le livre du thé

"Ce que je reproche aux journaux, c’est de nous faire faire attention tous les jours à des choses insignifiantes tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie les livres où il y a des choses essentielles."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.

Le livre du thé d’Okakura Kakuzô fait partie de ces livres qui changent une vie, de ces livres que j’ai lus et gardés longtemps avec moi, de ces livres où  il y a des choses essentielles. Voilà plus de 20 ans qu’il me suit et m’accompagne.  Plus de 20 ans qu’il a changé ma façon de voir le monde. Le livre du thé ne parle pas que de thé. Ce serait trop simple, trop réducteur et pas très intéressant.

Publié en anglais par un auteur japonais, l’ouvrage se proposait, en 1906, de faire découvrir le Japon et sa culture aux lecteurs occidentaux. Comme point de départ, il choisit le thé, la cérémonie du thé et, par ce biais, nous fait découvrir toute l’âme du Japon en abordant des sujets varié comme l’architecture ou l’ikebana, pas en se perdant dans des détails techniques, plutôt en abordant la philosophie et l’esthétique qui se révèlent à travers ces manifestation d’un "esprit japonais." Il y a aussi un petit côté cours d’histoire, l’introduction du thé à une période d’ouverture suivie de fermeture de l’Archipel, permettant de mieux comprendre l’influence sur la mentalité de ces alternances de communication avec le monde extérieur et de repli.

Le livre du thé n’est pas un exposé didactique chiant, plutôt une balade poétique dans un parc, pleine de découverte. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que sa forme, finalement assez peu académique, permet de comprendre, de s’imprégner de ces notions étrangères de façon plus sensibles que théorique. Ce livre a vraiment changé ma façon de voir le monde, en m’ouvrant à d’autres valeurs, d’autres références. Il m’a forcé à remettre en question, à questionner ma propre culture, à relativiser mon sens de l’esthétique. (Surtout durant les passages consacrés à la beauté de l’imperfection, à l’esthétique du vide, de l’inachevé, à l’asymétrie…) Le livre du thé m’a ouvert l’esprit, rendu plus tolérant. Enfin, soyons honnête, je reste toujours incroyablement snob, j’essaye juste de comprendre d’autres snobismes. Pour lire ce livre, il faut être un minimum curieux, mais il a pour effet de rendre beaucoup plus curieux.

Forcément, je conseille ce livre, j’invite à le lire. Il a été édité plusieurs fois, mais j’ai une petite tendresse pour les éditions Philippe Picquier, petite mine de plaisir pour les amateurs de littératures asiatiques.  


Okakura Kakuzô, le livre du thé, édition Philippe Picquier.

Commentaires

  1. Bonjour Dau,
    J'ai reçu Le Livre du Thé il y a longtemps des mains de la femme de mon grand-père, une dame de l'aristocratie andalouse, incroyablement chic et un tout petit peu snob (plus tard elle m’a donné son exemplaire de Maria Chapdelaine). En ce qui concerne l’œuvre de Kakuzô, il s'agit d'une édition datant de 1931, en langue française, qu'il faut manier avec soin... J'avais tant aimé la lecture que je l'ai acheté pour mon petit frère il y a juste une semaine à l'occasion des fêtes de Noël!
    En tout cas vous m'avez donné l'envie de le relire. :)))
    A bientôt!
    Sara

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  2. Bonsoir Dau, Bonsoir Sara,
    Incroyable, moi qui suis une boulimique de livres et une grande admiratrice de la culture nippone je ne connais pas ! Je vais remédier à ce manque de ce pas !
    Moi aussi je suis une grande fan des éditons Picquier : j'ai pratiquement tous les Inoue (Yasushi), dont évidemment "Nuages Garance", tous les Yokomizo Seishi (il a écrit Le Koto, la Hache et le Chrysanthème, édité en France chez Tel Gallimard : c'est une vraie merveille de polar japonais)....
    Enfin, je ne vais pas vous décrire toute ma bibliothèque parce qu'on y est encore demain. Mais je n'avais pas Okakura Kakuzô. Un comble !
    Bien à vous
    Cécile

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  3. Sara, je ne dirai qu'une chose: les grands esprits se rencontrent. et puis aussi bonne relecture! (et le petit frère a bien de la chance. Je ne commente pas l'édition de 1931, ça se verrait que je suis mort de jalousie.)

    Cécile, pitoyable lacune, il faut y remédier bien vite! (En même temps, c'est toujours tellement bon de découvrir qu'il nous reste encore des choses à lire!) Picquier, c'est une merveille et nous avons bien de la chance de l'avoir! Il est vrai que depuis, on trouve des auteurs asiatiques un peu partout, mais Picquier a vraiment ouvert une voie. ça et le succès grandissant de Murakami (Haruki pas Ryu) Nous avons de la chance, nous nous ouvrons de plus en plus. quand je pense qu'avant, on ne trouvait traduit que des auteurs anglophones... Que j'adore aussi, là n'est pas la question, mais enfin, on écrit ailleurs aussi! et puis, on est des grands curieux, donc la description complète de la bibliothèque, je suis assez pour ;-)

    à bientôt

    Dau

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