partenariat

"On les croit comme Françoise croyait les réclames des journaux."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1921.

Le mercredi, c'est un peu mon jour "sans parfum" sur le blog. (Sur le blog uniquement.) Encore que ce dont je choisis de parler peut avoir un vague rapport, comme aujourd'hui par exemple. Parce que, aujourd'hui, j'ai envie de parler blogs et partenariats. Forcément pour en dire du mal bien sûr. Mais pas du mal des blogueuses ou des blogueurs, plutôt des marques.

Personnellement, je ne pratique pas, je n'ai pas envie de solliciter les marques, je suis trop timide/feignant/prétentieux pour solliciter ne serait-ce que l'envoi d'un parfum que j'ai envie de tester sous la forme d'un échantillon. Donc, je vais tester en boutique, parfois je reçois des échantillons quand j'achète (souvent) et quand j'aime vraiment un truc, je l'achète. Moi-même, tout seul comme un grand avec les petits sous que j'ai gagnés à mon dynamic  office.

Je ne jette pas la pierre à ceux qui le font. Quand une marque me contacte, quand je suis invité à une présentation, je ne boude pas et j'accepte le flacon qu'on me tend. Résultat, il m'arrive d'écrire des articles énervés et pas positifs sur le blog. Et tant pis si la marque ne veut plus m'envoyer de trucs après. Par exemple, l'Eau de Magnolia de F Malle, je l'avais reçu à la présentation. En revanche la Cologne Bigarade, je l'avais acheté. Résultat: un BERK et un WOW. Ça aurait été pareil si j'avais reçu les deux. Mais je ne serais pas allé acheter le Magnolia, c'est clair aussi. J'ai été à peu près le seul à en dire du mal. Mais en coulisse, tous ceux avec qui j'en ai parlé m'ont dit berk également.

Maintenant, les blogs parfums, c'est pas le royaume du partenariat et on n'en retire pas de bénéfices, faut pas croire. Juste, on ne dit pas forcément du mal, surtout quand on est impliqué de près ou de loin dans le monde du parfum d'un point de vue professionnel, parce que ça peut avoir des répercussions et que le petit blogueur n'est rien face à une marque. En plus, très honnêtement, on n'aime pas forcément dire du mal. A part quand ça se cristallise sur l'un ou l'autre truc qui nous soulève vraiment le cœur, quand on a trop l'impression aussi d'être pris pour des idiots.

J'aime bien les blogueurs parfum en général. Même quand ils ont des goûts très différents des miens. (Ils ont tort, certes, mais ça ne les rend pas antipathiques pour autant.) Non, ceux qui m'agacent, ce sont les marques. Et leur communication à la con, leurs rapports privilégiés avec les youtubeuses et blogueuses généralistes de la beauté qui n'en ont rien à faire du Parfum.. C'est pratique, elles font de jolies photos et recopient ou récitent soigneusement le dossier de presse. C’est facile, zéro critique et ça fait vendre. Parce qu'elles sont influentes. D'autant plus que les marques les citent et les retwittent avec un jolie effet boule de neige qui profite aux deux. Mais pas à l'acheteur qui n'a pas un avis sincère. Ni à la marque qui est très vite oubliée au profit d'une autre. Je peux photographier des centaines de fois des flacons sur mon Instagram comme d'autres blogueurs parfum, mais c'est à la bécasse-beauté à succès qui mange à tous les râteliers qui fera une photo puis se débarrassera du cadeau qu'on propose des partenariats. Logique?

Je crois qu'on final, ça ne sert pas la belle parfumerie. Ça l'enferme dans le petit monde du commerce. En fait, je trouve ça triste. Parce qu'on perd en sincérité. En passion. Parce que la pub prend définitivement le pas sur tout le reste. Peu importe l’ivresse pourvu qu’on voit le flacon ?

En même temps, je m'en fiche un peu et je ne me sens pas hyper concerné: j'ai un tout petit blog et pas vraiment d'ambitions. Ça me convient comme ça. Je m'y sens libre et je dis ce que je veux. C'est juste que ça me saoule d'entendre des dindes raconter des conneries.

