intemporelle

« Plus instruit que sa femme de ce qu’avaient été leurs ancêtre, M. de Guermantes se trouvait posséderdes souvenirs qui donnaient à sa conversation un bel air d’ancienne demeure dépourvue de chefs-d’œuvre véritables, mais pleine de tableaux authentiques, médiocres et majestueux, dont l’ensemble à grand air. »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1921.

Parmi toutes les marques qui ont rejailli de nulle part en surfant sur le patrimoine et la tendance vintage, j’avoue un petit faible pour l’Institut Très Bien. Cette mode aurait dû me ravir, mais je la trouve parfois terriblement artificielle, prétexte à réécrire l’histoire en se parant de toutes les gloires, dont on n’avait jusque-là jamais entendu parler, et sortant parfois des choses sentant un peu trop l’air du temps le plus actuel sous l’infâme prétexte que la marque était très en avance pour son époque… au moins, l’Institut très bien ne se la joue pas glamour et reste sur un esprit tradition très séduisant : l’Institut, chic certes, de province et relance un produit traditionnel entre tous : la cologne! Voilà qui donne un air d’authenticité et un charme fou puisque cela joue sur de vrais souvenirs…

J’avoue que la première fois que j’ai senti cette cologne, il y a un peu plus de dix ans, j’ai été projeté dans le passé, celui du salon de coiffure en province de mon enfance ou le coiffeur proposait encore après le lavage des cheveux une friction à l’eau de cologne dont le gros flacon trônait à côté du miroir parmi les peignes et les ciseaux. Ce détail mis à part, la Cologne à la Russe est un vrai bonheur…

À la vérité, c’est une eau de parfum, même si elle respecte la formule cologne. Pierre Bourdon a réécrit la partition de la formule originale datée de 2006. Départ citronné, vif et joyeux sur cœur néroli verveine assez discret, tout en fraîcheur joyeuse et lumineuse, mais elle se différencie par son fond délicieux et très « riche » qui justifie à lui seul l’investissement qu’elle représente pour ce qui ne serait qu’une cologne…. De l’iris et du benjoin la réchauffent et la poudrent, la rendent à la fois confortable et chic dans un esprit vintage que sa fraîcheur intemporelle tient éloigné du ringard. L’équilibre entre la fraîcheur et poudre est parfait et reste totalement cologne en procurant la tenue d’un "vrai"parfum.

Cette cologne à la Russe, très classique, échappe à la démode que pourrait lui donner sa patine ancienne pour se faire intemporelle. Et puis, le plaisir dure longtemps et le sillage sait se faire remarquer: c’est probablement l’un des parfums qui m’a valu le plus de compliment lorsque je l’ai porté. Curieusement, personne ne relève l’aspect "cologne." Je sens juste bon et ça me va très bien comme ça. Un must-have pour les aficionados du genre.

Cologne à la Russe, Pierre Bourdon pour l’Institut très bien, 2004.


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