’avant-garde de la fin des années ‘80. Boucheron pour homme est toujours néo-classique mais pas trop daté. Facile à porter, c’est ce qu’on appelle un basique, comme le jeans ou la chemise blanche, pas le truc transcendant qui sublime la vie, mais celui qui dépanne et peut sauver une allure ces matins où nous manquons d’imagination.
Boucheron pour homme, Raymond Chaillan pour Boucheron, 1989.
Au sujet du masculin-féminin:
RépondreSupprimerhttps://www.fragrantica.com/news/Yves-Saint-Laurent-Y-a-fragrance-for-Gen-Y-9750.html
Mon cher Dau,
j'ai envie de me mettre à pleurer bien fort. Je vais réviser mon stock de Y et acheter si nécessaire.
A bientôt!
Sara
Je suis sûre et certaine qu'Y va disparaître remplacé par une ordure vendue à un prix exhorbitant.
RépondreSupprimerBonjour Sara,
SupprimerJ'avoue que je ne sais pas si j'ai envie de rire ou de pleurer. Pour Y, je dois bien dire que je m'étonne toujours qu'il existe encore. Par contre, ce qui m'étonne c'est qu'il n'y ai pas de flanker à Rive Gauche: Rive Droite, Rive Gauche au fil de la Seine, Rive Gauche Saint Germain des Près... Bref, il y a moyen de décliner le sucre à l'envi!Oui, je ne me fait pas d'illusion quand à la créativité déployée...
Faire du STOCK n'est JAMAIS une mauvaise idée. (Hélas!)
à bientôt, pour de meilleurs nouvelles ou pour pleurer ensemble
Dau