Commentaires

  1. Ha tu as vu la vidéo d'Enjoytruc toi non ? ;)
    Je pourrais écrire la même chose que toi... (et pourtant je je ne suis pas une blogueuse parfums à part entière, je suis mixte :p)

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    1. Non, pas vue... Et je suis pas certain d'avoir envie de rattraper, je sens que ça m’agacerait. ;-)

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  2. C'est le problème que j'ai depuis pas mal de temps avec les blogueurs de la parfumerie. Il n'y a aucune indépendance d'esprit critique, surtout ne jamais dire véritablement ce que l'on pense, et quand ils n'aiment pas du tout, plutôt ne pas en parler que de se faire des ennemis.
    Au final, il y a des blogueurs qui écrivent remarquablement bien, mais la critique est inexistante, ce n'est que de la connivence.

    Sad but true!

    Emma

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    1. Bonsoir, pas bloggeuse mais passionée du parfum, je suis d'ac et souvent je m'étonne que des parfums débiles aient des si bonnes opinions chez des bloggeurs de *niche*
      Anne-Marie

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    2. Je ne dirais pas que la critique est inexistante. Il y a de la connivence et on a parfois envie de faire plaisir, de soutenir un travail même pas abouti parce qu'on a de l'affection pour la personne. Quand les blogueurs n'aiment vraiment pas, je crois qu'ils passent sous silence plutôt. Mais le fait d'être un petit milieu (souvent parisien) fait qu'il y a de la connivence et du copinage et qu'on n'a pas nécessairement envie de casser les copains... Enfin, c'est l'impression que ça donne depuis mon exil bruxellois.

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  3. Ça me saoule aussi, c'est pour cela que je m'attarde plutôt par ici...

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  4. Tristement et horriblement juste... Je crois qu'un grand bol de "ça pue" totalement désintéressé et politiquement incorrect (à tendance trash tient pourquoi pas!) manque vraiment effectivement.
    Maintenant il est aussi parfois plus inspirant de parler des choses que l'on aime, on a plus à coeur de partager... Même si là je viens de sentir un truc atroce qui pourrait m'inspirer sur l'air du yeurk total foutrax !

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    1. Ben oui, il y a plein de choses très laides, on n'aurait pas assez d'une vie pour parler de toute, et c'est quand même plus sympa et agréable de voir le beau (parce que SI, il y a des choses belles) et de parler de ce qu'on aime. D'attirer l'attention dessus, sinon, on passerait à côté parfois!

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  5. Quand je vois les avis hyper mielleux comme ceux consacrés aux actuelles rééditions Patou Héritage, que personnellement j'estime être un désastre. Alors oui c'est vrai, on nous rappelle gentillement qu'à cause des réglementations actuelles, il s'agit de reformulations qui ont le mérite de réactualiser l'écriture de ces vieux parfums...bon ok.
    Je possède Amour Amour, Adieu Sagesse, Divine Folie, Chaldée et Normandie dans les versions Ma Collection de Jean Kerléo rééditées dans les années 80, je connais bien ces parfums, ce qu'on nous dit pas c'est qu'il y a photo. On retrouve absolument pas l'élégance, le raffinement et la richesse des matières premières, ni le sillage et la rémanence d'enfer, ce ne sont que des notes de tête nettement plus fraîches, le fond est anorexique, inexistant, aucune projection.

    Emma

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    1. Alors, pour Patou, je suis partagé. J'ai envie de soutenir une maison qui a été belle et qui est aujourd'hui moribonde. On m'annoncerait que la clef est sous la porte que je ne serais pas surpris et déçu aussi. Par certain jus, même si je connais mal ou pas certaines versions d'origine. Par la qualité de Joy et du 1000 surtout qui sont vraiment à revoir parce que c'est pas possible dans les versions actuelles. Et puis par la vaste arnaque qu'est cette collection au point de vue du prix... Pour faire luxe? Mais même en modernisant, ça n'attirera pas le consommateur bling bling: plus personne ne sait qui était Patou, les flacons sont basiques et, même modernisé, ça sent l'ancien... Résultat, autant chasser le vintage qui est meilleur et coûte encore moins cher même si les prix grimpe. Vraiment, il y a qqchose qui ne va pas dans cette démarche...

