on dit du mal?

“Ces médisances était assez fréquentes chez lui. Mais cela ne l’empêchait pas d’avoir des sympathies, de louer ceux qu’il aimait et d’avoir plaisir à se monter serviable pour eux. »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1921.

Rassembler deux amateurs de parfums dans une parfumerie, un salon de thé ou un groupe internet et assez vite vont se déverser des flots de bile un peu acariâtre. Pour prendre leur (MA) défense, difficile de parler des nouveautés sans se plaindre, geindre et désespérer. À vrai dire, on pourrait faire un blog intitulé « la médisance du jour » qui critiquerait chaque jour une nouveauté, le plus difficile ne serait pas de trouver matière à râler, mais de se renouveler dans ses railleries, plus que l’industrie ne se renouvelle dans ses sorties. Je ne place  pas la barre très haut, je sais. Mais en fait, ce blog ne serait pas très plaisant à tenir passé l’amusement des premiers jours, ni très plaisant à lire. Vision apocalyptique du monde moderne où la laideur règne souverainement. 

la photo qui illustre le billet n'a objectivement pas de lien avec le texte,
mais je trouve une certaine cruauté aux orchidées...

En fait, les blogueurs n’aiment pas dire du mal. Vraiment pas. Bien sûr, il y a les hypocrites qui ont des accointances avec les marques, qui ont un pied dans l’industrie, des partenariats, etc. Je le dis avant que vous ne le mentionnez en commentaire, oui, ça existe. Bien sûr qu’il y a les faux-cul qui se servent d’un blog pour se faire remarquer, essayer d’avoir un job, etc. Mais fondamentalement, on n’aime pas démolir le travail de quelqu’un. Encore moins quand c’est quelqu’un qu’on apprécie.  Moi, j’ai toujours du mal à traîner dans la boue une marque pour laquelle j’ai de l’affection. Bien sûr, parfois, je n’ai vraiment pas le choix. On ne peut pas non plus passer tout sous silence non plus. 

Mais, surtout, fondamentalement, sans être gentil, sans vivre dans un monde de bisounours et de princesses Disney*, on préfère quand même se concentrer sur le positif parce que c’est plus inspirant pour écrire un billet. Et surtout, c’est plus utile de dire « allez sentir ça, c’est beau ! » que radoter à longueur d’année que la vie est vraiment pas belle et que les gens portent des horreurs, même si c’est souvent vrai. On a besoin aussi, j’ai besoin aussi, même moi qui suis un peu (beaucoup ?) cynique, d’un peu d’espoir, d’une dose de beauté dans ce monde infâme, de croire que c’est possible. Parce qu’on tient un blog, pour parler d’abord de ce qu’on aime, de ce qui est beau à nos yeux. Quand on en arrive à voir tout en noir, c’est aussi triste que quand on voit tout à travers le prisme d’une carrière future, de l’argent plus ou moins facile, des invitations aux événements, etc. J’espère bien que ce ne sera jamais mon cas.

*Dieu merci, à titre personnel, je vomis la culture Disney qui s’étend sur le monde. Il y a un âge où il faut savoir tourner la page et passer à autre chose. Grandissez les gens !

Commentaires

  1. Moi sur mon blog je dis rarement du mal, pas à cause des partenariats ni des soirées ou événements; mais comme toi je préfère parler de ce que j'aime. Parfois je fais un article quand les marques se foutent trop de nous (ex: H&M Conscious). Je perds un partenariat certes mais si je faisais un partenariat avec H&M, cela serait des lecteurs que je perdrais. Les ficelles sont grosses et se voient forcément. Merci pour être vrai sur ton blog.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh, certains ne se gênent pas et réussissent à faire passer absolument tout auprès des dindes et des dindons... Bon, en même temps, j'ai pas le temps d'aller à des lancements, ça se fait rarement à Bruxelles en plus...

      Pour H&M, ils m'avaient fait rigoler pour les même raisons que toi: comment être responsable écologiquement en consommant tant et plus? Parce que H&M et la mode en général ne vivent que pour nous faire acheter tant et plus, ce qui est un peu le contraire du durable. Bref, ça m'avait énervé aussi.Effectivement, acheter des vêtements et les faire durer, c'est mieux. Pourquoi pas les faire soi-même ou les transformer soi-même? (Si on en est capable) J'avoue être un dépensier compulsif, ça n'aide pas, mais au moins je ne me berce pas d'illusion greenwashée...

      Supprimer

Enregistrer un commentaire