"…comme s’ils descendaient à terre dans quelque port exotique où ils eussent momentanément stationné."
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1920.
Avec son Lilas, le gardénia d’Aerin Lauder est l’autre parfum de la collection qui me semble intéressant parce qu’il apporte quelque chose. L’idée n’est pas forcément neuve: placer les fleurs blanches dans un contexte nature, un vaste paysage. On pense par exemple à Lys Méditerranée de Frédéric Malle ou, dans une moindre mesure, à Matin d’orage d’Annick Goutal puisqu’il est aussi un gardénia. Pourtant, c’est surtout à Fidji que je pense. Comme Fidji, Gardenia Rattan est un souffle exotique, un bouquet porté, rafraîchi, par la brise.
L’ouverture est marine. Grand air, bord de falaise, océan. On sent dans la brise les fleurs blanches, jasmin et surtout tubéreuse, des accents de gardénia. Les fleurs sont encore vertes, en boutons, le bouquet n’est pas hyper opulent. C’est en ça que je pense à Fidji, le même exotisme, très civilisé, un peu voyage organisé, en belle robe à fleurs mais où le vent n’a pas la permission de décoiffer. C’est très joli, fin, raffiné. Rien d’inoubliable, mais énormément de charme.
Gardénia Rattan est le parfait parfum de vacances pour celles et ceux qui boudent les notes trop exotique ou tiaré et frangipanier dégoulinent. Si vous avez envie de voyager mais que vous trouvez que les Bronze Godes, Songes et autres Parfum Prodigieux sentent un peu la cagole, la fille facile déguisée en vahiné, il se pourrait que vous aimiez le parfum d’Aerin Lauder qui renouvelle joliment le genre, le modernise, tout en restant très dame, très Grace Kelly et ses gants blancs. Manque un peu de poésie, ce n’est pas le but: on est dans cet univers de garde-robe parfumée, de parfum chic, et cher. La poésie n’est pas son propos, on peut le regretter, mais c’est assumé, ni bluff, ni posture.
Gardenia Rattan, Aerin lauder, 2013.
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