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  6. J'ai également du mal à croire au succès de cette collection rééditée, dans ces conditions et à ce prix. J'ai pu tester ces parfums à Paris, mais à New-York, on ne trouve que Chaldée et Eau de Patou, ce qui me fait dire ça se vend pas. Quoi détonnant, déjà il faut débourser 250 dollars, plus taxes locales, on arrive à environ 270 dollars, le packaging est, j'en ai parlé pas mal de fois, moche, triste, austère, qui se voulait unisexe mais qui fait très masculin, un sillage qui disparaît au bout d'une heure max, et encore en se collant le nez sur la zone de peau parfumée.
    À ce prix, il y a un marché de parfums exclusifs, Serge Lutens, Frédéric Malle, les exclusifs Chanel et Guerlain, mais ce sont des marques qui ont un ancrage aujourd'hui, c'est pas le cas chez Patou. On trouvait encore les parfums Ma Collection de Jean Patou au début des années 90, à Bloomingdales et Takashimaya à New-York, et puis du jour au lendemain plus rien, ensuite dans les années 2000, Saks Fifth Avenue et Bloomingdales ont cessé de distribuer les parfums Jean Patou, on ne trouvait plus que Joy et 1000 a Bergdorf Goodman et Lord & Taylor.
    Peu à peu, la marque vivotait, avec ses deux malheureux corners à Manhattan. Pendant ce temps là, la clientèle haute parfumerie s'est tournée vers Serge Lutens, Malle etc. On peut dresser le même bilan pour la maison Caron.
    Des points de vente divisés par dix, des reformulations désastreuses, un retour autour de nouveaux lancements qui n'intéresse personne, des prix exorbitants... Bref, des stratégies à côté de la plaque. Par extension, c'est vrai aussi pour l'ensemble de l'industrie du parfum, j'en discutait avec Bois de Jasmin, les ventes de parfums aux États-Unis l'année dernière ont chutées de 7%, c'est ahurissant, mais pas si étonnant, plus personne se parfume, quand votre déodorant sent aussi bon que vôtre parfum, à quoi bon!

    Emma

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    1. Effectivement, ce qui sauve les marque de "parfumerie" c'est le soin et le maquillage bien plus que le parfum... Fini le temps ou on se parfumait Dior et se maquillait Monoprix, aujourd'hui, on fait presque le contraire. Il est vrai qu'il est plus difficile de tromper la cliente à propos de la qualité du maquillage...

      Caron, ces 20 dernières années, c'est la catastrophe! Et leur communication est calamiteuse. Ils pourraient au moins miser sur leur classiques maquillage, puisque leur poudre avait une magnifique réputation et que le maquillage se vend, mais non, ils lancent des nouveautés sans intérêt et reformulent mal. C'est un peu à pleurer. Et comme Patou, plus personne dans la jeune génération (enfin, pas si jeune, les moins de 50 ans, on va dire) ne les connait. C'est vrai que tout est tellement parfumé que se parfumé perd en sens. Je passe mon temps à rechercher des produits sans odeur pour éviter de polluer mon sillage, mais je pourrais tout-à-fait sentir aussi bon et aussi fort sans parfum qu'avec si je voulais. Triste, parce que le parfum, c'est un peu plus que juste "sentir bon," hélas!

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    2. "Triste, parce que le parfum, c'est un peu plus que juste "sentir bon," hélas!" Comme vous avez raison! Nous sommes de plus en plus confrontés à une forme sournoise de pollution olfactive. À moins d'être un tant soit peu informé ou y être particulièrement sensible, on se rend de moins en moins compte du caractère invasif des produits parfumés et tout entre dans un relativisme ambiant où un parfum de qualité est mis sur le même plan qu'un produit déodorant. En partant en effet du principe que sentir bon suffit, et dieu sait que la perception de ce qui est une odeur agréable ou pas est fort subjective, aucune recherche allant au-delà ne sera vue comme nécessaire ou même intéressante. On entre dans un univers d'interchangeables dont seule la mode détermine la survie à plus ou moins court terme. Au final c'est assez désolant et pas seulement pour les amateurs du beau, mais pour ceux et celles qui ne se rendent pas compte de la pauvreté de leur environnement olfactif mais on pourrait ajouter culturel, intellectuel, etc.

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    3. Le drame de cette invasion, outre qu'elle nivelle par le bas, c'est qu'on en serait dégoûté d'absolument toutes les odeurs. Surtout avec la surenchère que certains font en termes de sillages... Finalement, on est dans une époque ou le parfum est bel et bien pour tous, un produit de consommation courant, mais il a perdu sa magie. On en serait presque à regrette le temps ou Madame portait un beau parfum tandis que sa femme de chambre devait se contenter d'eau et de savon. Epoque dure pour les femme de chambre, mais plus favorable au beau parfum...
      (Je caricature, un peu, mais je sais que vous saisissez l'idée!)

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