« Elle s’achetât un plan de Paris, et, du bout de son doigt, sur la carte, elle faisait des courses dans la capitale. »
Flaubert, Madame Bovary, 1857.
Pour moi, le Paris d’Yves Saint Laurent est indissociable du roman de Flaubert. Peut-être parce que je les ai découvert à la même époque. Peut-être parce que le parfum est celui d’un Paris imaginé, rêvé, sans lien avec la réalité, pur fruit d’une imagination pareille à celle de Madame Bovary, nourrie d’une littérature romantique mal comprise.
Paris fut l’un des parfums phares des années ’80, un parfum un peu oublié, qui conserve quelque fidèle, mais qu’on ne place pas systématiquement au panthéon des grands classiques. Je l’aime beaucoup et ce grand attachement ne tient pas seulement au fait d’avoir accompagné ma jeunesse. Chaque fois que je le sens, il me surprend par sa fraîcheur élégante, son aspect mousseline, à la fois présent, volumineux et pourtant léger.
Pour celles qui le portent, pour beaucoup, Paris est un grand bouquet de roses. Pourtant, il n’est pas si rose que ça et pas très réaliste. Paris est un bouquet de roses très stylisé, loin de tout réalisme. J’ai presqu’envie de dire qu’il n’existe pas de rose qui sente aussi bon ! De la rose, fraîche, lancée par quelques notes vertes et des aldéhydes, la violette très présente, et une base poudrée-crémeuse, très cosmétique : Paris sent un peu le lipstick et pourrait poser à l’ancêtre des parfums de niche qui revendiquent cet aspect. Simplement, Sophia Grojsman a eu la bonne idée de le maintenir à l’arrière-plan, là où il séduit en évitant de tomber dans le cliché de la cocotte fardée. Paris est très peu naturel, mais semble naturel.
Paris, eau de toilette et lait pour le corps Le parfum se prête particulièrement bien à la déclinaison. |
C’est un parfum que je trouve plus joli en eau de toilette, quand sa présence n’est pas étouffante. Les notes sont alors "aérées" et il n’est pas trop imposant, juste ravissant. Je ne pense pas qu’il vise le Beau, il se contente d’avoir du charme, de plaire. Je pourrais dire de séduire, mais il y a quelque chose de maternel dans Paris et d’un peu trop léger pour qu’on le range dans la catégorie des "séducteurs," il est plutôt "séduisant." Un peu extravagant, comme Madame Bovary, ses emportements lyriques peuvent faire peur, mais il mérite d’être redécouvert, surtout au printemps, la saison à laquelle je l’aime tout particulièrement, celle où il fait le plus rêver à des ballades imaginaires dans un Paris de carte postale.
Paris, Sophia Grojsman pour Yves Saint Laurent, 1983.
Bonjour Dau,
RépondreSupprimerJe n'ai jamais aimé ce parfum et il est l'une des raisons pour laquelle j'ai été longtemps réfractaire à la rose : trop artificiel, trop cosmétique. Au moment de sa sortie, je vivais à Montpellier, ville excessivement bourgeoise. Les Desesperate housewives du cru se sont précipitées dessus à sa sortie parce que c'était le parfum à avoir à ce moment là pour montrer que l'on maîtrisait un tant soit peu les codes du chic parisien (mais c'était moins pire qu'avec Angel quelques années plus tard, tout de même...). A la fac de droit, c'était insupportable : Montpellier confirmait l'affreux cliché selon lequel 98% des filles en première année et en deuxième année de droit étaient là pour se trouver un mari (généralement, elles ne passaient pas l'écrémage de la troisième année) et utilisaient Paris pour prendre les pauvres gogos dans leurs rets. Bref, j'avais ce parfum en horreur.
Mais je suis d'accord avec vous, les publicités, surtout les publicités télévisuelles, au moment de sa sortie, étaient magnifiques. Je me souviens de la toute première, avec une musique très romantique, autour d'un couple sur la place de la Concorde, près de la fameuse fontaine. Les publicités de parfums avaient quand même une autre allure à cette époque !
Bien à vous
Oui, je sais, plein de gens me dise ça à propos de Paris: qu'il a été trop porté, trop senti, sur des pétasses pas possibles, etc... J'ai du passé à côté de ça. Ou être une sacrée pétasse. (Ne rien rayer, pas de mention inutile.) Moi, c'est la première rose que j'ai aimé, justement parce qu'il ne sentait pas cette fleur que je n'aimais pas. Et oui, les pubs: total love! Je me souviens de celle ou Lucie de la Falaise (nièce de Loulou) portait un bouquet de roses. En fond, on voyait la tour Eiffel, floue, c'était très joli. Et il y avait celle ou Cristina Cordula (oui! oui! oui!) en trench s'abritait de la pluie blottie contre son amoureux et tenant un flacon de Paris...
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