joie

“Enfin, le motif joyeux resta triomphant…”

Marcel Proust à la recherche du temps perdu, la prisonnière, 1923.
Il y a des parfums plus marquant que d’autre. Pourtant, j’avais quasiment oublié que j’avais porté, dans ma jeunesse, Monsieur Balmain. Et puis le hasard m’en a mis un flacon entre les mains et les souvenirs sont revenus, d’un coup… Ce flacon, commençons par là, c’est l’un des plus laid qu’il m’a été donné de possédé, une bouteille en verre recouverte d’un épais film plastique, caoutchouteux, jaune vif. À l’époque où je le portais, il n’était pas un parfum  à la mode et je me demande s’il le fut jamais.

L’odeur ? Des notes aromatiques hespéridées sur fond boisé. Ce serait presque banal s’il n’y avait une note de citronnelle qui emportait le tout à la  façon excessive de Germaine Cellier. Ça m’évoquait le jardin au moment où Caroline, la tortue, passait à travers les plants de citronnelle, les agitait, les écrasait, et répandait leur senteur dans l’air. C’est une sensation, très physique, de joie, jaune et très lumineuse. Aucun autre parfum ne m’a jamais semblé aussi joyeux, aussi heureux ?, que Monsieur Balmain. Ce n’était pas le plus élégant, il n’avait rien de sexy, mais je l’adorais.

Aujourd’hui, je réalise qu’il me manque. Tout comme la version originale de Vent Vert que j’adorais également. La version que j’ai n’a pas très bien passé le cap des années. Les notes se sont abimées, on ne se rend pas compte de ce que ce parfum était si on ne l’a pas connu. Mais j’en ai un souvenir très net. D’ailleurs, j’ai de merveilleux souvenir du travail de Germaine Cellier, et je crois que je lui en serai toujours reconnaissant. Quel dommage qu’il soit trop tard pour lui dire merci.

Monsieur Balmain, Germaine Cellier pour Balmain, 1964.

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