on aurait aimé y croire

"...blanche et vague constellation où l’on n’eût distingué deux yeux plus brillant que les autres, un malicieux visage, des cheveux blonds, que pour les reperdre et les confondre bien vite au sein de la nébuleuse indistincte et lactée."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.

Le premier parfum d’Alaïa nous emmène dans une ronde indistincte qui nous fait passer d’une sensation à l’autre sans donner de repère précis.  Du poivre sur un effet mouillé, bien plus transparent et léger que la calone, je vous rassure ; quelques fleurs humides, du type pivoines roses pâles, et un lit de muscs plus transparent que véritablement blanc ou animaux, pour assurer le minimum de sensualité. C’est délicat. Et ce n’est définitivement ni mode, ni sucre. C’est un parfum à la fois enveloppant et frais, plutôt joli, qui tiendrait de l’Eau d’Issey mâtiné d'une pointe de Pleasure de Lauder et du Narciso Rodriguez for her.

C’est probablement voulu, conçu pour être abstrait en éclatant les sensation, en faisant voyager à l’intérieur d’un parfum enveloppant et confortable. Mais cette sensation de flou que le parfum me laisse, moins qu’une impression de ballade des sens d’un élément à l’autre, m’a surtout évoqué un appareil photo qui tente de faire la mise au point sans parvenir et continue de focusser indéfiniment allant toujours d’un flou à l’autre mais sans jamais réussir donner une image nette. C’est peut-être fait exprès, mais je reste sur ma faim, un peu agacé par des promesses qui ne semblent pas devoir se concrétiser. On aurait aimé y croire.

Alaïa, Marie Salamagne pour Azzedine Alaïa, 2015.

Commentaires

  1. Bah, le ressenti que j'ai exprimé à la démonstratrice lors d'un test sur mouillette a été "ça sent la pastèque".
    Sans avoir rien lu au sujet de ce parfum avant ce test, j'ai surtout eu l'attention polarisée par cette note aqueuse, effectivement sans iode, mais vaguement fruitée/florale (on ne sait pas trop), épicée mais à dose homéopathique, et un fond de muscs tout aussi ténu. D'accord, ce n'est pas une de ces overdoses de sucre qui doit commencer à lasser même les plus ferventes admiratrices de Charlotte aux fraises (je parle du dessin animé) ; mais le souci, c'est que ce parfum manque cruellement de présence et de personnalité.
    C'est d'autant plus décevant qu'en apercevant le stand depuis l'autre bout de l'allée du magasin, j'ai eu le temps de me construire tout un imaginaire autour de ce flacon noir et or, avec ses découpes qui m'avaient évoqué les moucharabieh marocains, bref de me "caler" inconsciemment dans un univers plutôt oriental. Du coup, la fadeur de la chose n'en fut que plus décevante ...

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    1. Je ne dirais pas forcément qu'il est fade, mais à force de partir dans tous les sens, il est un pêu brouillon et manque de personnalité. Qui trop embrasse mal étreint?

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  2. Bon j'espère qu'il sera bientôt distribué à l'Inno que je puisse sentir ce parfum qui enflamme la blogosphère parce que là ça devient méga frustrant :p

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