ça ne va pas être possible... le hygge

Le hygge, c’est la nouvelle mode au rayon bien-être. Comme j’ai été traumatisé par un voyage en Scandinavie et que j’ai depuis une passion pour le Danemark ou j’ai très envie de retourner,  j’ai craqué et j’ai acheté. En me disant que ça allait peut-être m’énerver et que je ferais mieux sans doute mieux d’acheter un Point de Vue avec la reine Margrethe en couverture.

Le hygge, c’est une façon d’être au monde qui permet d’être heureux… (Je schématise et je simplifie, bien sûr, mais à peine.) Beaucoup de cocooning, d’attention accordée à l’instant, profiter des petite choses, être présent. Il est beaucoup question de plaids, de bougies, de tasses de thé ou de chocolat bien chaud. D’être ensemble à l’intérieur du petit cocon de la famille ou de l’amitié, de se recentrer sur soi et sur ses proches.

Et ça n’a pas manqué : assez vite, ça m’a agacé. Pourtant, je suis le premier à aimer passer du temps avec mon plaid et du thé. Mais je ne prétends pas ériger ça en philosophie de vie. En fait, ce qui m’a déranger, c’est que ça reste vraiment à ce niveau "jolies loupiottes et maison qui sent bon. "Profiter de l’instant, oui, mais il n’y a vraiment pas rien d’autre? Le livre que j’ai lu cite Søren Kierkegaard (et d’autres, mais j’ai de l’affection pour Kirkegaard depuis qu’il m’a permis de réussir brillamment un examen de philo à la fac, et, croyez-moi, tous mes examen n’ont pas été brillant !) mais il n’y a aucune trace de la moindre aspiration à la philosophie, à la réflexion. La facette intellectuelle de l’homme (et de la femme) est complètement laissée de côté. Le bonheur semble être entièrement au niveau des sensations, du ressenti, penser n’entre pas en ligne de compte. Essayer de comprendre, soi et le monde, vraiment, non, pas la peine…

D’ailleurs toute cette histoire à un côté repli sur soi très énervant. Cocooner, c’est bien de temps en temps, ça repose, mais ce n’est pas une façon de vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre, quand même ! J’ai pensé à la belle au bois dormant : « je suis dans mon château enchanté, je roupille et le reste du monde n’existe plus. » Vous savez ce qui se passe quand on se désengage du monde ? Il continue à tourner. Pire, il continue à s’intéresser à vous. Pensez à la tête que vous ferez dans cent ans quand vous sortirez de votre château et que vous regarderez les résultats de ce qui s’est passé pendant que vous sirotiez votre chocolat chaud bien à l’abri de votre plaid. Les pôles ont fondu, deux guerres mondiales, l’apocalypse… Mais bon, pas grave, hein ! On a bien profité de ces moments à tables entre potes, à la lueur des bougies, quand même ! Et vous avez laissé faire !  Vous êtes aussi coupable que tous les autres, « je hyggais! » n’est vraiment pas une excuse.

J’aime bien les autruches. Il m’arrive assez régulièrement, trop, de me mettre la tête dans le sable, mais en faire un style de vie ? Non, merci. Le cocooning restera ponctuel pour moi. Le hygge, ça ne va pas être possible, vraiment pas, et ça va beaucoup m’énerver si j’en entends trop parler. Parce que ce truc hyper lénifiant, ça ressemble à la meilleure trouvaille récente pour nous entuber. Rester chez nous et laisser d'autres s'occuper de tout? NON! 

Et pas la peine non plus d'essayer de nous pousser à consommer plus en nous refourguant de la déco Hygge dont on n'a pas besoin.