snobisme assumé

"… ces passants dont elle faisait ressortir la vulgarité en promenant familièrement au milieu d’eux sa vie inaccessible… "

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1920.

L’autre jour, dans l’omnibus est venu s’assoire sur le siège voisin du mien un monsieur sensiblement plus âgé que moi dont l’allure était celle qui font qu’on ne l’aurait pas remarqué en entrant dans une salle d’attente grisâtre d’une quelconque administration, le confondant avec le décor. L’odeur qui s’en dégageait était en décalage complet, d’imposantes bouffées d’A-men de Mugler. Forcément imposantes. Envahissantes. J’avoue n’avoir jamais été conquis par la chose, même si je lui trouve une certaine inventivité.

mouchoir de monsieur, Guerlain
Mais il faut dire que j’étais en Mouchoir de Monsieur. Et, comment dire sans paraître prétentieux ? Je l’ai trouvé bien tapageur, bien brut de décoffrage, ce A-men, nimbé que j’étais dans les subtilités du Guerlain, ses délicatesse de construction, ses finesses. On peut dire, tout ce qu’on veut, prétendre que le beau est relatif, qu’il faut respecter le goût de chacun et ne pas établir d’échelle de valeurs… Si j’étais perdant en termes de sillages et de présence, j’avais cette conviction que le Beau était de mon côté. Élégance désuète et dépassée, mais pas démodée. L’autre, passé l’effet de mode n’est plus qu’un hurleur vulgaire, qui peut faire illusion sur la bonne personne, mais n’est pas, en soi, un beau parfum.

Snobisme assumé. Et tant pis si je passe pour une précieuse et pédante petite personne qui passe bien trop de temps enfermée dans sa tour d’ivoire. 

Commentaires

  1. Bonsoir Dau
    Comme je vous comprends ! J'ai changé de travail et de bureau au premier septembre. Je suis toujours en open space mais dans une plus grosse structure. Et les pétales de mon gardénia d'Un matin d'orage se fait outrageusement piétiner pour une pouffe en Angel. Le job est super intéressant, le cadre de travail 100 fois plus agréable, mais faut que je subisse Angel du matin au soir. Y a toujours un truc qui cloche !
    Bien à vous
    Cécile

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  2. Ahhhhh Angel, mais C'EST PLUS POSSIBLE en plus en 2015.
    Et difficile d'y échapper. Mais on peut aussi se dire qu'il vaut mieux ça dans un open space que dans un tout petit bureau qu'on se partage à deux, non?
    Dur la vie.
    à bientôt
    Dominique

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