luxe olfactif: le cuir...

à la recherche du temps perdu, Marcel Proust

« C’est ainsi encore que son chapeau, que, selon une habitude qui tendait à disparaître, il posa par terre à côté de lui, était doublé de cuir vert, ce qui ne se faisait pas d’habitude, mais parce que c’était (à ce qu’il disait) beaucoup moins salissant, en réalité parce que c’était fort seyant. »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1921.

J’aime le cuir, l’odeur du cuir, et dans le même temps, je ne l’aime guère… Bien sûr, je porte assez régulièrement l’Eau Scandaleuse d’AnatoleLebreton, mais c’est plus par amour de la tubéreuse que du cuir. Bien sûr, j’aime à avoir chez moi le sac de ma mère d’Annick Goutal, mais la bougie m’est surtout un substitut commode pour jouir sans porter. En fait, j’aime l’odeur du cuir. Pas vraiment son parfum. Et le cuir que je préfère, ce qui fait que je vais régulièrement respirer des parfums cuirés en me demandant si... , c’est l’odeur des volumes de la Pléiade.

Jane Austen, oeuvre romanesque complète.
Ouvrir un livre neuf, le délivrer de sa protection plastifiée est un vrai bonheur. L’odeur du cuir se joint alors au plaisir de la lecture et m’enivre. Bien plus ainsi que sous n’importe quelle autre forme. Y compris celle qui consiste à sortir de la boîte un nouveau sac ou une nouvelle paire de chaussures, je dois être plus lecteur que coquet. Je ne suis pourtant pas fétichiste de l’objet livre, pour moi, c’est le texte qui compte, mais j’avoue que ce petit luxe olfactif mais pas que, au milieu des éditions de poche, me ravi.


Et vous, quelles odeurs sont vos petits luxes ? Vos petits plus ajoutés ?

Commentaires

  1. Bonsoir Dau,
    Pour moi le petit luxe est l'odeur des vieux livres achetés à 1'50 euros (ou à 2'50 euros) que je lis dans le métro et que je conserve dans ma bibliothèque. Des polars qui n'intéressent personne à part moi, des livres curieux qui sentent un peu le moisi, l'humidité. Et d'autre part l'odeur des savons, délivrés aux aussi de leur protection plastifiée que des fois je n'utilise pas mais que je conserve tout juste pour les humer...
    Très cordialement,
    Sara

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  2. Bonjour Dau, Bonjour Sara,
    Je pense que les "vrais" lecteurs" sont de grands sensuels. D'abord parce qu'ils n'envisagent pas la lecture sans tenir l'objet dans leurs mains. Et que le toucher des pages, l'odeur du livre est aussi importante que le contenu. J'avoue avoir connu de véritables moments de bonheur dans des bouquineries rue Saint-André des Arts ou dans le quartier de l'Odéon à Paris : vous rentrez dans des sanctuaires avec des murs tapissés de bas en haut de livres, quelques fois sur trois rangées l'une derrière l'autre. Une odeur de poussière,de moisi comme dit Sara, d'encre et de cuir vous saisi à la gorge. Commence alors la quête du Graal, où il vous falloir déplacer les livres, chercher, éternuer même... Le temps ne compte plus ! J'ai trouvé des petits bijoux pour 10 euros, relié en cuir. L'extase, c'est lorsque le livre est encore vierge et qu'il faut vous munir d'un coupe-papier pour déflorer et séparer les pages : vous êtes le premier lecteur à manipuler et à poser les yeux sur un ouvrage qui est plus vieux que vous....
    Quant à l'odeur du cuir, elle est pour moi proprement aphrodisiaque. J'ai en guise de sac à main une besace pour homme qui a longtemps gardé l'odeur du cuir, et quand je farfouillais dans l'une de ses nombreuses poches, c'était un pur moment de délice. Je ne me lasse pas de l'odeur d'une paire de chaussure et de nouveaux gants : voilà pourquoi, comme vous, j'aime autant l'Eau scandaleuse, mais aussi Cuir mauresque de Serge Lutens ou Cuir velours de Naomie Goodsir.

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  3. Ah, je ne sais pas si tous les lecteurs sont de grands sensuels... Je peux me passer du livre papier et lire une édition électronique sans souci. Mais ça ne m'empêche pas d'aimer l'objet livre également, l'odeur du papier et de l'encre... (Aspect madeleine: je suis fils d'imprimeur!)

    Ah oui, les sacs, c'est quelque chose, mais comme je transporte souvent du parfum, les miens sentents bon le cuir plus... Dernièrement une fuite d'Essences Insensées (mimosa par Diptyque) a parfumé un sac et mon porte-feuille et j'avoue que j'adore le mélange des deux.

    Sara, pour ce qui est des savons, les rangez-vous aussi dans des tiroirs avec des vêtements pour que ceux-ci sentent bon? si c'est le cas, nous faisons pareil. (Et comme ma grand-mère.)

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  4. Les savons je les laisse moi-aussi dans les tiroirs et un peu partout dans l'armoire pour que les vêtements sentent bon. Vous avez bien raison, ma grande-mère en faisait de même!

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