horreur

J“Cette passion mystérieuse, je l’éprouvais encore mais, par une interversion, des signes dans le domaine de l’horreur.”

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1923.

Nuit Étoilée, Annick Goutal, dvd American Horror Story

L’autre jour, j’avais choisi de porter un parfum un peu hors saison : Nuit Étoilée, en eau de toilette, le temps d’une soirée parce que je l’aime sans pour autant le prendre pour un chef d’œuvre, mais parce que j’éprouve énormément de plaisir à le porter, à ce passage du jardin aromatique à l’ombre fraîche de la forêt qui m’évoque une belle journée d’été chez d’imaginaires cousins habitant à la campagne. C’est agréable, poétique, bucolique, charmant… Bref, tout ce que Goutal sait faire à merveille. Et puis j’ai regardé American Horror Story (Coven), une série d’horreur, plus ou moins bien faite, mais là n’est pas le propos. 

J’ai trouvé que Nuit Étoilée allait particulièrement bien dans ce concept, dans cette ambiance d’angoisse et de peur, d’horreur, ces histoires de sorcières… La menthe glaçait l’atmosphère, et la sensation d’être perdu dans l’ombre nocturne de la forêt était totalement angoissante. Pensez à Blanche-Neige, abandonnée par le chasseur, fuyant dans la nuit et le froid, c’était finalement assez bien ce genre d’ambiance.

Ça m’a amusé de voir à quel point ma perception d’un même parfum pouvait dépendre d’un contexte, d’une ambiance précise. Des références construites, mais aussi de l’instant même. Spontanément, pour une histoire qui fait peur, certains auraient plutôt choisi l’encens qu’ils associent aux messes d’enterrement par exemple. Moi, je ne me suis jamais posé la question. Et aucune marque probablement non plus, un parfum d’angoisse ou de peur, ce ne serait pas très vendeur probablement. Mais dans le fond, tout cela est si profondément personnel, le fruit d’une certaine culture et aussi d’un vécu propre à chaque individu. Il y a quelques standards sur lesquels miser, comme le côté réconfortant de la vanille et du chocolat : c’est toujours facile de miser sur l’alimentaire, mais dans l’ensemble, rien n’est sûr et une même senteur peut assez facilement basculer d’une catégorie à l’autre. Dieu merci, les choses ne sont pas aussi monolithiques et fixes que voudraient nous le faire croire les agences de presse qui voudraient formater notre imaginaire.

Pour la première fois, hasard des sorties DVD, j’ai été en phase pour un billet avec une fête, Halloween, que j’ignore allègrement et qui ne m’intéresse pas le moins du monde. Mais du coup, je me demande ce que vous porteriez pour évoquer l’angoisse et jeter un mauvais sort…