poils

« le duc qui, tenant tous les locataires pour fermiers, manants, acquéreur de bien nationaux, dont l’opinion ne compte pas, se faisait la barbe le matin en chemise de nuit à sa fenêtre… »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1920.

Des histoires de poils. Sous toutes ses formes, du cheveu au poil sur les mollets, de sa mise en valeur à son épilation. Des poils de partout...le livre adopte un point de vue ethnologique et brasse large, allant du Japon à l'Amérique du Sud en passant par le moyen orient, l'océan île et l'Afrique pour nous décrire ce qu’on fait subir à nos poils, tous nos poils, comme coiffage, coupage, tonte, épilation, teinture, etc. C'est intéressant et ça questionne forcément notre rapport au poil. Ça remet en question, ce qui est toujours sain. Ça souligne surtout à quel point le poil est un phénomène culturel. La question est d'ailleurs régulièrement d'actualité avec les éternels débats sur le voile... Ce n'est pas dans cet ouvrage que nous trouverons forcément des réponses, on a n est plutôt au stade du constat, de l'enregistrement des différents us et coutumes.

J'avoue n'avoir pas été complètement conquis par l'ouvrage. J'ai du mal avec l'ethnologie, surtout lorsqu'elle se veut très généraliste comme c'est là cas ici. Je lui préfère l'histoire, ou la sociologie, qui se penche sur une question à un endroit donné en un lieu donné. Avec cet ouvrage, j'ai eu une sensation de "qui trop embrasse, mal étreint."
noeud papillon
et poils (blanchissants) au menton
J'aime mieux les analyses en profondeur d'un sujet, qui s'intéressent plus aux causes qui expliquent, plutôt que ce qui me semble, ici, un simple constat. Mais ce livre à au moins le mérite d'exister. En outre, il se lit assez aisément, la prose est agréable, les sujets abordés sont toujours assez synthétisé, ça permet de passer de l’un à l’autre facilement, de s’interrompre, de reprendre. Et ça permet de prendre un peu de hauteur par rapport aux débats et aux oukases que certain(e)s prononcent en tentant de nous dire ce qu’il faut ou ne faut pas faire, les tenants du naturel à tous prix n’étant pas moins oppressant que les partisans de la transformation imposée.


Le Sens du poil, Christian Bromberger, CREAPHIS, 2016.

Commentaires

  1. Bonsoir Dau,

    Le fait que le livre existe est déjà intéressant. Je me connais et si je lis cet ouvrage (et pourquoi pas?) ma réaction est sûre et certaine, je vais cesser la coloration, je ne vais plus chez le coiffeur et je laisse les cheveux tranquilles pendant un bon bout de temps. ;))
    Une seule chose avant de terminer: Que vous êtes beau avec votre barbe et votre noeud papillon!
    A bientôt!
    Sara

    RépondreSupprimer
  2. Sara,

    Ah mais non, ce n'est pas certain du tout... Le livre ne prenant aucun parti, on ressort de sa lecture pas vraiment influencé. Ma réaction était plutôt face aux tentatives diverses de "normer" les poils de me dire que j'aimerais qu'on me laisse faire ce que je veux. (Laisser faire la nature étant une option séduisante parce que celle de la facilité, j'avoue!)

    à Bientôt, et merci ;-)

    Dominique

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire