Loulou

"Nous disons plutôt originalité, charme, délicatesse, force; et puis un jour nous nous rendons compte que c’est justement tout cela le talent."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.

Les mots muse et égérie sont bien souvent galvaudés de nos jours, désignant, dans la bouche des incultes, la première greluche venue qui pose pour un cliché publicitaire. On oublie trop facilement les rôles d’inspiratrice et de conseillère. Louise de la Falaise était une muse, une vraie. Sans elle, la mode de Saint Laurent n’eut été la même d’autant qu’elle travaillait dur, apportait sa propre créativité, ne se contentant pas d’être inspirante, se révélant styliste inspirée. C’était une femme, plus que simplement belle, qui avait un une originalité, une présence, une manière d’être, un talent. Une femme charmante et créative. L’incarnation du chic.

Loulou de la Falaise, je la voyais à la télévision, dans les magazines. Elle me fascinait. Toujours souriante, aimable, dans un monde où il est si bien vu d’être un chameau, et toujours séduisante parce que différente. Rien sur Loulou n’avait l’air d’autre chose que d’être du pur Loulou, inimitable, luxueux et toujours « cool » tant son chic, plus que canaille, savait être nonchalant, insouciant, inconscient. Rien ne semblait jamais fait exprès, les couleurs se répondaient, les bijoux s’entremêlaient, en une harmonie qui semblait improbable, incertaine. Mais toujours, l’ensemble fonctionnait.

Un livre lui rend hommage. Une collection de photos, une courte biographie et quelques témoignages. C’est une magnifique source d’inspiration, une façon de revisiter les dernières décennies du XXème siècle et de redécouvrir l’élégance. Une source d’inspirations à avoir à portée de main. En plus d’être émouvant et de vous faire tomber amoureux de Loulou.

Loulou de la Falaise, Ariel de Ravenel et Natasha Fraser-Cavassoni, Editions Rizzoli, 2014.

Commentaires

  1. Bonsoir Dau,
    A 18 ans, je rentrai en France pour poursuivre mes études après avoir suivi mes parents qui continuaient à écumer l'Afrique. Je découvris une chose merveilleuse dont j'avais été privée et dont je n'avais pu approcher qu'à de rares occasions, la presse féminine. J'étais en retard de plusieurs décennies sur ce qui était tendance ou pas, je ne savais absolument pas qui était Loulou de la Falaise. Mais je me souviens d'une photo d'elle dans un Marie-Claire : ne me demandez pas quel était le sujet de l'article, je ne me rappelle absolument pas. Mais je me souviens parfaitement bien de la photo : Loulou était assise en tailleur dans la position du lotus, en tailleur pantalon Saint-Laurent, avec un petit air canaille en face de l'objectif, vous défiant de faire pareil. Déjà, tenir la position du lotus vêtu pour la circonstance, c'est-à-dire en juste-au-corps ou en jogging, il faut quand même quelques années de pratique. Mais imaginez la position lotus en pantalon-tailleur Saint-Laurent, en gardant une allure classe et décontractée, même si Saint-Laurent avait la volonté de faire des vêtements fonctionnels pour femmes actives ! Je fus carrément impressionnée : c'était mon premier contact avec Loulou de la Falaise...

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